« encens », définition dans le dictionnaire Littré

encens

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

encens

(an-san ; l's se lie : un an-san-z agréable) s. m.
  • 1Nom vulgaire de la résine appelée, en matière médicale, oliban. L'encens croit dans l'Arabie et dans l'Inde. Les lieux où croît l'encens, où murmure l'abeille, Ducis, Abufar, I, 5.
  • 2Composition que l'on brûle comme parfum, particulièrement dans les cérémonies religieuses, mélange d'oliban et de gommes-résines communes. Que je vous dois d'encens, grands dieux qui m'exaucez ! Corneille, Hor. III, 2. … Mais depuis qu'en ces lieux Sa voix rend aux mortels les réponses des dieux, Et qu'il envoie au ciel les encens de nos temples, Rotrou, Antig. v, 6. Grands dieux… Je vous promets pourvu qu'il [un sanglier] ne m'attrape pas, Quatre livres d'encens…, Molière, Prince d'Él. I, 2. Il n'a pas daigné brûler de l'encens sur mes autels, Fénelon, Tél. VIII. Puissent jusques au ciel vos soupirs innocents Monter comme l'odeur d'un agréable encens ! Racine, Esth. I, 2. Qu'il est doux de voir sa pensée, Avant de chercher ses accents, En mètres divins cadencée, Monter soudain comme l'encens ! Lamartine, Harm. I, 1.

    Donner de l'encens, brûler de l'encens devant quelqu'un ou devant quelque chose, pour accomplir une cérémonie religieuse. Choisis de leur donner ton sang ou de l'encens [aux dieux du paganisme], Corneille, Poly. v, 2.

  • 3 Fig. Hommage, louange, flatterie. Mais vous avez cent fois notre encens refusé, La Fontaine, Fabl. X, 1. Les flatteurs, par exemple, cherchent à profiter de l'amour que les hommes ont pour les louanges, en leur donnant tout le vain encens qu'ils souhaitent, Molière, l'Am. méd. III, 1. Et dont, à tout propos, les molles complaisances Donneraient de l'encens à mes extravagances, Molière, Mis. II, 5. Il allait porter son encens avec peine sur les autels de la fortune, Fléchier, M. de Mont. L'on jette sans y penser quelques grains de l'encens qu'on doit à Dieu sur le monde, Fléchier, Mar. Th. Vendre au plus offrant son encens et ses vers, Boileau, Sat. I. Qui d'un indigne encens profanent tes autels, Boileau, Disc. au roi. Je ne puis, en esclave à la suite des grands, à des dieux sans vertus prodiguer mon encens, Boileau, ib. Les femmes adorées Reçoivent cet encens que l'on doit à vos yeux, Voltaire, Zaïre, I, 1. Alamon, c'est le nom de ce prince imbécile, Avalait cet encens, Voltaire, Éd. d'un prince. Je viens à vos genoux en soupirs caressants D'un vers adulateur vous prodiguer l'encens, Chénier, Élég. 38. Brûlons-nous pour une coquette Un encens d'abord accueilli ? Béranger, Vieillesse.

    Un grain d'encens, un peu de flatterie.

    Au plur. Ce que tu vaux est en toi-même ; Tu fais ton prix par tes vertus ; Tous les encens d'autrui sont encens superflus, Corneille, Imit. II, 6. Et ces hautes vertus que de vous il hérite Vous donnent votre part aux encens qu'il mérite, Corneille, Vict. du roi. Aux encens qu'elle donne à son héros d'esprit, Molière, F. sav. I, 1. Pour moi je ne vois rien de plus sot à mon sens Qu'un auteur qui partout va gueuser des encens, Molière, ib. III, 5. Cet empire que tient la raison sur les sens Ne fait pas renoncer aux douceurs des encens, Molière, ib. I, 1. Ce soin que vous vouliez bien prendre de faire valoir nos bonnes intentions et nos services, de porter nos vœux et nos encens aux pieds du trône…, Fléchier, Compl. à M. de Châteauneuf.

  • 4 Terme de botanique. Nom vulgaire du romarin officinal (famille des labiées), dit encore encensier.

    PROVERBE

    Selon les gens, l'encens.

REMARQUE

Sur ces vers de Corneille : Mais quoique vos encens le traitent d'immortel, Cette grande victime est trop pour ton autel, Mort de P. I, 1. Voltaire a prétendu qu'on ne pouvait pas dire encens au pluriel. La raison est qu'on ne compte pas l'encens, qu'on ne dit ni un ni deux encens, à moins qu'on ne veuille désigner des espèces différentes. Dans le sens général, ce mot n'a donc point de pluriel. Cependant il est certain aussi qu'au XVIIe siècle on ne faisait pas cette distinction, et qu'encens se disait très bien au pluriel pour louanges, flatteries. Aujourd'hui la distinction est établie, et on ne dit plus : brûler, offrir des encens, mais de l'encens.

HISTORIQUE

XIIe s. Encontre lei [contre la loi] encens [il] volt offrir al altel, Rois, p. 391. Plus soef olent [sentent] que encens ne piment, Ronc. p. 102. Del saint encens porter el temple s'enhardi ; Deus s'en ert [était] cureciez, de liepre le feri [frappa], Th. le mart. 74.

XVIe s. L'encens est un arbre qui croist en Arabie. - On sophistique l'encens avec resine de pin, Paré, XXVI, 15. Herbe d'absinthe ou encens puant, Fouilloux, Fauconn. f° 28, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. encens, ensens, ences, eces, esses ; catal. encens ; espagn. incienso ; portug. et ital. incenso ; du latin incensum, brûlé, de incendere, brûler (voy. INCENDIE).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ENCENS. Ajoutez :
5 Arbre d'encens, plusieurs arbres produisant des résines, tels que les amyris, les bursera, les icica, etc. Baillon, Dict. de bot. p. 247.