« ranimer », définition dans le dictionnaire Littré

ranimer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ranimer

(ra-ni-mé) v. a.
  • 1Rendre à la vie. La voix du Dieu vivant a ranimé ta cendre, Racine, Athal. IV, 6. … Par nos regrets les ranimerons-nous ? Ducis, Rom. IV, 1.
  • 2 Par extension, redonner de la vigueur, du mouvement. Par tes conseils flatteurs tu m'as su ranimer, Racine, Phèdre, III, 1. L'esprit qui règne dans la lettre de Bruxelles du 25 de novembre, ranimerait le pauvre hibou [Voltaire], si quelque chose pouvait le ranimer, Voltaire, Lett. Prince de Ligne, 13 déc. 1776. Et moi, quand le midi de ses feux bienfaisants Ranime par degrés mes membres languissants…, Lamartine, Médit. I, 24.

    Réveiller les sens, tirer de la langueur. Sa vue a ranimé mes esprits abattus, Racine, Athal. II, 5. Dieu, ranime mes sens trop faibles pour ma joie ! Voltaire, Zaïre, II, 3.

    Fig. Il est bien plus aisé de modérer les excès de piété que de ranimer sa langueur et sa paresse, Massillon, Carême, Mort.

  • 3Redonner du courage. M. de Montausier ranima les citoyens par sa présence [en une peste], les excitant à s'aider mutuellement par des offices réciproques, Fléchier, Duc de Mont.
  • 4Donner plus d'activité, en parlant de choses intellectuelles et morales. La conversation tombait, il la ranima. N'importe, en l'attendant, préparons sa victoire ; Dans l'esprit d'un rival ranimons sa mémoire, Corneille, Tite et Bérén. I, 3. Renouvelons-le dans nous, ce désir si salutaire ; ne cessons point de le réveiller, de le ranimer par la fréquente méditation de l'importance infinie du salut, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 52. Je voudrais vous marquer ce zèle avec lequel Mme d'Aiguillon ranimait la charité en un siècle où elle est non seulement refroidie, mais presque éteinte, Fléchier, Aiguillon. Mais ne craignez-vous point que… Je ne ranime encor ma satirique audace ? Boileau, Épigr. XXX. Pour exercer leur vertu, ou ranimer leur vigilance, Massillon, Carême, Lazare. Il n'a remarqué de votre rêve que ce qui ranimait ses douleurs, Rousseau, Hél. V, 10.

    Ranimer à, exciter à. Mais craignez avec moi que ce choix ne ranime Cette haine mourante à quelque nouveau crime, Corneille, Rod. III, 4.

  • 5Donner plus de force, plus d'éclat, en parlant d'objets physiques. Ranimer le feu qui s'éteignait. L'arrivée de troupes fraîches ranima le combat. Ranimer les couleurs d'un tableau. La joie a ranimé son teint. Une pluie douce ranime les plantes.
  • 6Se ranimer, v. réfl. Revenir à la vie. Ces ossements se rejoindraient et se ranimeraient pour me dire : Pourquoi viens-tu mentir pour moi qui ne mentis jamais pour personne ? Fléchier, Duc de Montaus. Les morts se ranimant à la voix d'Élisée, Racine, Athal. I, 1.
  • 7 Fig. Reprendre de nouvelles forces, une nouvelle activité. Aussitôt Télémaque, dont les forces étaient épuisées, commence à se ranimer, Fénelon, Tél. XVI. Je sentirai mon cœur encor se ranimer, Voltaire, Tancr. I, 1. Il se ranime à parler de son ancien temps, de ses amours, de ses campagnes, des combats où il s'est trouvé, du courage de ses compatriotes, Rousseau, Hél. V, 2. Je ne sais par quel hasard une superstition de mon enfance s'est ranimée dans mon cœur, Staël, Corinne, XI, 1.

ÉTYMOLOGIE

Re…, et animer.