« physionomie », définition dans le dictionnaire Littré

physionomie

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

physionomie

(fi-zi-o-no-mie) s. f.
  • 1L'air, les traits du visage. On ne peut faire une bonne physionomie qu'en accordant toutes nos contrariétés, Pascal, Pens. XVI, 10 bis, éd. HAVET. S'il [un jeune homme de bonne figure disant des sottises] m'eût donne des coups de massue sur la tête, il ne m'aurait pas plus affligée ; je jurai de ne me plus fier aux physionomies, Sévigné, 233. La physionomie n'est pas une règle donnée pour juger des hommes ; elle nous peut servir de conjecture, La Bruyère, XII. Une physionomie qui promet une âme et qui ne ment pas, Rousseau, Ém. V. On disait à l'un d'entre eux [homme de la cour] : On ne vous a point vu à la cour depuis la mort du roi ; il répondit : C'est que je n'ai point encore trouvé ma physionomie d'avénement, Diderot, Claude et Nér. I, 34. Personne n'a plus que lui la physionomie de son âme, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 40, dans POUGENS.

    Physionomie heureuse, résultat de tous les traits d'une personne, qui prévient en faveur de son caractère.

    Mauvaise physionomie, physionomie qui annonce la méchanceté. Qui es-tu donc, vieux romain [Caton] ? tu as la physionomie mauvaise, un visage dur et rébarbatif, Fénelon, t. XIX, p. 278. On trouve toujours la physionomie mauvaise à un homme qui a fait une méchante action, Voltaire, Mél. litt. Lett. à M le prince de***, lett. X.

  • 2 Absolument. Certain air de vivacité et d'agrément répandu habituellement sur le visage. Jamais aucun visage de femme n'a tant mérité que le sien, qu'on se servît de ce terme de physionomie pour le définir et pour exprimer tout ce qu'on en pensait en bien, Marivaux, Marianne, 4e part. On croit que la physionomie n'est qu'un simple développement de traits déjà marqués par la nature ; pour moi, je penserais qu'outre ce développement, les traits du visage d'un homme viennent insensiblement à se former et à prendre de la physionomie par l'impression fréquente et habituelle de certaines affections de l'âme, Rousseau, Ém. IV. Nous serions fort embarrassés de dire bien précisément ce que c'est que d'avoir de la physionomie, Diderot, Lett. sur les aveugles.

    Il se dit aussi des animaux. Le lion fait mouvoir la peau de sa face, ce qui ajoute beaucoup à sa physionomie, Buffon, Morceaux choisis, p. 217.

  • 3Aspect particulier qui, pour chaque être vivant, résulte de l'ensemble de ses parties tant intérieures qu'extérieures. Ce qu'on peut appeler la physionomie dans tous les êtres vivants, dépend de l'aspect que leur tête présente lorsqu'on les regarde de face, Buffon, Ois. t. XIII, p. 162.
  • 4 Fig. Caractère qui distingue certaines choses de toutes les autres. Ce pays a une physionomie particulière.
  • 5Art de juger, par les traits du visage, quel est le caractère d'une personne. Ou toutes les règles de la métoposcopie et de la physionomie sont fausses, ou il devait être pendu, Hauteroche, Crispin méd. II, 4.

HISTORIQUE

XIIIe s. Il ont moult de sages d'un art que l'on appelle phisonomie : c'est de cognoistre les personnes, de quelle maniere et de quelle qualité elles sont, Marc Pol, p. 619.

XIVe s. Celle [une devineresse] perceut sa chiere [la face de Bertrand] et ses mains regarda, La maniere de lui, et très bien l'avisa, Et sa phizonomie très bien considera, Guesclin. 105.

XIVe s. Or, me plaist de viser, et raison m'y instruit, la phinozomie et personne du susdit noble sage prince, Christine de Pisan, Charles V, I, 7. Si veit [elle vit] que sa philozomie donnoit à cognoistre que…, Perceforest, t. II, f° 137.

XVIe s. Bon cueur, bon corps, bonne phizionomie, Boire matin, fuïr noise et tanson, Marot, Enfants sans soucy.

ÉTYMOLOGIE

Altération de physiognomonie ; prov. phizonomia ; esp. et ital. fisonomia.