« militaire », définition dans le dictionnaire Littré

militaire

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militaire

(mi-li-tê-r') adj.
  • 1Qui concerne la guerre. Les institutions militaires. L'ordre et la discipline militaire s'augmentaient avec les armées, Bossuet, Marie-Thér. [à Rome] les actions militaires avaient mille récompenses qui ne coûtaient rien au public et qui étaient infiniment précieuses aux particuliers, Bossuet, Hist. III, 6. Il est triste que j'aie trouvé si peu de mémoires sur les négociations du baron de Gortz ; c'est un point d'histoire très intéressant ; et c'est à de tels événements que tous les lecteurs s'attachent, beaucoup plus qu'à tous les détails militaires qui se ressemblent presque tous, Voltaire, Lett. Schouvaloff, 1er nov. 1761. Les dignités et les récompenses militaires furent prodiguées sous le ministère de Chamillart, Voltaire, Louis XIV, 18.

    Art militaire, l'art de la guerre. Nos Espagnols formés à votre art militaire, Corneille, Sertor. IV, 2. Puisque, pour notre malheur, ce qu'il y a de plus fatal à la vie humaine, c'est-à-dire l'art militaire, est en même temps ce qu'elle a de plus ingénieux et de plus habile, Bossuet, Louis de Bourbon.

    Justice militaire, celle qui s'exerce parmi les troupes, suivant des lois spéciales, suivant le code militaire.

    Exécution militaire, la peine de mort infligée aux soldats pour délits militaires.

    Exécution militaire signifie aussi les violences qu'on exerce militairement dans un pays pour punir les habitants de leur résistance ou pour les contraindre à quelque chose.

    Architecture militaire, l'art de fortifier les places.

    Chantier militaire, chantier où se construisent les vaisseaux de guerre.

    Les ordres religieux et militaires, les ordres religieux dont les membres font vœu de combattre les infidèles.

    Confins militaires, se dit des territoires assignés, dans certains États, à une population formée d'anciens soldats, mariés, mais encore enrégimentés.

    Testament militaire, testament fait à l'armée et dans lequel on est dispensé d'observer la plupart des formalités ordinaires.

    Herbe militaire, voy. MILLE-FEUILLE.

    Heure militaire, heure exacte, ponctuelle.

    Honneurs militaires, honneurs qu'on rend en certaines circonstances aux commandants des troupes.

  • 2Il se dit par opposition à civil. Les autorités civiles et les autorités militaires. Les emplois civils et les emplois militaires.
  • 3Qui est fondé sur la force militaire, sur les mœurs militaires. Le royaume de Votre Majesté est purement militaire ; la gloire et l'amour des armes ont toujours distingué la nation française de toutes les autres, et ce n'est que depuis un certain temps qu'il semblait qu'on se fût attaché d'avilir l'état militaire (1743), Corresp. de Louis XV et de Noailles, t. I, p. 182. La plupart des gouvernements sont ou deviennent militaires, Raynal, Hist. phil. XIX, 2. La mort de Néron causa une révolution dans l'État ; l'élection passa aux légions, et la constitution devint militaire, Chateaubriand, Études hist. I, 1. Dans cette révolution toute militaire [la restauration de Napoléon en 1815], dans cet avénement d'empereur romain proclamé par une garde prétorienne, ce qui manquait c'était le nombre des soldats, Villemain, Souvenirs contemporains, Cent-Jours, ch. V.
  • 4Guerrier, guerrière (il n'est plus guère usité en ce sens). Ayant régné sept ans, son ardeur militaire Rallume cette guerre où succomba son frère, Corneille, Rodog. I, 1. Laissez moins de fumée à vos feux militaires, Corneille, Nicom. II, 3.
  • 5 S. m. Militaire, un homme de guerre. Les militaires et les bourgeois. Il jeûnait régulièrement tous les samedis… bien différent de ces militaires qui déshonorent la profession des armes par cette honte trop commune de bien faire les exercices de la piété, Bossuet, Gornay. Militaire oublié par ses maîtres altiers, Voltaire, Irène, I, 2.
  • 6 Collectivement. Le militaire, la totalité des gens de guerre. Si jamais la noblesse ou le militaire adoptait une pareille maxime, Rousseau, Écon. 1. J'ose espérer qu'on fera bientôt une nouvelle édition in-4° [de l'Histoire du maréchal de Saxe], avec des planches qui me paraissent absolument nécessaires pour l'instruction de tout le militaire, Voltaire, Lett. d'Espagnac, 15 déc. 1773. Le ministre éclairé qui, en changeant la forme de notre militaire, a diminué le nombre des officiers, Saint-Lambert, Saisons, Discours préliminaire. Son gouvernement [celui de l'Angleterre] formé de royauté et d'aristocratie, sa religion moins pompeuse que la catholique et plus brillante que la luthérienne, son militaire à la fois lourd et actif ; tout participe des deux sources dont il découle, Chateaubriand, Génie, III, III, 5.
  • 7Le militaire, la carrière des armes. … que M. le duc d'Aiguillon avait très bien servi l'État et le roi, tant dans le militaire que dans le civil, Voltaire, Lett. Morangiès, 30 oct. 1772.

REMARQUE

1. Saint-Simon a dit : Le baron de Bressé acquit bientôt la confiance du roi et toute l'estime militaire [des gens de guerre], I, 26. Cet emploi n'est pas usité.

2. Militaire n'était point entré dans l'usage commun de la langue au temps de Vaugelas : p. 364 de l'éd. in-4° 1704, à propos du mot expédition, auquel on commençait à donner le sens de campagne, il dit : « Si je m'en servais, j'y voudrais toujours ajouter mititaire, et dire une expédition militaire, des expéditions militaires ; car cette épithète l'explique en quelque façon, quoique la plupart des dames entendent aussi peu militaire qu'expédition. »

HISTORIQUE

XIVe s. Et ainci ot on comices de tribuns militaires, Bercheure, f° 100.

ÉTYMOLOGIE

Lat. militaris, de miles, militis, soldat.