« ouvrer », définition dans le dictionnaire Littré

ouvrer

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ouvrer

(ou-vré)
  • 1 V. a. Fabriquer, façonner. Ouvrer la monnaie.

    Terme forestier. Ouvrer les bois, les travailler, les façonner, les mettre en état d'être employés.

    Faire le travail de l'ouvreur dans une papeterie.

    Par extension et plaisanterie. Tant fut ouvré que…, La Fontaine, Faiseur.

  • 2 V. n. Travailler. Il est défendu d'ouvrer les fêtes et les dimanches.

    Vieux en cette acception.

REMARQUE

Ce verbe faisait j'euvre, il euvre, comme je treuve de trouver. Cela est oublié (voy. cependant un verbe ŒUVRER).

HISTORIQUE

XIIe s. Par grant maistrie sont ovré li giron, Ronc. p. 51. Mout ovre bien cui Dame Dex aïue [aide], ib. p. 147. Sire, dist li traïtres, malement ai ovré, ib. p. 198. Qu'um le laisse en avant, cum il soleit, ovrer, Th. le mart. 31.

XIIIe s. Et clerement fu seu prochainement des Grieus et des François comment il avoit esté estranglés, et comment Morchufles avoit ovré, Villehardouin, XCVIII. Bien surent les deux filles d'or et de soie ouvrer, Berte, LVII. Bertain [elles] treuvent ouvrant d'œuvre très fine et vraie, ib. LVIII. [Sa chambre] Où ele a des hui main mout durement ouvré Au drap de nostre autel que [elle] trouva deschiré, ib. CXXV. Biel signour, li rois de France me requiert ma serour à feme ; j'en voel ouvrer par vo conselg, Chron. de Rains, p. 50. Pour garder ceulx qui ouvroient à la chaucie, fist faire le roy deux beffrois que l'en appelle chas chatiaux, Joinville, 220.

XVe s. On dit, et voir est, que tout edifice est ouvré et maçonné l'une pierre après l'autre… , Froissart, Prol. En tout ce [siége d'Orléans], Dieu ouvroit ; car, quant ung homme venoit pour besogner aus dits pons, il estoit tout ouvrier, comme s'il eust accoustumé toute sa vie, Bibl. des chartes, 2e série, t. III, p. 506.

XVIe s. S'il veut rien faire de nouveau, Qu'il œuvre hardiment en prose, Marot, II, 376. Le sage œuvre, quand il œuvre, par toutes les vertus ensemble, Montaigne, II, 125. Des statues non ouvrées de mortelle main, mais…, Montaigne, II, 148. J'ay la veue claire, mais, à l'ouvrer, elle se trouble, Montaigne, III, 34. De jeunes hommes ceincts de beaux devantez ouvrez à l'aiguille, Amyot, P. Aem. 56. Des vases faits et ouvrez à l'antique, Amyot, ib. Et leseigneur ouvrant avec eux, Bèze, St Marc, XVI, 20. Le temps ouvre, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Bourg. ôvrai ; prov. obrar ; ital. operare ; du lat. operari, qui vient de opera (voy. ŒUVRE).