« foie », définition dans le dictionnaire Littré

foie

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

foie

(foi) s. m.
  • 1Viscère qui occupe l'hypocondre droit et une partie de l'épigastre, et qui, remplissant deux fonctions, est constitué par deux parties : l'une moindre est une glande et sécrète la bile ; l'autre plus considérable est l'organe glycogène, c'est-à-dire producteur de la matière sucrée qui, portée directement aux poumons, y sert aux actes respiratoires, et qui, fabriquée en excès, est éliminée par les reins, ce qui constitue le diabète. Les lobes du foie. Il avait un abcès au foie.

    Chaleurs de foie, certaines rougeurs qui viennent au visage et qui étaient considérées comme indices de maladie du foie.

    Fig. Mouvements de colère, emportements. … C'étaient… des fièvres du temps… des jeunesses de nos princes et des chaleurs de foie de leurs conseillers, Guez de Balzac, 5e disc. sur la cour.

    Fig. Vous avez bon foie, Dieu vous sauve la rate ! Proprement : votre foie est sain, tout ira bien si la rate est saine, et, ironiquement, vous êtes un joli garçon, vous nous la donnez belle. Monsieur s'en va chopiner, cependant Qu'on se tourmente ici le corps et l'âme ; Il faut agir sans cesse en l'attendant… Voyez un peu, le galant a bon foie ; Je suis d'avis qu'on laisse à tel mari Telle moitié…, La Fontaine, Cuv.

    Il a le foie blanc, il est bizarre, il ne fait rien comme les autres.

  • 2 Terme de vétérinaire. Foie douvé, foie contenant des douves ou fascioles.

    Foie pourri, synonyme vulgaire de la cachexie aqueuse.

  • 3 Terme de cuisine. Il se dit du foie que l'on mange. Foie de veau piqué. Un pâté de foie gras. Souvent une oie engraissée aura le foie plus gros que tous les autres viscères ensemble, et ces foies gras que nos gourmands recherchent, étaient aussi du goût des Apicius romains, Buffon, Ois. t. XVII, p. 57, dans POUGENS.
  • 4Ancien terme de chimie. Substance dont la couleur ressemble à celle du foie.

    Foie de soufre, mélange de plusieurs sulfures de potassium. Il montra que [dans les salines de Montmorot] des pains de sel marin pétris avec des eaux grasses qui renfermaient des sels marins à base terreuse et des matières susceptibles de putréfaction, et desséchés sans précaution, de manière à permettre la formation de quelques parties de foie de soufre, justifiaient le dégoût du peuple, Condorcet, Montigni.

    Foie d'antimoine, oxysulfure d'antimoine demi-vitreux.

    Foie d'arsenic, arsénite de potasse.

HISTORIQUE

XIe s. [Il] Tranche le cuer, le feie et le poumon, Ch. de Rol. XCVI.

XIIIe s. Ou il a mal de teste, de piz ou de poitrine, De polmon ou de foie, de costé ou d'eschine, J. de Meung, Test. 170.

XIVe s. Ainsi comme l'on raconte… d'un autre serviteur qui occist son compaignon et en menga le fée, Oresme, Eth. 203. Les lanches trespasserent, par itel essiant, Qu'entre fie et poumon en vont li fer passant, Baud. de Seb. VIII, 562.

XVe s. Si trouvoient ces chevaliers et escuyers d'Angleterre les vins ardents et forts, qui leur rompoient les testes… et leur ardoient les foyes et les poumons, Froissart, II, III, 82.

XVIe s. Voilà une femme sans cœur, sans fiel et sans foie [bien patiente], Marguerite de Navarre, Nouv. XXXVIII. Il despesche à l'empereur, luy mande que l'armée laschoit le pied : sur cette chaleur de foye l'empereur marche…, D'Aubigné, Hist. I, 22. Jamais homme ne mange foye Que le sien n'en ait joie, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 197.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, feûte ; namur. féte ; provenç. et catal. fetge ; espagn. hígado ; portug. fígado ; ital. fégado ; du latin ficatum, proprement jecur ficatum, foie d'oie engraissée avec des figues (Pinguibus et ficis pastum jecur anseris albi, HORAT., Sat. II, VIII, 88), de ficus, figue (voy. FIGUE). Ce mot, qui était chez les Latins un terme de cuisine, est devenu dans toutes les langues romanes le nom du foie et a fait disparaître complétement le mot propre jecur. On remarquera que le mot nouveau a, dans les langues romanes, l'accent sur la première syllabe, tandis que le latin l'a sur la seconde, ficátum ; c'est qu'en effet il vient non pas précisément de ficátum, mais de ficătum. Les Gloses de Cassel ont figido, où sans doute le second i est bref ; car, ainsi que Diez le remarque, le lombard fídegh est pour fíghed et se rapproche beaucoup de figido ; on peut croire que la langue, qui avait une tendance à substituer l'i à l'a dans ces participes passifs, par exemple rogitus pour rogatus, dolitus pour dolatus, vocitus pour vocatus, provitus pour probatus, faisait cet i bref. Ordinairement, dans ces mots où l'accent avait été faussé, les langues romanes conservaient quelque part la véritable accentuation (voy. ENCRE) ; c'est ce qui est arrivé ici : sarde, figáu ; vénitien, figà ; valaque, ficát.