« pourtant », définition dans le dictionnaire Littré

pourtant

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pourtant

(pour-tan) conj.
  • 1Pour cela (sens archaïque aujourd'hui tout à fait inusité).
  • 2Néanmoins, malgré cela. Ses écrits [de Juvénal], pleins partout d'affreuses vérités, Étincellent pourtant de sublimes beautés, Boileau, Art p. II. Ajoutez-y la gloire de la vertu ; le monde la craint et la fuit, mais le monde pourtant la respecte, Massillon, Pet. carême, Triomphe de la relig. Qu'enfin le dieu Terme des Romains ne reculerait jamais ; ce qui arriva pourtant sous Adrien, Montesquieu, Rom. X.

SYNONYME

POURTANT, CEPENDANT. Étymologiquement, ces deux mots n'ont rien de commun : cependant veut dire pendant ce temps ; et pourtant signifie pour une si grande chose, pour un tel motif, sens qu'il a toujours dans l'ancienne langue. Mais ces mots se sont rapprochés. Cependant, annonçant que, tandis qu'une certaine chose se montre, se passe, apparaît, une autre contraire a lieu, et pourtant, passant au sens de pour si grand que ce soit, ont pris par là un sens adversatif. Mais dans l'usage il est bien difficile de saisir une nuance entre ces deux adverbes.

HISTORIQUE

XIIe s. Onques vers lui [elle] n'oi [je n'eus] faus cuer ne volage ; Si m'en devroit pour tant mieus avenir, Couci, XI.

XVe s. Le duc d'Anjou jeta son avis à aller mettre le siege devant Bergerac, pourtant qu'elle est la clef de la Gascogne, Froissart, II, II, 1. Je dis que je n'irois point seul et que je voulois un tesmoin : et pourtant vint avec moy un appellé Robertet, Commines, VIII, 7. Ce qu'ils [les Anglais] refuserent, pourtant que ils ne voulurent faire ledit hommage, Commines, I, 7.

XVIe s. Pourtant [pour tous ces motifs], mon filz bien aymé, le plus toust que faire pourras, retourne, Rabelais, Garg. I, 29. Moy qui ay la bouche si effrontée, suis pourtant par complexion, touché de cette honte, Montaigne, I, 16. Il vouloit bien assommer, mais non pas blecer, et pourtant ne combattoit que de masse, Montaigne, I, 323.

ÉTYMOLOGIE

Pour et tant, proprement pour si grande chose, pour tout cela. C'est aussi le sens ancien ; et le sens moderne ne commence à se trouver, et encore rarement, qu'au XVIe siècle.