« lamenter », définition dans le dictionnaire Littré

lamenter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

lamenter

(la-man-té)
  • 1 V. a. Plaindre par lamentations. Le chantre désolé lamentant son malheur, Boileau, Lutr. IV. Pendant que tout le reste de la Syrie pleurait et lamentait la perte de l'armée, où il y avait peu de familles qui n'eussent quelque proche parent, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IX, p. 366, dans POUGENS. Lamenter ses douleurs, Ducis, Oscar, I, 2.

    Prononcer comme en lamentation. Lamentant tristement une chanson bachique, Boileau, Sat. III.

  • 2 V. n. Vous avez beau pleurer et lamenter. Rien n'est plus ennuyeux que d'entendre lamenter un enfant, Rousseau, Nouv. Hél. dans GIRAULT-DUVIVIER.
  • 3Se lamenter, v. réfl. Pousser des lamentations. Ces femmes se sont lamentées tout le jour. La nuit était noire, on la passa à se lamenter, Voltaire, Blanc et noir.

    Par exagération. Se plaindre beaucoup. Vous vous lamentez, dans votre lettre du 20 septembre, de n'être point brigadier des armées du roi, tandis que vous l'êtes, Voltaire, Lett. la Houlière, 22 oct. 1770. Vous êtes bien bon de vous lamenter pour des hommes qui vous verraient brûler en riant, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 12 mai 1767.

HISTORIQUE

XIIe s. N'i a celui ne plurt e sei lement, Ch. de Rol. CXXXVI.

XIIIe s. En la maison Symon chascune s'en gamente, Berte, XLVIII.

XVe s. Quand le noble roi Charles de France eut ouï sa sœur ainsi lamenter, Froissart, I, I, 8. Et qui n'a vaillant un navet, Triste, dolent se doit clamer, Et son temps perdu lagmenter, Deschamps, Poésies mss. f° 196.

XVIe s. Car vous lamenterez et pleurerez, Bèze, St Luc, VI, 25. L'homme est guary qui puet se lamenter, Ronsard, 630. Le herault trouva plusieurs en la ville, qui lamentoient la mort du roy, Amyot, Thés. 26. Ses amis pleurants et lamentants autour de luy, Montaigne, I, 6.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, se lammenter ; norm. guermenter ; Berry, se guementer ; du lat. lamentari. Il a donné dans les patois et l'ancien français gamenter, guementer, par le changement de l'l en g (comparez vomir et gomir, lièvre et gueuvre) ; puis guermenter, garmenter, avec l'épenthèse d'une r, comme arme pour âme, hurler pour uller, etc. Lamentari est le verbe dénominatif de lamentum, qui représente clamentum, par une chute du c qui n'est pas sans exemple en latin ; clamentum tient à clamare (voy. CLAMEUR).