« entraîner », définition dans le dictionnaire Littré

entraîner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

entraîner [1]

(an-trê-né) v. a.
  • 1Traîner avec soi, après soi. Le torrent entraînait des arbres. Vous laisserez-vous entraîner à l'autel sans vous plaindre ? Lesage, Diable boit. ch. 5. Que tout chargé de fers à mes yeux on l'entraîne, Voltaire, Zaïre, v, 8. Elle l'entraîne dans la chambre voisine, Genlis, Veillées du chât. t. I, p. 197, dans POUGENS. Par mon ordre arrêté devant vous on l'entraîne, Delavigne, Vêpres sicil. III, 3.

    Fig. L'âme est donc toute esclave ; une loi souveraine Vers le bien ou le mal incessamment l'entraîne, Corneille, Œd. III, 1. Peu s'en fallut qu'elle n'entraînât Juda dans sa ruine, Bossuet, Hist. I, 6. Et sans cesse veiller à retenir mes pas Que vers vous à toute heure entraînent vos appas, Racine, Bérén. IV, 5. Mais les rois en tombant entraînent leurs flatteurs, Racine, Théb. v, 3. Si le destin entraîne celui qui résiste, il ne fait que guider celui qui veut, Condillac, Hist. anc. III, 22.

  • 2Agir sur les sentiments. Cet orateur entraîne tous les esprits. Il a entraîné tout le monde dans son sentiment. Le mauvais exemple nous entraîne. Madame sait appuyer le sien [avis] par des raisons si convaincantes, qu'elle m'a entraînée de son côté, Molière, Critique, sc. 6. Comme ils ne gagnaient rien avec leurs doctes ouvrages, et que l'éloquence d'Osiandre entraînait le monde, Bossuet, Var. VIII, § 35. Et l'on craint, s'il paraît dans ce nouvel orage, Qu'il n'entraîne après lui tout un peuple volage, Racine, Phèdre, I, 4. Je me livre en aveugle au transport qui m'entraîne, Racine, Andr. I, 1. L'amour le retient quand la crainte l'entraîne, Racine, Alex. I, 3. Dans ces occasions, c'est le public qui entraîne ses maîtres, et les force à se joindre à lui, Fontenelle, Boerhaave. Ces paroles douces et flatteuses qui se glissent comme un serpent sous les fleurs, loin de déplaire aux princes, les charment et les entraînent, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. III, p. 173, dans POUGENS. Je cède à la pitié dont je suis déchirée ; Je n'y puis résister, elle entraîne mes sens, Voltaire, Fanat. IV, 1. Il fallut dérober cette tendre victime Au fatal ascendant qui l'entraînait au crime, Voltaire, Œdipe, IV, 1. Elle ne jugeait pas, elle se laissait entraîner, Genlis, Veillées du chât. t. III, p. 125, dans POUGENS. Vous m'avez entraîné dans ce complot funeste, Delavigne, Vêpres sicil. V, 5.

    Absolument. Le charme de cette lecture entraîne. La voix publique entraîne ; Même en s'en défiant on lui résiste à peine, Voltaire, Tancr. IV, 5.

  • 3Être la cause, avoir pour conséquence. La guerre entraîne avec elle ou après elle bien des maux. Elle a cru que ma perte entraînait sa ruine, Racine, Brit. V, 1. …Tant de prudence entraîne trop de soin, Racine, Andr. I, 2. Mais trop de vers entraînent trop d'ennui, Gresset, Vert-Vert, I.

    Terme de jurisprudence. Avoir pour effet nécessaire. Toute peine afflictive et infamante entraîne la perte des droits civils.

  • 4S'entraîner, v. réfl. S'entraîner l'un l'autre. Ils se sont entraînés de faute en faute.

HISTORIQUE

XIIe s. Et Renoarz son tinel entraïne, Bat. d'Aleschans, V. 4707.

ÉTYMOLOGIE

En 2, et traîner. On trouve dans Calvin Inst. 22 : atrainer.