« revancher », définition dans le dictionnaire Littré

revancher

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

revancher

(re-van-ché) v. a.
  • 1 Terme familier. Venger, en le secourant et le défendant, quelqu'un qui est attaqué. Il a revanché son camarade, Dictionn. de l'Acad.
  • 2Se revancher, v. réfl. Se défendre. Il m'a attaqué, je me suis revanché.
  • 3Rendre la pareille en mal. Je veux d'un si bon tour Me revancher…, La Fontaine, Fais. Les jésuites, ainsi pincés sur leur morale d'Europe et d'Asie, s'en revanchèrent sur le temporel, Saint-Simon, 78, 9.

    Fig. Les sens abusent la raison par de fausses apparences, et cette même piperie qu'ils apportent à la raison, ils la reçoivent d'elle à leur tour : elle s'en revanche, Pascal, Pens. III, 19, édit. HAVET.

    Rendre la pareille en bien. Et, puisque mon trépas conserve votre gloire, Pour vous en revancher conservez ma mémoire, Corneille, Cid, V, 7. Tel que soit un bienfait et quoi qu'il en coûte, lorsqu'on l'a reçu à ce titre, on est obligé de s'en revancher, Vauvenargues, Max. 573. Pour vous en revancher conservez ma mémoire : Le mot revancher est devenu bas ; on dirait aujourd'hui : pour m'en récompenser, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Cid, V, 7.

HISTORIQUE

XIIIe s. De revengier les mors et les chetis Qui pour vous sont et pour s'amour [de Dieu] occis, Quesnes, Romancero, p. 100. Ainsinc Pecune se revanche, Comme dame roïne et franche, Des sers qui la tiennent enclose, la Rose, 5221.

XIVe s. Car cilz qui se revenge depuis qu'il est souspris, Et par son grant orgueil ne veut crier mercis, S'il muert en cel estat, je di qu'il en vaut pis, Guesclin. 21160.

XVe s. Pour ayder à revancher la trahison que les Lyegeois lui avoient faicte, Commines, II, 9. Print vouloir au roy de se revencher du duc de Bourgongne, Commines, III, 1.

XVIe s. Revenge-moi, pren la querelle De moi, Seigneur, par ta merci, Marot, IV, 285. Les loix de l'honneur condemnent un dementi souffert, celles de la justice un dementi revenché, Montaigne, I, 119. Ayant esté desvalisé par les ennemis, il feit sur eux, pour se revencher, une belle entreprinse, Montaigne, II, 5. Cette piperie des sens, nostre ame parfois s'en revenche de mesme, Montaigne, II, 367.

ÉTYMOLOGIE

Re…, et venger. Revancher est aussi correct que le serait revenger ou que l'est venger ; la finale icare donnant souvent cher, comme on le voit pour pencher, de pendicare ; Berry, revanger.