« libelle », définition dans le dictionnaire Littré

libelle

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libelle

(li-bè-l') s. m.
  • 1Petit livre. L'auteur des premiers cahiers des libelles que le sieur Melchior Tavernier a fait imprimer de diverses méthodes pour pratiquer la perspective…, Desargues, en 1643, dans Acad. des sc. Comptes rendus, t. LVI, p. 501.

    Terme d'histoire de l'Église. Ouvrage hérétique écrit sur quelque matière de foi. Libelle d'Arius, de Pélage.

  • 2 Terme de droit romain. Libelle de divorce, acte par lequel un époux annonçait à l'autre qu'il divorçait. Le Seigneur dit ces choses : quel est ce libelle de divorce par lequel j'ai répudié la synagogue ? Pascal, Passages omis, éd. FAUGÈRE. Elle [la femme qui n'avait aucune nouvelles de son mari à la guerre] pouvait envoyer le libelle de divorce au chef [militaire], Montesquieu, Espr. XXVI, 9.

    Libelle de proclamation, action intentée en justice pour obtenir la réparation d'un dommage quelconque.

    Se dit souvent de tout acte en matière ecclésiastique. Libelle d'anathème, d'excommunication, de pénitence, etc.

  • 3 Terme d'antiquité ecclésiastique, qui se disait de certains billets ou certificats, que plusieurs chrétiens prenaient des magistrats, pour se mettre à couvert de la persécution.
  • 4Écrit, ordinairement de peu d'étendue, satirique, injurieux, diffamatoire. Le gouvernement n'eut rien d'extraordinaire ni d'irrégulier sous François II, et M. Burnet n'a pu l'improuver qu'en préférant les libelles aux ordonnances et les cabales aux conseils publics, Bossuet, Var. 1er disc. § 37. Et déjà [mes vers] chez Barbin, ambitieux libelles, Vous brûlez d'étaler vos feuilles criminelles, Boileau, Épîtr. X. On nomme libelles de petits livres d'injures ; ces livres sont petits parce que les auteurs, ayant peu de raisons à donner, n'écrivant point pour instruire, et voulant être lus, sont forcés d'être courts, Voltaire, Dict. phil. Libelle. La vie d'un forçat est préférable à celle d'un faiseur de libelles ; car l'un peut avoir été condamné injustement aux galères, et l'autre les mérite, Voltaire, ib. Quisquis, Langleviel. Un libelle enfin qui, pour me servir des expressions d'un des plus estimables hommes de Paris, est l'ouvrage des Furies, si les Furies n'ont point d'esprit, Voltaire, Mél. litt. Mém. sur la satire, Examen, etc. Les libelles contre les grands sont des grains de sable qui ne peuvent aller jusqu'à eux ; mais les libelles contre de simples particuliers sont des cailloux qui leur cassent quelquefois la tête, Voltaire, Lett. Maupeou, 20 déc. 1773. Qu'il fasse des libelles, dernière ressource des lâches, Beaumarchais, Mère coup. V, 8.

HISTORIQUE

XIIIe s. Lesqueles demandes li clerc apelent libeles, et autant vaut demande comme libelle, Beaumanoir, VI, 1.

XVe s. Et bailla le dit chevalier un libelle au roi, qui fut lu, Froissart, III, IV, 78.

XVIe s. Incontinent, desloyalle femelle, Que j'auray faict et escrit ton libelle [ta satire], Marot, I, 361. On treuve escript dedans le libelle diffamatoire qu'un Antiphon composa contre Alcibiades, que…, Amyot, Alc. 5.

ÉTYMOLOGIE

Lat. libellus, diminutif de liber, livre.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

LIBELLE.
3 Terme d'antiquité chrétienne. Ajoutez :

Libelles des martyrs, espèces de lettres de recommandation que les martyrs (chrétiens ayant souffert ou souffrant pour la foi) donnaient à ceux qui étaient sujets à la pénitence publique, pour les dispenser de la totalité ou d'une partie de leur peine.