« sauf », définition dans le dictionnaire Littré

sauf

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

sauf, auve

(sôf, sô-v') adj.
  • 1Qui n'est point endommagé, qui est hors de péril. L'honneur est sauf. Que la seule Rahab courtisane ait la vie sauve, avec tous ceux qui se trouveront dans sa maison, Sacy, Bible, Josué, VI, 17.

    Il se joint souvent à sain : sain et sauf (voy. SAIN).

  • 2Sauf, prép. Sans blesser, sans porter atteinte à. En vérité, sauf le respect que je te dois, je crois que nous nous trompons, Voltaire, Amabed, 7e lettre. Sauf votre respect, sauf correction, ou révérence parler, locutions du dernier bourgeois, De Caillières, 1690.

    Sauf votre respect, sauf respect, sauf le respect de la compagnie, se disent quelquefois pour adoucir, pour excuser des paroles trop hardies ou trop libres.

    Les paysans disent sauf votre respect quand ils parlent à une personne respectable d'un sujet qu'ils jugent bas et indigne d'elle, par exemple de leur fumier, de leur cochon, etc.

  • 3Sans préjudice, avec réserve de. Vous devez payer cette somme, sauf votre recours contre qui de droit. Je pense, sauf correction, qu'il a le diable au corps, Molière, Avare, I, 3.

    Terme de palais. Adjudication sauf huitaine, sauf quinzaine, sans préjudice de pouvoir enchérir dans la huitaine, dans la quinzaine.

    Sauf l'appel, sans préjudice de l'appel.

    Terme de finance. Sauf erreur de calcul, sauf erreur ou omission, sans préjudice du droit de revenir à compte, s'il y a erreur dans le calcul.

    Terme de chancellerie. Sauf en autre chose notre droit et l'autrui en toutes, se disait pour exprimer que le roi n'entendait ni perdre ses droits ni préjudicier à ceux d'autrui.

  • 4Hormis, excepté. Il lui a légué tout son bien, sauf une terre.
  • 5Sauf à, loc. prép. à la réserve de, sans empêcher, quitte à. Faites vite, sauf à corriger plus tard. Faites-le ainsi, sauf à recommencer.

    Sauf à… de, même sens. Sauf à vous d'admettre ou rejeter mon opinion, quand vous saurez sur quoi je la fonde, Rousseau, Dial. 2.

  • 6Sauf que, loc. conj. avec l'indicatif, hormis que. Tout se passa bien, sauf qu'un moment on s'égara.

REMARQUE

On trouve quelquefois dans les écrits du jour sauf que, avec le subjonctif, pour à moins que. Cela est mauvais.

HISTORIQUE

XIe s. Si [il] recevrat la nostre lei [religion] plus salve, Ch. de Rol. XII.

XIIe s. Qu'il revenroit à lui sans detrier [retarder], Se il pooit sains et saus repairier, Bat. d'Aleschans, V. 7768. Quittement aler s'en poreient, Salvs lur membres e salvs lur cors, Rou, V. 9500.

XIIIe s. Si distrent que il rendroient à li la cité et toutes les choses, sauves lor vies, Villehardouin, XLVII. Qu'il venist à lui au parlement à Pieronne, sauf alant et sauf venant, Chr. de Rains, 170. Sire, sauve vostre grace, je n'entens que je tel ajornement deie acuillir come voz me faites, Ass. de J. I, 81. Et por ce acordons noz c'on mete en sauve main, por le [la] partie des enfans à naistre, por trois enfans, Beaumanoir, XX, 4. Quant li rois done, ou conferme, ou otroie aucunne coze, il est entendus, sauf le droit d'autrui, Beaumanoir, XLVI, 3.

XIVe s. Le droit de nostre seigneur et le nostre sauf en autres choses, et l'autrui en toutes, Lettre de Charles V, Bibl. des ch. 4e série, t. III, p. 426.

XVe s. Et fut bien dansé et bien jouté par l'espace de quinze jours, sauf tant que un moult gentil noble et jeune bachelier y fut tué au jouter, qui eut grand plainte, Froissart, I, II, 192. Le temps que le fruit est meur, cueilly et mis en sauf pour en proufitablement user, Christine de Pisan, Charles V, I, 13.

XVIe s. Donne-moi sauve assurance De tant d'ennemis inhumains, Marot, IV, 237. Les truyes en leur gesine, saulve l'honneur de toute la compagnie…, Rabelais, IV, 7. Sauf sa femme et ses enfants, aulcun ne parle au roy, Montaigne, I, 111. Je regarde non tant ce qu'on m'oste, que ce qui me reste de sauve, Montaigne, IV, 206.

ÉTYMOLOGIE

Génev. sauve, adj. des deux genres ; provenç. salv, salf, sal ; ancien cat. sal ; espagn. et ital. salvo ; du lat. salvus, qui se rattache au sanscr. sarva, entier.