« hostie », définition dans le dictionnaire Littré

hostie

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

hostie

(o-stie) s. f.
  • 1Toute victime que les anciens Hébreux offraient et immolaient à Dieu. Il mettra la main sur la tête de l'hostie, et elle sera reçue de Dieu et lui servira d'expiation, Sacy, Bible, Lévit. I, 4. Les hosties des méchants sont abominables, parce qu'ils les offrent du fruit de leurs crimes, Sacy, ib. Prov. de Salom. XXI, 27. Salomon pour hosties pacifiques égorgea et immola au Seigneur vingt-deux mille bœufs, et vingt mille brebis, Sacy, ib. Rois, III, VIII, 63.

    Fig. La justice vaut mieux devant Dieu que de lui offrir des victimes ; car quelle plus sainte hostie, quel encens plus doux, quelle prière plus agréable que de faire entrer devant soi la cause de la veuve… ? Bossuet, le Tellier.

    Terme d'antiquité romaine. Victime en général.

  • 2 Fig. Dans la poésie et le style élevé. Victime. En est-ce fait, Julie, et que m'apportez-vous ? Est-ce la mort d'un frère ou celle d'un époux ? Le funeste succès de leurs armes impies De tous les combattants a-t-il fait des hosties ? Corneille, Hor. III, 2. Père barbare, achève, achève ton ouvrage : Cette seconde hostie est digne de ta rage ; Joins ta fille à ton gendre…, Corneille, Polyeucle, V, 5. Du céleste courroux tous furent les hosties, La Fontaine, Phil. et B. Hostie ne se dit plus, et c'est dommage ; il ne reste plus que le mot de victime ; plus on a de termes pour exprimer la même chose, plus la poésie est variée, Voltaire, Comment. Corn. Horace, III, 2.

    En termes de dévotion. Personne qui consacre à Dieu tout ce qu'elle est. Convertissez-vous de bonne heure ; que la pensée en vienne de Dieu et non de la fièvre, de la raison et non du trouble, du choix et non de la force et de la contrainte ; si votre corps est une hostie, consacrez à Dieu une hostie vivante, Bossuet, Bourgoing. Hostie vivante de Jésus-Christ, elle avait dressé de ses propres mains le bûcher où elle devait consommer son sacrifice, Fléchier, Mar.-Thér. C'est le religieux qui, lui-même et en personne, dans la profession des vœux, tient la place d'hostie et de victime, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 418. Les vrais fidèles qui, dans les hauts rangs où Dieu les a fait monter, ne se sont jamais regardés que comme des hosties vivantes, pour alléger tout, pour porter tout, pour se dévouer à tout, Bourdaloue, Carême, t. I, p. 542. Acceptez, ô mon Dieu, le sacrifice que je vous fais aujourd'hui de moi-même ; ne regardez pas les imperfections de l'hostie qui s'offre, Massillon, Prof. relig. 3.

  • 3Le pain sans levain que le prêtre offre et consacre à la messe, et dans lequel Jésus-Christ s'offre comme victime. La substance de l'hostie se change au corps de Jésus-Christ. Recevoir la sainte hostie. A l'élévation de l'hostie. Le prêtre prit autant d'hosties qu'il y avait de communiants et les consacra.

HISTORIQUE

XIVe s. Les quarante sous de parisis que me dame Beatrice me taie [ma tante] donna pour Diu en aumosne à l'eglise de Clermaresch pour vin et oistes à chanter messe…, Tailliar, Recueil p. 308. Hosties greigneurs estoient certains sacrefices que l'en fesoit pour aucunes grandes aventures, et le fesoit on des plus grans bestes si comme estoient buefs et vaches, Bercheure, f° 2, verso.

XVIe s. Qui marche au premier rang des hosties rangées, Qui prendra le devant des brebis egorgées ? D'Aubigné, les Trag. V.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. hostia, ital. ostia ; du lat. hostia, victime, qui paraît être de même radical que hostire, frapper, et hostis, ennemi (voy. HOSTILE). Oiste est la forme ancienne et française d'origine, hostia ayant l'accent sur o.