« hier.2 », définition dans le dictionnaire Littré

hier

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

hier [2]

(i-êr) adv. de temps
  • 1Il se dit du jour qui précède immédiatement celui où l'on est. Hier matin. Hier soir. Hier au matin. Hier au soir. Absent d'hier au soir, La Fontaine, l'Eunuque, III, 7. Je l'observais hier et je voyais ses yeux Lancer sur le lieu saint des regards furieux, Racine, Athal. I, 1.

    Avant-hier, le jour avant celui d'hier.

    D'hier en huit, d'hier en quinze, c'est-à-dire dans huit jours, dans quinze jours, à compter d'hier.

  • 2Il se dit d'une époque indéterminée, mais récente. Il n'est que d'hier dans sa place. Il semble que nous soyons sortis avant-hier du chaos, et hier de la barbarie, Voltaire, Princ. de Babyl. ch. 11. La Saint-Barthélemy me fait autant de peine que si elle était arrivée hier, Voltaire, Lett. d'Argental, 25 mai 1767. Le monde est vieux, mais l'histoire est d'hier ; celle que nous nommons ancienne et qui est en effet très récente, ne remonte guère qu'à quatre ou cinq mille ans, Voltaire, Pyrrhon. hist. ch. 5. Aussi notre amitié ne date pas d'hier, Collin D'Harleville, Chât. en Espagne. I, 2.

    Fig. et familièrement. Il est né d'hier, il est fait d'hier, il est sans expérience. Je ne suis pas fait d'hier, moi, Vadé, Nicaise, sc. 14. Voilà ce que me dit mon voisin ; mais, moi, tous ces discours me persuadent peu ; je ne suis pas né d'hier, et j'ai mes souvenirs, Courier, Lett. V.

    C'était hier, il me semble que c'était hier, se dit d'un temps assez éloigné, mais dont le souvenir est vif et présent. Il me semble que c'était hier, et c'était cependant au commencement de 1788, La Harpe, Prédiction de Cazotte.

    On dit dans le même sens : C'est d'hier. Il me semble que c'est d'hier que nous sommes mariés ; il n'y a pas le plus petit changement, en vérité, Picard, Manie de briller, II, 11.

    Homme d'hier, un parvenu.

  • 3 Substantivement. Vous aviez hier tout entier pour vous décider. Hier passé, la trêve était rompue.

REMARQUE

1. Dans l'ancienne langue hier était monosyllabe, et il continua de l'être pendant une partie du XVIIe siècle, et même plus tard. Hier j'étais chez des gens de vertu singulière, Molière, Mis. III, 5. Oui, hier il me fut lu dans une compagnie, Molière, Femmes sav. III, 5. Pour celui qui vint hier deux heures après nous, Collin D'Harleville, Chât. en Esp. IV, 12. Étymologiquement, hier doit être en effet monosyllabique ; car l'i n'y est qu'une adjonction fortifiante à une syllabe accentuée, comme dans singulier de singularis, et tant d'autres.

2. Hier reste monosyllabe dans avant-hier : Le bruit court qu'avant-hier on vous assassina, Boileau, Ép. VI. bien que Boileau fasse hier de deux syllabes : Hier, dit-on, de vous on parla chez le roi, Boileau, ib.

HISTORIQUE

XIe s. Er main [hier matin] sedeit l'empereres suz l'ombre, Ch. de Rol. XXVIII. Un [j'] en aveie, cil fut ocis her seir, ib. CXCIII.

XIIIe s. Uns miens amis me vint dès er soir acointer, Berte, X. Par noient à moi la sachasse, Que j'oi l'autrier [l'autre hier] la jambe qasse, Ren. 668. Je puis bien afermer de voir [de vrai] Que je l'essaiai bien er soir [hier soir], ib. 16267. Ce n'est mie ne d'ui ne d'ier, Que riches gens ont grant puissance De faire ou aïde ou grevance, la Rose, 1030.

XIVe s. Tu me cuidas arsoir [hier soir] faire batre, Du Cange, ab heri.

XVe s. Elle vint au supliant et lui dit : Ô Bertran, je fu asseoir [hier soir] bien batue pour vous et sans cause, Du Cange, ib. Et non pourtant n'est mie d'aujourd'huy ne d'hier que la force des envieux ingrats a nui aux bons ; car de ce sont les escriptures toutes plaines, Bouciq. III, 12.

XVIe s. Monseigneur, je vins arsoir [hier soir] en ce lieu de Monfrin, où est la compaignie du roy de Navarre, Marguerite de Navarre, Lett. 27. M. d'Isernay, avant hier je reçus vos lettres du 18e de ce mois, auxquelles hier je vous fis responce, Marguerite de Navarre, ib. 150. L'autr'hier le vy aussi sec, aussi palle, Comme sont ceux qu'au sepulchre on devalle, Marot, II, 212. Je ne l'ay pas seulement veu en face, Sinon l'autre byer, je le vy sur la place, Amyot, Nicias, 7.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. hié ; Berry, hiar ; provenç. her, hier, er, ier ; anc. catal. yr ; espagn. ayer ; ital. ier ; du lat. heri, pour hesi, comme on le voit dans le dérivé hes-ternus. et dans les langues congénères : allem. gestern ; angl. yester-day ; sansc. hyas, hier, hyastana, d'hier. Le sanscrit hyas est pour hi-dyas, le jour d'alors, le jour passé, de hi, et dyas, divas, jour (voy. JOUR).