« investir », définition dans le dictionnaire Littré

investir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

investir

(in-vè-stir) v. a.
  • 1Revêtir, c'est-à-dire mettre en possession d'un pouvoir, d'une autorité quelconque avec de certaines cérémonies, dont l'une était la remise de quelque pièce de vêtement. Des princes profanes investissent des évêques avec la crosse et l'anneau, Voltaire, Mœurs, 46.
  • 2En général, mettre en possession d'un pouvoir, d'une autorité, d'un droit. À Rome, le dictateur était investi d'une autorité absolue. Toutes ces donations disparaissent devant celles des Indes orientales ou occidentales, dont Alexandre VI investit l'Espagne et le Portugal de sa pleine puissance et autorité divine, Voltaire, Dict. phil. Donations.

    Fig. et par antiphrase. C'est là le juste supplice du pécheur qui se retire de Dieu, que Dieu aussi se retire de lui, et par cette soustraction le prive de tout le bien, et l'investisse irremédiablement et inexorablement de tout le mal, Bossuet, Elévat. sur myst. VI, 16.

  • 3 Fig. Envelopper de troupes, environner de gardes pour fermer les issues, par comparaison avec un vêtement qui enveloppe. On croit que Maestricht est investi ; rien n'est encore assuré, Sévigné, 16 mai 1672. Déjà le sacré mont, où le temple est bâti, D'insolents Tyriens est partout investi, Racine, Athal. IV, 5. Anicet investit la maison [où Agrippine s'était réfugiée], les portes en sont brisées, Diderot, Claude et Nér. I, 79. Ah ! lorsque les Gaulois, dans des temps moins prospères, Sur ce mont glorieux investissaient nos pères, Chénier M. J. Gracques, III, 5.

    Il se dit aussi d'une troupe qui en cerne une autre. On commençait à investir l'aile droite où était Alexandre, Vaugelas, Q. C. V, 11. Et Pompée… se travaille à changer, à l'instant, l'ordre de la bataille, Et, les ailes s'ouvrant autant qu'il est permis, Il tâche d'investir celle des ennemis, Brébeuf, Phars. VII.

  • 4 V. n. Terme de marine. Se dit quelquefois sur la Méditerranée pour aborder. La galère parvint à investir à Naples.
  • 5S'investir, v. réfl. Se donner à soi-même un droit, une autorité. Il s'était investi de l'autorité.

HISTORIQUE

XVe s. Mais vous… qui à ce faire aviez mis toute diligence et cure… me vinstes courir sus et investir, Bouciq. II, 31.

XVIe s. Quand les acheteurs ne se presentent pour estre louez et investus, dedans quarante jours, des choses par eux acquises, Coust. génér. t. II, p. 482. L'esprit qui feut, pour sa peine, investi du corps du soleil, Montaigne, II, 291. D'où vient que, si une femme vous favorise, vous en investissez incontinent la froideur et une auctorité maritale ? Montaigne, III, 376. Nous nous investissons des facultez d'aultruy et laissons chomer les nostres, Montaigne, IV, 219. Estants investis devant et derriere, et par les flancs, ils ne purent eschapper la mort ou la prison, Carloix, V, 5. Il fera sortir de Metz toutes ses forces pour investir et entourer Thionville, Carloix, VII, 6. Le roy l'envoya pour se saisir de la ville d'Avignon, craignant que l'ennemy ne s'en investist, Du Bellay, M. 104.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. envestir ; espagn. investir ; ital. investire ; du lat. investire, de in, en, et vestire, vêtir.