« recéler », définition dans le dictionnaire Littré

recéler

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

recéler

(re-sé-lé. La syllabe cé prend un accent grave, quand la syllabe qui suit est muette : je recèle ; excepté au futur et au conditionnel : je recélerai, je recélerais) v. a.
  • 1Cacher, enfermer. J'ai beau mourir d'amour et de regret pour elle, Chacun me la recèle, Régnier, Plainte. Il [le riche] peut, dans son jardin tout peuplé d'arbres verts, Recéler le printemps au milieu des hivers, Boileau, Sat. VI. Quoi ! lorsque, les chassant du port qui les recèle [les Grecs], L'Aulide aura vomi leur flotte criminelle, Racine, Iphig. V, 4. Eurydice fuyait, hélas ! et ne vit pas Un serpent que les fleurs recélaient sous ses pas, Delille, Géorg. IV.
  • 2 Terme de droit. Garder et cacher une chose volée par un autre. À l'égard de tous autres individus qui auraient recélé ou appliqué à leur profit tout ou partie des objets volés, ils seront punis comme coupables de vol, Code pénal, art. 380.

    Détourner les effets d'une société, d'une succession.

    Donner retraite à des gens qui se cachent.

    Recéler un corps mort, faire l'acte dit recèlement d'un corps mort.

  • 3 V. n. Terme de vénerie. Le cerf recèle, il reste plusieurs jours sans sortir de son enceinte.
  • 4Se recéler, v. réfl. Se tenir caché. Les conseils se recèlent dans le cœur de l'homme à la manière d'un profond abîme sous une eau dormante, Bossuet, le Tellier. Il [l'aperéa] se recèle dans des trous, mais il ne creuse pas la terre comme le lapin, Buffon, Quadrup. t. VII, p. 395.

REMARQUE

Tandis que l'Académie écrit celer et déceler, et, par conséquent au futur, je cèlerai, je decèlerai, elle écrit recéler, et, au futur, je recélerai : et tandis qu'elle écrit recéler, elle écrit re celeur. Il vaudrait mieux rendre tout cela uniforme d'après celer.

HISTORIQUE

XIIe s. Certes, sire, forment t'umilies et trop te repons [te caches] ; mais totevoies ne te poras tu mies receleir devant saint Johan, Saint Bernard, p. 551. Anzois ke [avant que] li humaniteiz fust apparue, si estoit receleie li benigniteiz, Saint Bernard, 547.

XVIe s. Ce qui est recelé [caché, omis dans l'aveu ou dénombrement] est acquis au seigneur, Loysel, 600. Qui eust voulu desrober, prendre, receler, ravir, ou retenir une chose qu'il n'eust sceu cacher, et qu'il n'y avoit pas grande occasion de desirer, ny de proufit à la posseder ? Amyot, Lyc. 13. Si leur servoit [aux jeunes mariés à Sparte] ceste entrevue ainsi recelée, non seulement à ce que ce leur estoit une exercice de continence et de pudicité…, Amyot, ib. 28. Et quelles gens sont-ce ? qui sont ceulx qui les recelent en ceste ville ? Amyot, Pélop. 19. Celle qui receloit des attraits pour surprendre Les braves qui pensoient contre amour se deffendre, Desportes, Angélique, I.

ÉTYMOLOGIE

Re…, et celer ; wallon, ricelé. L'ancienne langue avait la locution en recelée, à recelée, en cachette.