« loge », définition dans le dictionnaire Littré

loge

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

loge

(lo-j') s. f.
  • 1Petite hutte faite à la hâte. Nous sommes occupés, Mme Denis et moi, à faire bâtir des loges pour nos amis et pour nos poules, Voltaire, Lett. Thiriot, 24 mars 1755. Julie y a fait faire une loge où l'on va se chauffer quand on a froid, Rousseau, Hél. V, 7. La cellule d'un solitaire est demeurée debout sur ses débris [d'un portique à Athènes], et une misérable loge de pâtre est portée dans les airs par deux colonnes de marbre, Chateaubriand, Itin. 1re part.
  • 2Petit réduit servant d'habitation à un portier. Ensuite à l'emploi de portier J'ai, comme de raison, joint un petit métier ; Une loge ne peut occuper seule un homme, Collin D'Harleville, Vieux célib. II, 2. Mon vieux portier dort dans sa loge, Béranger, Cordon.
  • 3Cabinet dans lequel on enferme chaque concurrent pour les prix de peinture, de sculpture et d'architecture, afin qu'il ne soit aidé de personne. Être en loge. Les concurrents entrent en loge.
  • 4Galerie, portique en avant-corps pratiqué à l'un des étages d'un édifice ; il ne se dit qu'en parlant des édifices d'Italie. Les loges du Vatican.

    La loge pontificale, celle d'où le pape donne la bénédiction.

    Les loges de Raphaël, galerie d'une cour du Vatican qui a été peinte par Raphaël, et dans laquelle il a raconté l'histoire sainte ; ces peintures ont été en général exécutées par les élèves d'après les dessins et sous la direction du maître.

  • 5Petite boutique qu'on loue durant une foire, pour y vendre des marchandises.
  • 6Nom de petits cabinets rangés par étages au pourtour d'une salle de spectacle. Premières, secondes, troisièmes loges. Loges de l'avant-scène. Loges du cintre. Une première loge. Louer une moitié, un quart de loge. Nos loges sont parées de femmes qui ne savent jamais de quoi il s'agit, à moins qu'on ne parle d'amour, Voltaire, Lett. d'Argental, 30 déc. 1774. Assise dans ce cirque, où viennent tous les rangs Souvent bâiller en loge à des prix différents, Gilbert, le Dix-huitième siècle.

    Loge grillée, loge garnie par une grille sur le devant. En ce temps-là l'auteur d'une pièce nouvelle avait pour lui et pour ses amis une petite loge grillée aux troisièmes sur l'avant-scène, Marmontel, Mém. III.

    Loges découvertes, espèce de loges qui n'ont pas de plafond, et qui ne sont séparées que par des cloisons à hauteur d'appui.

    Loges à salon, loges qui ont sur le derrière une espèce de salon.

    Avoir loge à un spectacle, y avoir loué une loge pour l'année.

    Jour de loge, jour où l'on a le droit de jouir d'une loge qu'on a louée concurremment avec d'autres personnes.

    Coupons de loge, billets que se partagent entre elles les personnes qui ont loué ensemble une loge. Aujourd'hui coupon de loge ne signifie plus que billet de loge.

    Fig. Être aux premières loges, être bien placé pour voir, pour juger quelque chose.

    Les loges, les spectateurs qui sont dans les loges. Les loges ont applaudi pendant que le parterre sifflait.

    Une loge, les personnes qui sont dans une loge. La critique éveillée, une loge endormie, Le souffleur étourdi, l'acteur embarrassé, Piron, Métrom. V, 1.

    Loge se dit aussi, dans les théâtres, des cabinets où les acteurs s'habillent.

  • 7Assemblée, réunion de francs-maçons. Une loge maçonnique.
  • 8Nom de lieux de commerce pour les Européens en Asie et en Afrique. Les Français ayant, comme les autres, acheté du souba de la province de Décan un petit territoire où ils bâtirent une loge, ils firent, avec le temps, de cette loge une ville considérable : c'est Pondichéri, Voltaire, Polit. et législ. Fragm. histor. sur l'Inde, X. L'Anglais s'est porté à des excès criants : il a insulté les loges des Français ; il leur a enlevé les ouvriers qui lui convenaient ; il a déchiré sur le métier même les toiles qui leur étaient destinées, Raynal, Hist. phil. IV, 29. Ils [les Hollandais] tirent annuellement de ces divers établissements, pour les marchés d'Asie ou d'Europe, quatre ou cinq mille balles de toile qui sont portées à Legapatnam, chef-lieu de tant de loges, Raynal, ib. II, 16.
  • 9Cellule où l'on enferme les fous dans les maisons d'aliénés. Zambullo parcourut d'un air curieux toutes les loges, et, après qu'il eut observé la folie et les fous qu'elles renfermaient, le diable lui dit : vous en voyez de toutes les façons, Lesage, Diable boit. ch. 9, dans POUGENS. Un maître fou… Des loges de Charenton S'est enfui l'autre semaine, Béranger, Juge de Ch.

    Fig. La première chose qui saisit mon imagination la mène si loin, que cela compose souvent une loge des Petites-Maisons, Sévigné, 17 juill. 1680. Il me semble que je vois quelquefois les loges et les barreaux devant ceux qui me parlent, et je ne doute pas aussi qu'ils ne voient les miens, Sévigné, 29 nov. 1679.

  • 10Dans les ménageries, petites chambres où l'on enferme les bêtes féroces. La loge du lion, du tigre. Ne vous considérassiez-vous que comme un de ces satellites préposés à la garde des bêtes féroces… quelle différence mettez-vous entre celles qu'on tient renfermées dans des loges, et celles qui remplissent ce palais [de Néron] ? Diderot, Claude et Nér. II, 107.

    La loge du chien, boîte, petite maison de bois, vieux tonneau où l'on loge le chien. On dit plutôt niche.

  • 11Loge dans un buffet d'orgues, le lieu où sont les soufflets.
  • 12 Terme de botanique. Cavité, compartiment simple ou multiple, constituant ou occupant l'intérieur des anthères ou des fruits, et renfermant le pollen ou les graines.

    Demi-loge, intervalle existant entre les cloisons incomplètes de la capsule du pavot.

  • 13Réduit pratiqué dans un port pour loger un vaisseau. Il fit construire dans l'enceinte du grand port cent soixante loges, qui pouvaient la plupart contenir chacune deux vaisseaux, et en fit réparer cent cinquante anciennes, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. V, p. 186, dans POUGENS.
  • 14Nom donné, à Marseille, à Lyon, etc. à différents endroits de la bourse où les hommes de même profession se rassemblent pour parler des affaires de leur état. Loge du change. Loge des marchands. Les faillis et banqueroutiers ne pourront entrer en la loge du change, Règl. des 2 et 7 juill. 1667, Bourse de Lyon.
  • 15 Terme de féodalité. Logement que le seigneur accordait aux vassaux en temps de guerre. Droit de loge, redevance que les vassaux payaient au seigneur, afin de pouvoir se réfugier dans le château.

HISTORIQUE

XIIe s. Ardent [brûlent] ces loges, ci fondent li planchier, Raoul de C. 60. Israel ki out ested od Absalon s'en fud fuid as loges e à ses tabernacles, Rois, p. 191.

XIIIe s. Lors convint que l'en esgardast Aucun qui les loges gardast Et qui maufaiteors preïst, la Rose, 9646. Lequel mestre Guillaume jura à Paris es loges du palès par devant dit, que il le mestier desus dit garderoit bien, Liv. des mét. 108.

XVe s. Fut ordonné que chacun se traïst à sa loge pour souper et boire ce qu'il pourroit avoir, Froissart, I, I, 37. Celluy jour firent les deux roys loges dresser emmy les prez, où il y avoit fenestres et appuyaulx aux dames et aux damoiselles ; car la coustume estoit que les roynes et les haultes dames alloient veoir les tournoyemens pour veoir les meilleurs chevaliers, Lancelot du Lac, t. II, f° 82, dans LACURNE.

XVIe s. Il n'est pas mercier qui ne sçait faire sa loge, Cotgrave Vous verrez là-dessous les plus petites herbes… La ruche de l'abeille et la loge au berger Avoir eu part à l'ombre, avoir part au danger, D'Aubigné, Tragigues, Princes.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. lotja ; catal. llotja ; espagn. lonja ; portug. loja ; ital. loggia ; Coïre, laupia ; lombard, lobia ; angl. lodge ; bas-latin, laubia, lobia, lobium ; de l'anc. h. allem. lauba, laubja ; allem. mod. Laube, feuillée, parce que de telles cabanes étaient faites en feuillage. Loge, vu les formes congénères, ne peut être rattaché à locare, voy. cependant LOGER.