« envoler », définition dans le dictionnaire Littré

envoler

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

envoler (s')

(an-vo-lé) v. réfl.
  • 1Partir en volant. Les perdrix se sont envolées trop tôt. [L'honneur] S'en va trouver sa sœur [l'Équité], et dès ce même jour Avec elle s'envole au céleste séjour, Boileau, Sat. X. L'aigle des légions que je retiens encore Demande à s'envoler vers les mers du Bosphore, Voltaire, M. de César, I, 1. Satan, sans répliquer, s'envole à ses conquêtes, Delille, Paradis perdu, X.

    Avec ellipse du pronom personnel. Le moindre bruit fera envoler cet oiseau.

    Familièrement. Il n'y a plus que le nid, les oiseaux se sont envolés, se dit lorsque certaines personnes, s'étant retirées dans un endroit où l'on espérait les surprendre, ne s'y trouvent plus. On dit aussi plus brièvement : Les oiseaux se sont envolés, ou sont envolés.

    Fig. Lorsque pour moi vers Dieu ta voix s'est envolée, Hugo, F. d'aut. 37.

  • 2 Par extension, il se dit des choses légères que le vent emporte. Tous les papiers s'envolèrent par la chambre aussitôt que la fenêtre fut ouverte.
  • 3L'âme s'envole, se dit pour exprimer que l'on meurt. La nuit assiégea ses prunelles, Et son âme étendant les ailes Fut toute prête à s'envoler, Malherbe, V, 20. Sa lumière s'éteint et son âme s'envole, Corneille, Rodog. v, 4. Ils rappelaient peu à peu son âme prête à s'envoler, Fénelon, Tél. XVII.

    L'âme s'envole, se dit aussi d'une personne dont le cœur suit quelqu'un. Ô Dieux ! je sens mon âme après lui s'envoler, Corneille, l'Illus. com. II, 2.

  • 4Disparaître, s'effacer, s'écouler. On fait beaucoup de bruit et puis on se console ; Sur les ailes du temps la tristesse s'envole, La Fontaine, Fabl. VI, 21. L'Alcyon fuit devant Éole, Éole le fuit à son tour ; Mais, sitôt que l'amour s'envole, Il ne connaît plus de retour, Rousseau J.-B. Cantate, Circé. L'amitié reste au moins quand le bonheur s'envole, Ancelot, Fiesque, III, 4. Trop de gloire nous a nui, Le plaisir s'envole, Béranger, Gaudr.

    Le temps, l'occasion s'envole, c'est-à-dire passe rapidement.

    Familièrement. Notre déjeuner s'est envolé. Les deux chevaux, la mule au marché s'envolèrent [furent vendus], Boileau, Sat. X.

HISTORIQUE

XIIIe s. Atant bati ses ailes et s'en vola, Chr. de Rains, 237. Les dous deduiz, les dous besiers, Et les très douces acolées, Qui s'en ierent sitost volées, la Rose, 13070.

XIVe s. Et ainsi comme il s'envola, Tous li beaux arbrisseaux crola, Si qu'adonc la froide rousée Est seur mon visage avalée, Machaut, p. 38.

XVIe s. Helas ! tu es trop belle, et tu dois prendre garde Qu'un Dieu si grand tresor ne puisse desirer, Qu'il ne t'envole au ciel pour la terre empirer, Ronsard, 249. Des dames sans retour s'envole la beauté, Ronsard, 282. Puis la mort vient qui nous en-vole, Ronsard, 555.

ÉTYMOLOGIE

En 2, et voler, v. n. On voit que envoler a quelquefois un sens actif, ce qui fait comprendre comment voler a pris le sens de dérober, en latin furari.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ENVOLER. Ajoutez : - REM. Au commencement du XVIIe s. on pouvait encore séparer de voler la particule en. La justice et la paix au ciel s'en sont volées, Régnier, Ép. I. Et même, Malherbe ne voulait pas qu'on dît : S'est envolé, mais : S'en est envolé, Lexique, éd. L. Lalanne.