« outrager », définition dans le dictionnaire Littré
outrager
Définition dans d'autres dictionnaires :
Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)
outrager
(ou-tra-jé. Le g prend un e devant a et o : outrageant, outrageons) v. a.
- 1Offenser cruellement.
Tigre, assassine-moi du moins sans m'outrager
, Corneille, Poly. V, 3.Qui se laisse outrager mérite qu'on l'outrage
, Corneille, Héracl. I, 2.Il reçut plusieurs blessures, et mourut généreusement pour sa patrie et pour un prince qui l'avait outragé
, Fléchier, Hist. de Théodose, I, 69.Un discours trop sincère aisément nous outrage
, Boileau, Sat. VII.Oubliez-vous qui j'aime et qui vous outragez ?
Racine, Iphig. IV, 6.Il [Dieu] entend les soupirs de l'humble qu'on outrage
, Racine, Esth. III, 4.Jean Jacques est un malade de beaucoup d'esprit et qui n'a d'esprit que quand il a la fièvre ; il ne faut ni le guérir, ni l'outrager
, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 9 avril 1761. - 2Insulter quelqu'un de paroles prononcées ou écrites. Ah ! c'est trop m'outrager.
- N'outragez plus les morts
, Corneille, Nicom. II, 3.Croyez qu'il faut aimer autant que je vous aime, Pour avoir pu souffrir tous les noms odieux Dont votre amour le vient d'outrager à mes yeux
, Racine, Iphig. III, 6.Fontenelle, neveu très zélé du grand Corneille, et que d'ailleurs Racine avait outragé, nous a laissé un parallèle entre ces deux grands hommes, où il met son oncle fort au-dessus de son ennemi
, D'Alembert, Éloges, Despréaux, note 12. - 3Il se dit aussi des choses que l'on considère comme un outrage.
Non, je ne puis souffrir un bonheur qui m'outrage
, Racine, Phèdre, IV, 6. - 4 Fig. Porter une atteinte violente et odieuse.
Le duc d'Estrées est outré qu'un homme qu'il logeait généreusement ait ainsi blessé et outragé l'hospitalité
, Sévigné, 535.Elle [Mme de Monaco] a été défigurée avant que de mourir ; son desséchement a été jusqu'à outrager la nature par le dérangement de tous les traits de son visage
, Sévigné, 20 juin 1678.Ces spectres affamés, outrageant la nature, Vont au sein des tombeaux chercher leur nourriture [lors de la famine du siége de Paris]
, Voltaire, Henr. X.J'ai de tous deux outragé la tendresse
, Voltaire, Enf. prod. III, 5.Profaner.
Par lui, des fils d'Éli la brutale luxure Outragea le saint lieu, les lois et la nature
, Delille, Parad. perdu, I. - 5Faire violence à une femme.
Ils [certains grands singes] sont très ardents pour les femmes, et assez forts pour les violer lorsqu'ils les trouvent seules, et souvent ils les outragent jusqu'à les faire mourir
, Buffon, Quadrup. t. VII, p. 141. - 6S'outrager, v. réfl. Se faire réciproquement des outrages. Ils se sont outragés publiquement.
HISTORIQUE
XVe s. Si vous dy voirement que monseigneur en a conquis [vaincu] en cest an plus de cent, ne il ne cuydoit pas trouver chevalier qui d'armes l'en oultrageast [le surpassât]
, Lancelot du lac, t. II, f° 43, dans LACURNE.
XVIe s. Oultrager quelqu'un
, Amyot, Solon, 32.
ÉTYMOLOGIE
Outrage.