« morfondre », définition dans le dictionnaire Littré

morfondre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

morfondre

(mor-fon-dr') v. a.

Se conjugue comme fondre.

  • 1Ancien terme de vétérinaire. Causer un coryza, un catarrhe nasal, chez le cheval.
  • 2Causer un froid qui pénètre. L'air glacial de la nuit l'a morfondu.
  • 3Se morfondre, v. réfl. Prendre froid. Il pleure souvent les victoires de ce prince, et se morfond auprès de leurs feux de joie, Guez de Balzac, Disc. à la régente. Pendant que sa peur le fait fuir jusque dans le jardin de l'hôtellerie, où il hasarde de se morfondre, Scarron, Rom. com. II, 7.

    Fig. J'aime mieux Bergerac et sa burlesque audace, Que ces vers où Motin se morfond et nous glace, Boileau, Art p. IV.

  • 4Perdre du temps à attendre. La vogue [d'une devineresse] était passée Au galetas ; il avait le crédit ; L'autre femme se morfondit, La Fontaine, Fabl. VII, 15. Un amant qui sans lui se serait morfondu, La Fontaine, Coupe. Et, bravant des sergents la timide cohorte, [le noble] Laissa le créancier se morfondre à sa porte, Boileau, Sat. V. On peut vous reprocher de vous être venu morfondre plus d'un an devant une bicoque, J. Bruslé, Lucien en belle humeur, t. I, p. 379, dans POUGENS. J'avais cru qu'il ne s'agissait que de diminuer le ressort du parlement de Paris, et de ne plus obliger les pauvres provinciaux de courir deux cents lieues pour aller se ruiner et se morfondre dans l'antichambre d'un conseiller au parlement, Voltaire, Lett. Mme de St-Jullien, 6 avril 1777. Pendant les cinq ou six mois que les équipages des navires européens se morfondent ou périssent à Hoang-fou, les agents du commerce font leurs ventes et leurs achats à Canton, Raynal, Hist. phil. V, 25.

    Fig. Au lieu de vous morfondre tristement dans cette vue, osez prendre un plus grand essor, Vauvenargues, Conseils, X.

    Avec ellipse du pronom se. Clarice : Je prendrai du plaisir du moins à le confondre. - Isabelle : J'en prendrais davantage à le laisser morfondre, Corneille, le Ment. III, 3.

    En termes de boulangerie, la pâte se morfond, elle perd la force de fermentation.

HISTORIQUE

XIVe s. S'aucun cheval est morfondu, il le convient tantost faire seigner des jambes devant au plus bas, et au hault du plat des cuisses, et recueillir le sang, et d'icelluy oindre les piés, puis torchier de foing moullié…, Ménagier, II, 3.

XVe s. Eux et leurs chevaux, après la grand chaleur du soleil que ils auront eue le jour, morfondront, ne jà ne s'en sauront garder, Froissart, II, III, 61.

XVIe s. S'il temporise, il pourra veoir morfondre son ennemy et se desfaire soy-mesme, Montaigne, I, 356. Le chaud du jour les estouffoit, et le froid de la nuit les morfondoit, Paré, XXIV, 52.

ÉTYMOLOGIE

On a dit mort et fondre : fondre jusqu'à la mort. Mais, comme le mot est originairement de l'art vétérinaire, il faut y voir, avec Ménage : morve et fondre.