« mondain », définition dans le dictionnaire Littré

mondain

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

mondain, aine

(mon-din, dè-n') adj.
  • 1Qui appartient à la vie du monde, par opposition à la vie religieuse. J'ose me livrer à ma sainte ardeur, j'ose insulter aux mortels, en leur avouant que je me suis servi de la science mondaine, que j'ai dérobé les vases d'Égypte, pour en construire un temple à mon Dieu, Staël, Allem. III, 10.

    Œuvre mondaine, œuvre mercenaire, servile.

    Loi mondaine, loi composée du code Théodosien pour les Romains, et des codes nationaux des barbares pour ces derniers ; se disait par opposition à la loi canonique.

    Ère mondaine, ère de la création.

  • 2Qui aime les vanités du monde. Il voulait que leur simplicité et leur modestie [des muses chrétiennes] les distinguassent de leurs autres sœurs, qui sont plus mondaines et plus enjouées, Guez de Balzac, Socrate chrét. Disc. 7. Demandez à cette femme mondaine si elle compte comme un péché de ne vouloir jamais ménager quelques moments pour écouter la parole de Dieu, Bourdaloue, Dim. de la Sexagés. Dominic. t. I, p. 423. Ne sont-ce pas les plus mondains que nous voyons les plus éloquents à déclamer contre le monde ? Bourdaloue, 14e Dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 414.

    Plus particulièrement, il se dit, par opposition aux gens retirés, de ceux qui aiment les plaisirs des réunions du monde, bals, soirées, spectacles. Cette femme est mondaine.

    Qui se ressent des vanités du monde, en parlant des choses. Au milieu des divertissements mondains, où quelquefois ils semblaient avoir part, ils n'oubliaient pas les devoirs de la pénitence, Bourdaloue, 4e dim. après l'Épiph. Dominic. t. I, p. 213. Tous ces honneurs mondains ne sont qu'un bien stérile, Des humaines vertus récompense fragile, Voltaire, Henr. VII. Sachez surtout que le luxe enrichit Un grand État, s'il en perd un petit ; Cette splendeur, cette pompe mondaine D'un règne heureux est la marque certaine, Voltaire, Défense du Mondain.

  • 3 Substantivement. Mondain, mondaine, celui, celle qui est attachée aux choses du monde. Le désordre ancien et commun était de voir avec compassion un insensé, sous le nom d'amant prodigue, et prodigue jusqu'à l'extravagance, contenter l'avarice et entretenir le luxe d'une mondaine qu'il idolâtrait, Bourdaloue, Carême, Sur l'impureté. Nous ne voyons point de mondains contents du monde, et nous voyons des serviteurs et des servantes de Dieu, contents de Dieu auquel ils se sont dévoués, Bourdaloue, Sur la récomp. des saints, 1er avent, p. 30. Quand il voit tant de mondains et de mondaines que l'ambition rassemble et qui tous à l'envi cherchent à se montrer…, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 32. Voici la Défense du Mondain [titre d'une pièce de vers] ; j'ai l'honneur de vous l'envoyer, non-seulement comme à un mondain très aimable, mais comme à un guerrier très philosophe, qui sait coucher au bivouac aussi lestement que dans le lit magnifique…, Voltaire, Défense du Mondain, au maréchal de Saxe.

    Un sage mondain, un homme sage mais peu dévot (locution qui vieillit).

    Plus particulièrement, celui, celle qui aime les réunions, les soirées, les bals, les spectacles.

  • 4Pigeons mondains, sorte de pigeons. Une autre race est celle des pigeons mondains ; c'est la plus commune et en même temps la plus estimée à cause de sa grande fécondité, Buffon, Ois. t. IV, p. 325.

HISTORIQUE

XIVe s. Ft vous ostez de toutes pensées terriennes et mondaines, Ménagier, I, 3. Nous loons un bon homme aucune foiz en disant qu'il ne cure des honneurs mundains, Oresme, Eth. 49. Prudence est congnoissance des choses mondaines et civiles, et est pratique, Oresme, Eth. 18.

XVe s. Là nous sysmes [assîmes], et des choses mondaines Pou devisames, Christine de Pisan, Dit de Poissy. C'est uns mondains paradis Que d'avoir dame toudis [toujours] Ainsy fresche, ainsy nouvelle, Deschamps, Poésies mss. f° 174.

XVIe s. Ô vous, mondains, qui vivez en delices, Ne suivant point de Jesus Christ l'enseigne, Marot, I, 302. C'estoit un des plus sages mondains qui ait esté de nostre temps [Cosme de Médicis], Montluc, Mém. t. I, p. 184, dans LACURNE. L'appetit et l'usage des plaisirs mondains, Montaigne, I, 251. Quelques sages mondains, cognoissans les infirmitez qui naissent et dans et hors de nos cerveaux, confesserent franchement qu'ils n'avoient connoissance d'autre chose sinon de leur ignorance, Pasquier, Lettres, t. I, p. 583.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. mondan, monda ; esp. mundano ; ital. mondano ; du lat. mundanus, de mundus, monde 1.