« pâque », définition dans le dictionnaire Littré

pâque

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pâque

(pâ-k') s. f.
  • 1Fête solennelle célébrée tous les ans par les Juifs, en mémoire de leur sortie d'Égypte ; c'était la première des cinq fêtes des Hébreux, elle durait sept jours à partir du 14 du mois de nisan. C'est la pâque, c'est-à-dire le passage du Seigneur, Sacy, Bible, Exode, XII, 11. Que les enfants d'Israël fassent la pâque au temps prescrit, c'est-à-dire le quatorzième jour de ce mois sur le soir, selon toutes les cérémonies et les ordonnances qui leur ont été marquées, Sacy, ib. Nombr. IX, 2. Jamais pâque ne fut célébrée comme celle qui se fit en l'honneur du Seigneur dans Jérusalem la dix-huitième année du roi Josias, Sacy, ib. Rois, IV, XXIII, 23.

    Immoler la pâque, manger la pâque, manger l'agneau que la loi de Moïse prescrit d'immoler à cette fête. Le culte de la pâque s'observera de cette sorte : nul étranger n'en mangera…, Sacy, Bible, Exode, XII, 43.

  • 2 S. m. Pâque ou Pâques, fête annuelle en l'honneur de la résurrection de Jésus-Christ, que les chrétiens célèbrent toujours le premier dimanche après la pleine lune qui suit l'équinoxe du printemps fixé au 21 mars, 6 heures du matin, par le concile tenu à Nicée en 325 (on met une majuscule) ; Pâque ne peut pas être, d'après cela, plus tôt que le 22 mars, ni plus tard que le 25 avril, Legoarant À Pâques prochain. On dit que Pâques est haut quand il est tard. Quand Pâques sera venu. Que direz-vous de moi ? c'est demain le jour de Pâques ; et j'ai passé la soirée à jouer au trictrac avec M. de Montchevreuil, Maintenon, Lettr. à M. Dangeau, 5 sept. 1718.

    La quinzaine de Pâques, tout le temps qui est entre le dimanche des Rameaux et celui de Quasimodo inclusivement.

    La semaine de Pâques, le temps qui est entre la fête de Pâques et le dimanche de Quasimodo aussi inclusivement.

    Se faire poissonnier la veille de Pâques, s'engager dans une affaire au moment où il n'y fait plus bon.

    Œufs de Pâques, voy. ŒUFS.

    Se faire brave comme au jour de Pâques, se parer comme en un jour de fête.

    Familièrement. Long comme d'ici à Pâques, très long. Je voudrais que vous l'eussiez vue les matins manger une beurrée longue comme d'ici à Pâques, Sévigné, 242.

  • 3 S. f. pl. (avec une majuscule). Pâques fleuries, le dimanche des Rameaux, qui précède immédiatement celui de Pâques.

    Pâques closes, le dimanche de Quasimodo qui suit immédiatement celui de Pâques.

    Pâques aux roses, la Pentecôte.

    Pâques de l'Ascension, l'Ascension.

    Faire ses Pâques, faire de bonnes Pâques, communier à l'époque prescrite, c'est-à-dire dans la quinzaine qui précède ou qui suit Pâques. Si j'avais autant pleuré mes péchés, que j'ai pleuré pour vous depuis que je suis ici, je serais très bien disposée pour faire mes Pâques et mon jubilé, Sévigné, 34.

    Faire les Pâques, s'est dit pour communier à une époque quelconque. Le roi partit de Blaye le 30, et arriva la veille de la Toussaint à Saintes, où il séjourna pour y faire ses Pâques, Bassompierre, Mém. t. II, p. 236, dans LACURNE.

  • 4Pâques véronaises, massacre des Français à Vérone, en 1797.
  • 5Pâques-Dieu, jurement de Louis XI.

PROVERBES

Il faut faire carême-prenant avec sa femme et Pâques avec son curé.

Il faut faire une dette payable à Pâques pour trouver le carême court (voy. CARÊME).

Entre Pâques et la Pentecôte le dessert est une croûte, c'est-à-dire il n'y a plus de dessert, les fruits ne sont pas encore venus, et les confitures sont mangées. (Dans ce proverbe qui représente deux vers, on entend souvent prononcer pentecoute pour la rime ; pour la même raison, on dit quelquefois crotte au lieu de croûte.)

HISTORIQUE

XIIIe s. Ensi come vos aves oï, fu li os [l'armée] herbergiés, et Constantinoble prise le lundi de Pasques flories, Villehardouin, CVI. Ensi furent la Pasque florie et la grant Pasque après, en cele grant honeur et en cele joie que Diex leur avoit donnée, Villehardouin, CVIII. Sainte Eglise fait la pasque le premier dimanche qui vient après cele lune plaine [de mars], porce que Jhesu Crist resuscita de mort en celui jor, Latini, Trés. p. 145.

XIVe s. Le merquedi après Pasques closes, Du Cange, Pascha. Jeudi devant la feste de pasques communiant, Du Cange, ib.

XVe s. En ce temps eschurent Pasques si haut, que environ Pasques closes on eut l'entrée du mois de mai, Froissart, I, I, 194.

XVIe s. Ils s'y attendoient comme à leurs œufs de Pasques, Despériers, Contes, XXVIII. Et auparavant que Pasque soit passée, Carloix, VI, 37. [Marie Stuart] fit là ses pasques [communia] par le moyen d'hostie consacrée que le bon pape Pie V luy avoit envoyée pour s'en servir à la necessité, Brantôme, Dames illustres, p. 144, dans LACURNE. Il luy arriva de jurer à la chaude cole [en grande colère] son grand Pasque-Dieu, et dire que s'ils n'obeissoient à son vouloir, il les feroit mourir, Pasquier, Rech. liv. VI, p. 568, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Prov. pasca, pasqua ; de l'hébreu pascha, qui signifie passage. On trouve dans les anciens textes pascor avec le sens de printemps : XIIe siècle : [Les amants tièdes] Ne chantent fors qu'en pascor ; Lors se plaignent sans dolor, Couci, I. Le temps pascor ou pascor, où pascor est certainement un génitif pluriel, signifie l'entrée du printemps ; on y a vu un génitif pluriel de pascha ; mais le plus probable est que pascor représente le latin pascuorum, le temps où les pacages commencent.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PÂQUE. - HIST.

XVIe s. Ajoutez : [Ces négociations] empeschoient plusieurs de se declarer, comme ne voulant pas se faire poissonniers la veille de Pasques, D'Aubigné, Hist. II, 172.