« remontrer », définition dans le dictionnaire Littré

remontrer

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

remontrer

(re-mon-tré) v. a.
  • 1Montrer de nouveau. On a mal vu cet objet ; remontrez-le.

    Terme de vénerie. Donner connaissance de la bête qui est passée.

  • 2Enseigner de nouveau. Remontrez-lui tout, car il a tout oublié.
  • 3Montrer à quelqu'un en quoi il pèche. Monsieur alla trouver la reine, pour lui remontrer les grands inconvénients que la continuation de cette conduite produirait infailliblement, Retz, Mém. t. III, liv. IV, p. 34, dans POUGENS. Avec quelle sainte ardeur parut-il dans le concile de Sens pour remontrer à Pierre Abailard les conséquences et les erreurs de sa conduite ! Fléchier, Panég. II, 70. Les députés de Berne vinrent remontrer à cet ambitieux [Charles le Téméraire], que tout leur pays ne valait pas les éperons de ses chevaliers, Fléchier, Mœurs, 95.

    Remontrer à quelqu'un le tort qu'il a, lui remontrer sa faute, lui remontrer son devoir, faire connaître à quelqu'un le tort qu'il a, la faute qu'il a commise, le devoir qu'il a à remplir. Nestor voulut lui remontrer le tort qu'il avait, Fénelon, Tél. XVI. J'écris à Gabriel Cramer [libraire], et je lui remontre son devoir ; il aurait dû commencer par envoyer des exemplaires à l'Académie, Voltaire, Lett. d'Alemb. 19 déc. 1764.

  • 4 V. n. Faire une remontrance. Voyez le bel oison qui remontre à sa tante, Th. Corneille, Baron d'Albikrac, IV, 3. J'ai pris la liberté de vous faire des remontrances sur votre entreprise ; mais, après avoir remontré, il faut obéir, Voltaire, Blanc et noir.

    En parlant du parlement, faire des remontrances. Le parlement voulut remontrer ; on mit en prison un conseiller, on en exila quelques autres ; le parlement se tut, Voltaire, Louis XIV, 5.

  • 5Se montrer plus instruit sur, faire leçon. Il n'est vilain qui n'en ait fait son apprentissage [des armes], et qui là-dessus n'en remontre aux descendants de Duguesclin, Courier, Lett. X.

    PROVERBE

    C'est Gros-Jean qui remontre à son curé, se dit de celui qui veut enseigner un plus savant que lui.
    Je suis Gros-Jean qui remontre à son curé : j'aime bien mieux lui demander sa bénédiction, Voltaire, Lett. M. de Vaines, 30 mars 1776.
  • 6 Terme de vénerie. Les chiens remontrent quand ils se rabattent de voies trop vieilles.

    Un limier en remontre, quand il fait connaître qu'il trouve une voie, Alm. du chass.

  • 7Se remontrer, v. réfl. Se faire voir de nouveau. On lui avait dit la première fois, que le marquis ne serait de retour que dans trois semaines ou un mois, et sans doute elle attendait que ce temps-là fût passé pour se remontrer, Marivaux, Marianne, part. 11.

    Reparaître, être vu de nouveau. Apollon… Défendit qu'un vers faible y pût jamais entrer [dans le sonnet], Ni qu'un mot déjà mis osât s'y remontrer, Boileau, Art p. II. La pièce, après quelques représentations, disparut du théâtre pour ne s'y remontrer jamais, D'Alembert, Éloges, Genest, note 2.

HISTORIQUE

XVe s. [Messire Louis d'Espagne avoit les neuf plus beaux vaisseaux de la flotte] et entre ces neuf avoit trois galies qui se remontroient dessus tous les autres, Froissart, I, I, 195. [Le connétable de France aux assiégés de Bergerac] leur fit remontrer comment il tenoit tous leurs capitaines, par lesquels confort leur pouvoit estre venu, Froissart, II, II, 7. Pour remonstrer au roy le mauvais ordre et injustice qu'il faisoit en son royaulme, Commines, I, 2.

XVIe s. Sur quoy il me remontra que j'avois mal faict, Montaigne, I, 151. Il remontra l'obligation que la nation luy avoit, Montaigne, II, 35. Puis, ayant lavé son chef, De rechef [le soleil] Remonstre sa face claire, Ronsard, 440.

ÉTYMOLOGIE

Re…, et montrer ; Berry, rebontrer ; wallon, rimostre.