« galère », définition dans le dictionnaire Littré

galère

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galère

(ga-lê-r') s. f.
  • 1 Terme de marine et d'antiquité. Bâtiment à rames et à voiles qui était le vaisseau de guerre des anciens. Galère à trois rangs de rames ou trirème ; on ne sait pas encore au juste comment ces rangs étaient disposés. En voyant dans nos ports préparer nos galères, Corneille, Pomp. II, 2. On croit que ce sont les Corinthiens qui les premiers changèrent l'ancienne forme des galères et qui en construisirent à trois rangs de rames, et peut-être aussi à cinq, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. XI, 2e part. p. 442, dans POUGENS. Chaque galère [de guerre] portait trois cents rameurs, et six vingts soldats, Rollin, ib. p. 564.

    La galère fut aussi le vaisseau du moyen âge.

  • 2Dans les temps modernes, bâtiment long et peu élevé au-dessus de l'eau, qui allait à voiles et à rames. La galère avait deux mâts et deux voiles latines ; elle était armée, sur l'avant, d'une grosse pièce de canon dite coursier. Je crois prendre en galère une rame à la main, Régnier, Sat. X. Que diable allait-il faire dans cette galère ? ah ! maudite galère ! Molière, Scapin, II, 11. Si je croyais y retrouver encore la belle mademoiselle de Sévigné et la fête sur les galères que M. de Vivonne n'a pas donnée à madame la comtesse de Grignan, Sévigné, Lett. du 21 juin 1680. Il y a longtemps que l'expérience, maîtresse souveraine de tous les arts, a fait, entre les espèces des grands bâtiments de mer, un partage où tous les peuples de l'Europe ont souscrit ; elle a donné l'Océan aux vaisseaux, et la Méditerranée aux galères, Fontenelle, Chazelles. Il y avait douze galères à rames qui accompagnaient cinquante galions ; c'est la première fois qu'on vit des galères sur l'océan, Voltaire, Mœurs, 165.

    Fig. Que diable allait-il faire dans cette galère ? locution tirée du Scapin de Molière et qui signifie : Pourquoi est-il allé se mêler à ces gens-là, s'entremettre de cette affaire mauvaise, périlleuse, etc. Tant il est vrai que le plaisant peut se joindre au terrible [la révolution qui précipita Pierre III du trône de Russie] : quelques-unes de ces jeunes femmes [qui étaient avec lui sur la Néva], à ce qu'elles-mêmes ont raconté, se disaient tout bas entre elles le proverbe comique : Qu'allions-nous faire dans cette galère ? Rulhières, Anecdotes sur la Russie, Œuvres posthumes, t. IV, p. 354.

    Fig. Vogue la galère ! arrive ce qui pourra. Puisque ce ne peut plus être la mort de M. de Turenne, vogue la galère ! Sévigné, 236.

    Espalier de galère, voy. ESPALIER.

    Dans l'ordre de Malte. Tenir galère, armer une galère à ses dépens.

    Demi-galère, nom donné à une petite galère, à une galiote à rames, quelquefois à un brigantin à rames. Le jour commençait à paraître, et les Turcs, nous croyant occupés à la galiote [à bombes] qui avait été attaquée à la droite de toutes celles qui bombardaient, firent mine d'attaquer, par une demi-galère, par un brigantin et par plusieurs chaloupes, une autre galiote qui fermait notre ligne à la gauche, Villette, Mémoires, Campagne de 1683, dans JAL. Que faire avec un si petit nombre contre cent cinquante chaloupes ennemies, contre une demi-galère, deux galiotes armées et plusieurs brûlots, soutenus par cent vaisseaux de guerre ? Relation du combat de la Hougue, dans JAL. Les demi-galères russes vont à sa rencontre [de la flottille suédoise], l'attaquent et la prennent tout entière ; elle portait quatre-vingt-dix-huit canons, Voltaire, Russie, I, 13.

  • 3 Au plur. La peine de ceux qui étaient condamnés à ramer sur les galères. Autrefois on condamnait les malfaiteurs à ramer sur les galères, ce qu'on appelait condamnation aux galères, peine remplacée par les travaux forcés. Il a été condamné aux galères pour cinq ans, Sévigné, 1.

    Il se disait aussi de ceux qui, pris par les corsaires barbaresques, étaient mis à la rame à Tunis, à Alger et ailleurs. Il ramera dans les galères d'Alger, Rousseau, Ém. IV.

  • 4 Fig. et familièrement. Condition désagréable. La campagne, qu'on peut appeler les galères d'une jeune personne, Hamilton, Gramm. 9. La nature a condamné le pic au travail, et pour ainsi dire à la galère perpétuelle, Buffon, Morceaux choisis, p. 299. Je suis plutôt spectateur que patient dans cette galère où je me tiens les bras croisés, D'Alembert, Lett. au roi de Pr. 3 nov. 1780. Ce métier [de soldat] sous les nobles est une galère, un supplice à qui ne peut s'en exempter, Courier, Gazette du village, n° 4. Mes amis, de votre galère Un forçat vient de se sauver, Béranger, Mon petit coin.

    Vie de galère, situation pénible et laborieuse.

  • 5Nom donné à un long fourneau en briques réfractaires, dans lequel on peut faire chauffer plusieurs vases à la fois.

    On a aussi appelé galères des fourneaux ronds à réverbère d'un grand diamètre, autour desquels on place les vases contenant la matière qu'on veut chauffer.

  • 6Tombereau dont se servent les maçons et qu'ils traînent eux-mêmes.

    En Espagne, espèce de chariot dans lequel on voyage. Aller en galère.

  • 7Sorte de gros rabot de charpentier et de menuisier, servant à dégrossir le bois rude.
  • 8Sorte de grand râteau nommé plus souvent ratissoire.
  • 9Nom donné par les marins aux diverses espèces du genre physalie, et quelquefois à la vélelle mutique qu'ils n'en distinguent pas.

HISTORIQUE

XVIe s. Vogue la galere, dist Panurge, tout va bien, Rabelais, Pant. IV, 23. Incontinent que mes gualleres seront venues, je…, Rabelais, ib. II, 28. Pour ceste mesme raison, j'ay usé de gallées pour galleres, endementiers pour en ce pendant … et autres dont l'antiquité me semble donner quelque majesté aux vers, pourveu toutefois que l'usage n'en soit immoderé, Du Bellay, J. IV, 4, verso. Si j'ay volé quelqu'un, envoyez-moy plustost en gallere, Montaigne, III, 245.

ÉTYMOLOGIE

Prov. gallera ; esp. et ital. galera. Galère paraît être une dérivation du radical qui a donné galée.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

GALÈRE. Ajoutez :
10 Baril de galère, sorte de baril, d'une contenance de 15 à 20 litres, Gaz. des Trib. 1er juill. 1875, p. 628, 4e col.