« navrer », définition dans le dictionnaire Littré

navrer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

navrer

(na-vré) v. a.
  • 1Blesser (peu usité en ce sens qui est le sens propre). Cette manière de s'armer jusqu'aux dents avec ses amis me paraît si cruelle, que j'aime cent fois mieux me présenter nu et être navré, Rousseau, Lett. à du Peyrou, 8 janv. 1767.
  • 2Ancien terme de jardinier. Donner un coup de serpe à l'endroit d'un échalas ou d'une perche qui ne sont pas assez droits. Si vous voulez bien planter cet échalas, il le faut un peu navrer, La Quintinye, Jard. I, dans RICHELET.
  • 3 Fig. Causer une souffrance morale comparée à une blessure. Les lumières… Qui, me navrant le cœur, me promettaient la paix, Régnier, Élég. II. C'est assez, ce me semble, de déplorer les pertes publiques ; c'est peu pour moi d'en être navrée, Maintenon, Lett. à Mme de Dangeau, 4 sept. 1704. Vous navrâtes mon âme des plus amères douleurs que j'aie jamais senties, Rousseau, 1er dial. Je suis navré que vous soyez dupe à ce point, et que vous le soyez d'un homme si vil, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 13 mai 1773.

HISTORIQUE

XIe s. Oliviers sent qu'il est à mort naffret, Ch. de Rol. CXLV.

XIIIe s. Tous les navrés ne tous les mors, ne quanques s'en issit, ne sai je mie deviser, Villehardouin, LXXV. Lors fu il [Ninus] navrez d'une saiete dont il morut en la fin, Latini, Trés. p. 32. Crestiens de Troies dit miex [mieux] Du cuer navré de dart des iex, Que je ne vos porrole dire, Huon de Meri, dans HOLLAND, p. 257.

XVIe s. Tant feut grand le cry des navrez que le prieur de l'abbaye sortit, Rabelais, Garg. I, 27. Caesar, couvrant son visage avec sa robbe, abandonna son corps à qui le voulut navrer, Amyot, Brut. 20.

ÉTYMOLOGIE

Norm. nafre, coup, blessure ; provenç. nafrar, naffrar ; ital. naverare, dans le composé innaverare ; de l'anc. h. allem. nabagêr ; holland. neviger, neffiger ; scandin. nafar, tous mots qui signifient instrument pour percer.