« envers.2 », définition dans le dictionnaire Littré

envers

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

envers [2]

(an-vêr ; l's ne se lie pas) s. m.
  • 1Le côté opposé à l'endroit, le côté qui ne doit pas être exposé à la vue. L'envers de cette étoffe est presque aussi beau que l'endroit. On a dit de la traduction qu'elle était comme l'envers de la tapisserie, cela suppose une industrie bien grossière et bien maladroite, Marmontel, Élém. litt. Œuv. t. x, p. 281, dans POUGENS.

    Étoffe à deux envers, étoffe qui n'a ni envers ni endroit. Serges de Beauvais à poil et à deux envers, Règl. sur les manuf. août 1669, art. 2.

    On dit plus souvent aujourd'hui qu'une étoffe n'a pas d'envers.

    Fig. Les plus adroits, lorsqu'ils sont consultés, gardent sur les endroits critiques un silence mystérieux, ou prononcent, comme les oracles, en se ménageant par l'ambiguïté de leurs réponses les deux envers d'une opinion qu'ils laissent flotter jusqu'à l'événement, afin de ne jamais se compromettre, Marmontel, Élém. litt. Œuvres, t. v, p. 148.

    Gens à deux envers, gens doubles et trompeurs. Ses membres, jongleurs adroits et gens à deux envers, mènent le peuple par l'hypocrisie et les grands par l'irréligion, Rousseau, Lett. à M. Deluc, Corresp. t. VI, p. 44, dans POUGENS.

  • 2L'envers d'une feuille d'arbre, le côté qui regarde le sol.

    Faire voir la feuille à l'envers, voy. FEUILLE.

  • 3 Fig. Le contraire. Vous serez toujours… Un envers du bon sens, un jugement à gauche, Molière, l'Ét. II, 14. Voilà l'envers tout juste de ce que nous pensons, Sévigné, 505.
  • 4A l'envers, loc. adv. qui se dit lorsque l'envers se met ou se prend par erreur pour l'endroit. Mettre son manteau, sa chemise à l'envers. Le docteur, l'ayant regardé depuis la tête jusqu'aux pieds, lui dit pour toute raison : Prenez garde, monsieur de la Fontaine, vous avez mis un de vos bas à l'envers ; et cela était vrai, en effet, D'Olivet, Hist. de l'Acad. t. II, p. 338, dans POUGENS. Ce qui était dessus, le fripier le met à l'envers, Montesquieu, Lett. pers. 138.

    Relais à l'envers, voy. RELAIS.

  • 5 Fig. Dans un état de désordre et de ruine. Ses affaires sont à l'envers. En vain contre le roi vous opposez vos armes ; Sa majesté brillante avec de si doux charmes Peut mettre en un moment vos desseins à l'envers, Corneille, Inscript. sous des estampes, II, La déroute du pont de Cé. Pour te peindre ce grand revers Qui trompa notre espoir frivole Et mit nos projets à l'envers, Chaulieu, Ép. à Dangeau.

    Avoir la tête, la raison à l'envers, être tout à fait étranger au bon sens, à la raison. Il faudrait que l'esprit supérieur qui nous tromperait nous eût donné une raison à l'envers, Fénelon, Exist. 229. Déjà les cœurs s'envolent à Nevers ; Voilà d'abord vingt têtes à l'envers, Gresset, Vert-Vert, II.

HISTORIQUE

XIe s. L'un gist sur l'autre et envers et adenz [sur le dos et sur les dents], Ch. de Rol.

XIIIe s. … Que nus ne puisse fere cote ne gambaison de tele [toile] dont l'envers et l'endroit ne soit de tele noeve, et dedenz de coton et de plois de toiles, Liv. des mét. 370. Si ont chanté salmes et vers Moult hautement à deus envers, Les antiennes moult noblement, Ren. 21346.

XIVe s. Son jacque [jaquette] qui estoit de clochettes garnis, [il lui] Fist tantost despoillier, et puis fu revestis à l'envers, à la fin qu'il ne fust pas choisis [reconnu], Guesclin. 19360.

XVe s. Et en disant ceste parole, il cheut à l'envers [Charles VIII], Commines, VIII, 16.

XVIe s. Bref on y fait tant de comptes divers, Que verité souvent est à l'envers, Marot, J. V, 143. Voicy celluy qui par ses heurtz divers, A mis l'orgueil de Venise à l'envers, Marot, J. v, 170. J'ay quelque opinion de l'envers de cette sentence, Montaigne, IV, 4. Des tableaux où il estoit flatté à l'envers, D'Aubigné, Hist. II, 196. Andromachus luy tendant l'endroit de la main, et puis tout à coup luy monstrant l'envers, luy dit :, Amyot, Timol. 15.

ÉTYMOLOGIE

Lat. inversus, retourné, de in, et versus, tourné (voy. VERSION).