« préoccuper », définition dans le dictionnaire Littré

préoccuper

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

préoccuper

(pré-o-ku-pé) v. a.
  • 1Saisir d'avance (sens qui a vieilli). …Besoin est-il d'aller au-devant des maux, préoccuper une douleur que nous sentirons assez tôt quand l'occasion en sera venue, et gâter la jouissance du présent par l'appréhension de l'avenir ? Malherbe, les Épît. de Sénèque, XXIV.
  • 2S'emparer d'avance de l'esprit par une opinion. Je ne prétends pas de préoccuper votre jugement, Guez de Balzac, Liv. VIII, lett. 24. L'Église, autorisée par les miracles qui ont préoccupé la créance, Pascal, Pens. XXIII, 13, éd. HAVET. Tout cela n'aboutit qu'à rendre une âme faible et timide, et qu'à la préoccuper contre les meilleures choses, Fénelon, Éduc. filles, III. Pour empêcher que de faux rapports ne préoccupent personne à mon désavantage dans des pays aussi éloignés que l'est Genève d'ici, Bayle, Lett. 26 mars 1691.
  • 3Occuper d'avance l'esprit. …Si l'intérêt m'avait préoccupée, J'agirais pour César et non pas pour Pompée, Corneille, Pomp. I, 3. Peut-être un songe vain m'a trop préoccupée, Racine, Athal. II, 5.
  • 4Se préoccuper, v. réfl. Avoir l'esprit saisi par une opinion préconçue. Les fausses louanges que les commentateurs lui donnent [à leur auteur] sont souvent cause que des personnes peu éclairées, qui s'adonnent à la lecture, se préoccupent et tombent dans une infinité d'erreurs, Malebranche, Rech. II, 2e part. ch. 6.

REMARQUE

C'est une faute fort commune aujourd'hui d'employer se préoccuper pour s'occuper. Tous nos ministres à la Chambre des députés, quand on leur signale une difficulté, disent qu'ils s'en préoccupent ou s'en sont préoccupés ; et tous les journaux répètent cette mauvaise locution.

HISTORIQUE

XVIe s. Le roy Charles sixiesme, qui avoit esté quarante deux ans roy et la plupart du temps preoccupé de son sens, trespassa de ce siecle l'an 1422, J. de Saint-Gelais, Hist. de Louis XII, p. 21. dans LACURNE. Si c'est un sçavant qui juge, il est preoccupé [prévenu], Montaigne, II, 233. Nos maistres preoccupent et gaignent avant main autant de lieu en nostre creance qu'il leur en fault pour…, Montaigne, II, 285. Nostre curiosité s'amusant à preoccuper les choses futures, Montaigne, I, 43. Les Aetoliens avoient preoccupé toutes les advenues et passages par lesquelz il falloit passer pour aller en la ville de Delphes, Amyot, Démétr. 55.

ÉTYMOLOGIE

Lat. præoccupare, de præ, avant, et occupare, occuper.