« empirer », définition dans le dictionnaire Littré

empirer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

empirer

(an-pi-ré)
  • 1 V. a. Rendre pire. Les remèdes n'ont fait qu'empirer son mal. Si de mes jours l'importune durée Ne m'eût en vieillissant la cervelle empirée, Malherbe, I, 4. Pour vouloir fuir le mal, quelquefois on l'empire, Th. Corneille, Comt. d'orgueil, I, 2.

    Familièrement. Empirer son marché, rendre sa condition plus mauvaise.

    Empirer quelqu'un, rendre sa santé plus mauvaise. Ils m'ont fort assuré que la vendange de cette année m'aurait empirée [on lui avait ordonné de tremper ses mains dans la vendange pour une enflure], Sévigné, 316.

  • 2 V. n. Devenir pire. Poussée à bout, son mal pourrait empirer, Bossuet, Lett. Corn. 78. Les choses empirèrent par sa mort, Bossuet, Var. VII, § 75. Leur état et leurs affaires empirent, Bossuet, Hist. II, 7.

    Terme de commerce. Se gâter, se corrompre, en parlant des marchandises.

    Il se dit aussi des personnes dont l'état devient plus mauvais. Enfin on sortit de table pour le soulagement de tout le monde, excepté de moi qui empirais à vue d'œil, Scarron, Rom. com. I, 13.

  • 3S'empirer, v. réfl. Devenir pire. Leur état allait s'empirant, Bossuet, Hist. II, 1. Tout a réussi contre nos pensées, et telle est sa dépravation [de l'âme d'un mourant] qu'elle s'est empirée parmi nos remèdes, Bossuet, Impénit. 3.

    PROVERBE

    Un qui amende vaut mieux que deux qui empirent.

HISTORIQUE

XIe s. Si'st ampairez [le siècle], tut bien vait remanant [manquant], St Alexis, II.

XIIe s. Mult estes vers le rei enpeirez et medlez, Th. le mart. 36. Respont Rolant : ne sui point empiré [blessé], Ronc. p. 92. Il n'y avoit [épée] …Qui l'enpirast [le haubert], vaillissant un bouton, ib. p. 189. [L'épée] Onques ne put en bataille enpirer [devenir pire], ib. Qui les barons empiriés [corrompus] Sert sans aeur [bonne fortune], jà tant n'aura servi Que leur en prenne pitiés…, Quesnes, Romancero, p. 98.

XIIIe s. Fille, font il andoi [tous les deux], ceste amors vous empire, Audefroi le Bastard, Romancero, p. 16. Là fu sa nés [son navire] empirie, et par estevoir [de nécessité] li convint sejourner au païs, Villehardouin, CXXXIII. Fisicien [les médecins] me dient que la clarté m'enpire [me rend plus malade], Berte, LXXXVIII. Ainz que vous eüssiez m'amur, Futes-vus de mult grant valur ; N'est mie dreiz à chevaler Ke pur amur deive enpeirer, Lai del desiré. Au revenir [je] plains et soupire, Car ma dolor croist et empire, Si que je n'ai mais esperance De garison ne d'eslejance, la Rose, 1842. Car biauté est de tel matire, Que el plus vit, et plus empire, ib. 8362. Que li oirs ne truist [trouve] pas ses edifices empiriés, quant il vient à son aage, Beaumanoir, XV, 11.

XIVe s. Mais aucune foiz par negligence ou pour ce que l'en n'eut cure, sont aucuns ars empirez et oubliez en tout ou en partie par procès de temps, Oresme, Eth. X, 16. Quant l'encre passe trois sepmaines, elle empire, Ménagier, II, 5.

XVe s. Cela l'amendera ou empirera, car les mauvais empirent de beaucoup sçavoir, et les autres en amendent ; mais touteffois il est à croyre que le sçavoir amende plus tost ung homme que l'empirer, Commines, V, 18. Durant ce temps se empiroient les besongnes dudit roy de Portugal, Commines, V, 7.

XVIe s. C'est bien empirer mon marché, Montaigne, I, 33. Les pedantes [forme italienne, pedante] empirent ce qu'on leur commet, et se font payer de l'avoir empiré, Montaigne, I, 146. Ma memoire s'empire cruellement touts les jours, Montaigne, IV, 88.

ÉTYMOLOGIE

En 1, et pire.