« rassurer », définition dans le dictionnaire Littré

rassurer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rassurer

(ra-su-ré) v. a.
  • 1Redonner sécurité, assurance. Jugez si vos discours rassurent mes esprits, Corneille, Pomp. III, 2. Elle, toujours intrépide autant que les vagues étaient émues, rassurait tout le monde par sa fermeté, Bossuet, Reine d'Anglet. Ce lieu couvert d'un bois et d'une rivière, c'est le poste où il rassurait ses troupes effrayées après une honorable retraite, Fléchier, Turenne. Sa beauté la rassure ; et, malgré mon courroux, L'orgueilleuse m'attend encore à ses genoux, Racine, Andr. II, 5. [Pour le labyrinthe] Un fil n'eût point assez rassuré votre amante, Racine, Phèdre, II, 5. Vous, nourri dans les camps du saint roi Josaphat…Qui rassurâtes seul nos villes alarmées, Racine, Athal. I, 1. Je ne voyais plus d'hommes sur la terre dont la vertu pût me rassurer, Fénelon, Tél. XII.

    Absolument. Il suffit d'aimer pour qu'aucun don de la nature ou du sort ne puisse rassurer entièrement, Staël, Corinne, XVI, 2.

    Rassurer de, redonner assurance contre. Rassurez-moi de ma crainte ; car, sans mentir, j'en ai besoin, Voiture, Lett. 24. Pour le rassurer [le pécheur] de cette crainte, Bossuet, 4e serm. pour le 1er dim. de carême, préambule.

    Rassurer les capitaux, rendre confiance aux gens qui possèdent des capitaux, qui font des affaires. Il faut, avant tout, protéger le commerce, l'industrie, rassurer les capitaux, Moniteur du 29 mars 1867, p. 378, 2e col.

  • 2Rendre plus ferme. Cet événement rassura son pouvoir. Rassurer un homme dans sa foi. Il s'élevait cependant un homme qui semblait devoir rassurer la fortune de la France ; c'était le maréchal duc de Villars, Voltaire, Louis XIV, 18.
  • 3Rendre solide, par un passage, peu ordinaire, du sens moral au sens physique. Rassurer un pont ébranlé.
  • 4 Terme de fauconnerie. Panser le bec d'un oiseau de proie, quand cette partie est fendue.
  • 5Se rassurer, v. réfl. Se remettre d'une crainte, d'un trouble. Mon cœur tant soit peu se rassure, Et je pense que ce n'est rien, Molière, Amph. I, 2. Non, non, rassurons-nous : trop d'amour m'intimide, Racine, Bajaz. III, 7. Je vois que chacun se rassure sur son voisin, Massillon, Carême, Élus.

    Le temps se rassure, il se remet au beau.

HISTORIQUE

XIIIe s. Quant Blonde voit la revenue [retour] De celui dont ele ot eüe Si grant paour et si grant doute, Ele est rasseürée toute, Bl. et Jeh. 4426.

XVIe s. Crassus se rasseura bien tost de ceste peur, quant il sceut qu'il y avoit debat entre eulx, Amyot, Crass. 19. …et qu'elle sceyt leurs noms, puisqu'elle a rasseuré [vérifié] leurs signatures, Carloix, X, 26. Deucalion, comme moins estonné, R'asseure après, et doucement console La femme simple, avec telle parole, Marot, IV, 33. J'ay bien à faire à me r'asseurer en cette creance, Montaigne, II, 102. Celuy à qui ses gents qui l'armoient, voyant frissonner la peau, s'essayoient de le rasseurer…, Montaigne, I, 388.

ÉTYMOLOGIE

Re…, et assurer.