« pénitent », définition dans le dictionnaire Littré

pénitent

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pénitent, ente

(pé-ni tan, tan-t') adj.
  • 1Qui a regret d'avoir offensé Dieu, qui fait pénitence. Ne pouvant parvenir à la première gloire de la vertu, qui serait de ne point faillir, ils négligent la seconde, qui est de savoir rhabiller ses fautes ; ne pouvant être parfaits, ils ne veulent point être pénitents, Guez de Balzac, De la cour, 6e disc. Jésus-Christ n'impute sa justice qu'à ceux qui sont pénitents et sincèrement pénitents, c'est-à-dire sincèrement contrits, sincèrement affligés de leurs péchés, sincèrement convertis, Bossuet, Var. III, 38. Il [Lamotte] alla se jeter à la Trappe, et se crut pénitent parce qu'il était humilié, D'Alembert, Éloges, Lamotte.

    Voué à la pénitence, en parlant des choses. Loin du monde elle fait sa demeure et son gîte ; Son œil tout pénitent ne pleure qu'eau bénite, Régnier, Sat. XII. Ces saints religieux dont Cassien nous rapporte la vie pénitente, Bourdaloue, 6e dimanche après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 13. J'ai révélé mon cœur au Dieu de l'innocence ; Il a vu mes pleurs pénitents, Gilbert, Ode imitée de plusieurs psaumes.

  • 2 S. m. et f. Pénitent, pénitente, celui, celle qui se repent d'avoir offensé Dieu. Un pénitent est un homme pensif et attentif à son âme, Bossuet, Sermons, Vérit. convers. 1. Qu'est-ce qu'un pénitent ? c'est un coupable qui se reconnaît coupable ; qui se dénonce lui-même comme coupable ; qui vient en qualité de coupable réclamer la miséricorde de son juge et demander grâce, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 325. J'avoue qu'on ne voit que trop de ces demi-pénitents, sans trouble et sans scrupule ; mais ce que je regarde comme le souverain malheur pour eux, c'est cette paix même où ils vivent, Bourdaloue, ib. t. I, p. 389.

    Pénitent du diable, celui qui, après avoir fait pénitence, retourne au péché. Ce charme [du monde] les entraîne [ceux qui avaient fait pénitence], et, les faisant repentir de leur premier choix, les rend des pénitents du diable, selon la parole de Tertullien, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 6.

    Celui, celle qui fait pénitence. Le cardinal de Retz conservera son équipage de chevaux et de carrosses ; car il ne peut plus avoir la modestie d'un pénitent à cet égard-là, comme dit la princesse d'Harcourt, Sévigné, 10 juill. 1675. Les saints canons ordonnaient autrefois aux pénitents d'être plusieurs années dans un état d'expiation, avant que d'être admis à la participation des sacrés mystères, Fléchier, Mme de Mont.

    Avoir l'air d'un pénitent, avoir l'air contrit, humilié. Plus défait et plus blême Que n'est un pénitent sur la fin d'un carême, Boileau, Sat. I.

    Celui, celle qui confesse ses péchés à un prêtre. Malgré certains pénitents que je lui vois [à un prêtre], je ne crois pas sa morale relâchée, Maintenon, Lett. à Mme de Ventadour, t. VII, p. 6, dans POUGENS. Vous pouvez dès ce jour le voir de ma part ; c'est mon pénitent et mon ami, Lesage, Gil Blas, X, 11.

  • 3Nom commun de plusieurs ordres religieux. Les filles pénitentes de la Madeleine. Pénitentes d'Orviète.
  • 4Religieux du tiers ordre de Saint François, qui se disent fondés par le pape Nicolas IV, et qui portaient, à Paris, le nom de piquepus, parce qu'ils avaient un couvent dans un petit village de ce nom.
  • 5Membres de certaines confréries d'Italie et du midi de la France, qui font des processions, nu-pieds, le visage couvert, et se donnent la discipline ; ils assistent les criminels au supplice, ils leur donnent la sépulture. Il y a des pénitents bleus, des pénitents blancs, des pénitents noirs, suivant la couleur de leur habillement. Aller en masque le mardi gras, et le jour des cendres à la procession en sac de pénitent, avec un grand fouet, Fénelon, Dial. des morts mod. (Henri III, la duchesse de Montpensier)
  • 6Nom donné autrefois, dans les mines, avant l'invention de la lampe de sûreté de Davy, à un mineur qui, vêtu de larges vêtements de laine, la tête protégée par un capuchon, allait, risquant bravement sa vie, le soir à la fin du travail, mettre le feu au grisou, avant qu'il ne fût en grande quantité.

HISTORIQUE

XIIe s. Bien sembloit poure peneant, Au baston s'aloit apuiant, Brut, ms. f° 108, dans LACURNE.

XIVe s. Et est necessaire qu'il soit non penitent ou non repentant, Oresme, Eth. 208.

XVe s. [Eau] Breuvaige de penitent, Qui te prent N'a pas bien cause de rire, Basselin, XXIX.

ÉTYMOLOGIE

Lat. poenitentem, de poenitere, qui est le dénominatif de poenitus, pour punitus, de punire ; comparez punir et peine. La forme ancienne et régulière était peneant ; pénitent est refait sur le latin.