« niais », définition dans le dictionnaire Littré

niais

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

niais, aise

(ni-ê, ê-z') adj.
  • 1 Terme de fauconnerie. Qui n'est pas encore sorti du nid, et qui a été pris au nid, en parlant des oiseaux de vol. Un faucon niais.
  • 2 Fig. Qui est simple et encore sans usage du monde. Un garçon niais. Une fille niaise.
  • 3Il se dit des manières, du ton, etc. Tournure niaise. Cette mine entre douce et niaise est passée en une autre toute contraire, et il ne m'est plus rien resté qui ne soit changé, Voiture, Lett. 42. J'ai la tête assez belle, avec beaucoup de cheveux gris, les yeux doux, mais un peu égarés, et le visage assez niais, Voiture, ib. 78. Elle affecte toujours un ton de voix languissant et niais, Molière, Critique, 2.
  • 4Qui annonce la sottise ou l'inexpérience. Une démarche niaise. Ces soupirs ridicules et ces larmes niaises qui font rire tout le monde, Molière, Critique, 7. Ces sortes de pléonasmes [Trois sceptres, à son trône attachés par mon bras, Parleront au lieu d'elles et ne se tairont pas, Nicom., I, 1] sont les plus vicieux ; ils retombent quelquefois dans ce qu'on appelle le style niais : Hélas ! s'il n'était pas mort, il serait encore en vie, Voltaire, Comm. Corn.
  • 5 S. m. et f. Un niais, une niaise.

    Faire, contrefaire le niais, faire semblant d'être simple.

    C'est un niais de Sologne, il est de ces niais de Sologne qui ne se trompent qu'à leur profit, il est adroit et alerte sur ce qui regarde son intérêt et il contrefait le simple.

    La place des niais, la meilleure place. Des niais, sans prier, je me mets en la place, Régnier, Sat. X.

    Populairement. C'est de la graine de niais, c'est une chose qui ne peut tromper que les plus simples.

  • 6 Adv. Parler niais, parler niaisement.

    Rire niais, rire niaisement. La femme de Montchevreuil était une grande créature maigre, jaune, qui riait niais, Saint-Simon, 4, 64.

HISTORIQUE

XIIIe s. Niais est cil [oiseau de chasse] que on a trait dou nif, et que on norrit en son ostel de sa juvente, Latini, Trés. p. 201.

XIVe s. Autres faucons y a qui ont esté prins au nid et sont appelés nyais, Modus, f° LXXVII.

XVe s. Coquins, niays, sots…, Coquillart, Monologue des perruques.

XVIe s. Si le sage n'erroit, le niais creveroit, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 416. Que s'il bastit au lieu qui au pauvre appartienne, Jamais n'en partira le malheur, t'en souvienne ; Car d'un bien mal acquis sur le pauvre niais Le troisieme heritier ne jouyra jamais, Plaisir des champs, p. 75. Parmi ses faveurs vaines [de la fortune], je n'en ay point qui plaise tant à cette niaise humeur qui s'en paist chez moi, qu'une bulle authentique de bourgeoisie romaine qui me feut octroyée, dernierement que j'y estois, pompeuse en sceaux et lettres dorées, Montaigne, IV, 143. Les freres ou pour le moins cousins germains de sot sont niais, fat, badaut, nigaud, badin et plusieurs autres, H. Estienne, Apol. pour Hérod. p. 19, dans LACURNE. Entre tant de François qui usent tous les jours de ces mots, niais ou niez, hagard, debonnaire, leurré, bien peu prennent garde à leur premier usage et s'aperçoivent qu'ils disent des hommes ce qui se dit proprement des oiseaux de proye… ceux-là sçauront que niais ou niez se dit proprement du faucon ou autre oiseau de proye qui est pris au nid et n'ayant encore volé, H. Estienne, Précellence du langage françois, éd. FEUGÈRE, p. 128. Se met au beau milieu de la table, et pensant estre là en un bon lieu et en la place des niais [la bonne place], Bouchet, Serées, liv. II, p. 87, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Ital. nidiace ; d'une forme latine nidacem ou nidiacem, qui vient de nidus, nid. Le provençal nizaic, niaic suppose une autre formation.