« ravissement », définition dans le dictionnaire Littré

ravissement

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ravissement

(ra-vi-se-man) s. m.
  • 1Action d'enlever, de ravir. Bas-reliefs qui représentaient Jupiter changé en taureau, le ravissement d'Europe, et son passage en Crète au travers des flots, Fénelon, Tél. IX. Pour justifier le ravissement des biens ôtés par l'Église et par les armes à la maison de Toulouse dans la guerre des Albigeois, Voltaire, Ann. Emp. Frédéric II, 1220.
  • 2État de l'esprit transporté de joie, d'admiration. Certes je ne puis faire en ce ravissement Que rappeler mon âme…, Malherbe, I, 1. Que de ravissements je sens à cette fois ! Corneille, le Ment. IV, 4. Mon frère, vous seriez charmé de le connaître [Tartufe], Et vos ravissements ne prendraient point de fin, Molière, Tart. I, 6. Son mari [de Mme de Martel] lui a écrit des ravissements de votre beauté ; il est comblé de vos politesses, Sévigné, à Mme de Grignan, 20 mai 1672. Dans ce ravissement divin [des champs Élysées] les siècles coulent plus rapidement que les heures, Fénelon, Tél. XIX. La manière dont il s'exprime en quelques endroits sur les ravissements que cause la jouissance de la vérité, est si vive et si animée qu'il aurait été inexcusable de se proposer une autre récompense, Fontenelle, Tschirnhaus. Qu'avec ravissement je revois ce séjour ! Voltaire, Tancr. III, 1.
  • 3Le ravissement de saint Paul, l'état de saint Paul enlevé au troisième ciel.
  • 4Sorte d'extase, transport de l'âme hors d'elle-même. Sainte Thérèse s'abîme dans la contemplation de l'immensité de Dieu par les ravissements, les transports et les extases, Fléchier, Panég. Ste Thérèse. Au lieu des cantiques charmants Où David t'exprimait ses saints ravissements, Racine, Ath. II, 9.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et lidiz mestre Dudos parloit aucunes choses estranges et vaines [dans une fièvre] ; et se douterent les phisiciens du ravissement de la matiere, et que ele montast au cervel, Miracles de St Loys, p. 161.

XIVe s. Ravissemenz de personnes, feux boutés, Bibl. des chartes, 5e série, t. I, p. 81. Ravissement est quant l'ame est menée par aucune chose hors elle, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVe s. Quant est à parler de ravissements, violations et autres besognes extraordinaires, il en fut fait, selon les coutumes de la guerre, comme en ville conquise, Monstrelet, II, 117.

XVIe s. Il laissa ses terres venir en friches par un contemnement des choses terrienes et un ravissement de l'amour des celestes, Amyot, Péric. 36.

ÉTYMOLOGIE

Ravir.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

RAVISSEMENT. - HIST.

XVIe s. Ajoutez : Si Son Excellence [Guillaume le Taciturne] n'a pas trop de quoy se nourrir… c'est à cause d'avoir liberalement et heroïcquement employé tout ce qu'il luy restoit du ravissement de la tyrannie espagnole au bien et au salut de sa patrie, Œuvr. de Th. Marnix de Ste-Aldegonde, Écrits politiques et historiques, Bruxelles, 1859, p. 67.