« maîtrise », définition dans le dictionnaire Littré

maîtrise

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

maîtrise

(mê-tri-z') s. f.
  • 1Domination, autorité de maître. Dans le plaisir, c'est l'homme qui succombe sous le plaisir ; or il n'y a que la maîtrise et l'empire qui fait la gloire, et que la servitude qui fait la honte, Pascal, Pens. XXV, 5, éd. HAVET. Le fort et le beau se battent sottement à qui sera le maître de l'autre ; car leur maîtrise est de divers genre, Pascal, ib. VI, 37, éd. HAVET.
  • 2Qualité de maître, supériorité, habileté. Je résigne aux plus forts ces grands coups de maîtrise, Régnier, Épît. II.
  • 3Qualité de maître, en parlant des anciennes corporations de métiers. Gagner la maîtrise. En quelque nombre que soient les artisans et les marchands, il faut que tout renchérisse, parce qu'il faut que les maîtrises et les communautés retrouvent toujours de quoi renouveler les fonds communs qu'elles dissipent, Condillac, Comm. gouv. II, 6.
  • 4Maîtrise ou grande maîtrise, se dit de certaines charges ou dignités. L'hiver précédent, le roi avait institué l'ordre de Saint-Louis, et c'est ce qui donna lieu de donner à un particulier la grande maîtrise de Saint-Lazare, Saint-Simon, 14, 165.
  • 5Emploi de maître de chapelle dans une église cathédrale.

    École dans laquelle les enfants de chœur d'une cathédrale reçoivent leur éducation musicale.

    Logement réservé au maître de musique d'une cathédrale, logement où se tient l'école de musique.

  • 6Ancien terme d'eaux et forêts. Maîtrise particulière, juridiction qui connaissait en première instance de ce qui avait rapport aux bois, à la chasse, à la pêche, etc. tant au civil qu'au criminel.

HISTORIQUE

XIIe s. Marsiles sot [sut] des ars bien la maistrie, Roncisv. p. 54. Par grant maistrie sont ovré [travaillés] li giron, ib. p. 51. Car cuer [cœur] et cors [je] met en vostre maistrie, Couci, II.

XIIIe s. Tant fist la male serve par force et par maistrie…, Berte, LXIV. Mais devant ot par grant maistrise Une escharboucle au cercle assise, la Rose, 1105. Mes quant l'en a la chose aquise, Si reconvient il grand mestrise En bien garder et sagement, Qui joïr en vuet longuement, ib. 8298.

XIVe s. Icelluy chevalier par sa maistrie, arrogance, grant puissance et volenté irraisonnable, Du Cange, magisterialis.

XVe s. Amour m'a fait par sa douce maistrie Penser à lui ; et veult que tous siens soye ; Si le feray tous les jours de ma vie ; à li me dong [je me donne] ; pourquoy ne le feroye ? Deschamps, Poésies mss. f° 174.

XVIe s. En usage et action gist maistrise et experiment, Génin, Récréat. t. II, p. 238. Ce n'est pas maistrise de faire comme les autres, Leroux de Lincy, t. II, p. 136. Je ne sçache homme qui peust apporter plus de parties, et naturelles et acquises, propres à conserver la maistrise [l'autorité de maître], Montaigne, II, 80.

ÉTYMOLOGIE

Dérivé de maître ; provenç. majestria, maestria, magestria ; anc. espagn. mestria ; espag. mod. et ital. maestria.