« secousse », définition dans le dictionnaire Littré

secousse

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

secousse

(se-kou-s') s. f.
  • 1Agitation, ébranlement, de ce qui est secoué. Il monta dans la voiture d'Amazan, parce que la sienne était dérangée par la secousse, Voltaire, Princ. de Babyl. 8.

    Fig. Par secousses, par saccades. Ne vous contentez pas de faire certains efforts, et d'être petits par secousses, Fénelon, Lettres spirituelles, dans JAUBERT, Glossaire.

    Terme de manége. Secousse de la bride, synonyme de saccade.

    Terme de musique. Explosion que l'air fait en entrant dans un tuyau d'orgue.

  • 2Il se dit des oscillations du sol dans un tremblement de terre. Jamais il ne se fait une grande éruption dans un volcan, sans qu'elle ait été précédée, ou du moins accompagnée d'un tremblement de terre ; au lieu que très souvent on ressent des secousses même assez violentes sans éruption de feu, Buffon, Add. théor. terr. Œuvr. t. XIII, p. 49.
  • 3Il s'est dit, par abus, pour escousse. Proposez à des enfants de sauter un fossé, tous prendront machinalement leur secousse en se retirant un peu en arrière et courront ensuite, Voltaire, Mœurs, Sauvages.
  • 4 Fig. Atteintes portées à la santé, à la fortune, au crédit, au moral, à l'ordre établi. Je reçois d'étranges secousses, et mon cœur ne tient qu'à un filet, Molière, Préc. 12. Je ne veux pas rapporter tous les effets [de l'imagination] ; je rapporterais presque toutes les actions des hommes, qui ne branlent presque que par ses secousses, Pascal, Pens. III, 3, éd. HAVET. Cette opération donna une grande secousse à l'État, Montesquieu, Espr. XXII, 11. La France ni l'Espagne ne peuvent être en guerre avec l'Angleterre, que cette secousse donnée à l'Europe ne se fasse sentir aux extrémités du monde, Voltaire, Louis XV, 27. Il y a d'anciennes bornes qu'on ne remue pas sans de violentes secousses, Voltaire, Louis XIV, 35. Quels arts se sont perdus, quels se sont conservés, quels autres sont nés dans les secousses de tant de révolutions, Voltaire, Mœurs, Rem. I. Son âme avait besoin d'être remplie et non pas tourmentée ; il ne lui fallait que des émotions douces ; les secousses l'auraient usée et amortie, D'Alembert, Portr. de l'aut. Quand les passions nous donnent de violentes secousses, en sorte qu'elles nous enlèvent l'usage de la réflexion, Condillac, Conn. hum. II, 11. Nous contemplons les secousses du monde politique, comme nous contemplons celles du monde physique, Bonnet, Palingén. XIII, 6.

    Familièrement. Se donner une secousse, faire quelque excès pour changer la disposition où l'on est.

HISTORIQUE

XVe s. Il ne lui faillit qu'une secousse de verges à netoyer sa robe et ses chausses, qu'il ne fust prest, Louis XI, Nouv. XXVII.

XVIe s. Et falloit que la mule, pour boire, se jetast en l'eau, tout de secousse, Despériers, Contes, XCII. Nous tressuons… aux secousses de nos imaginations, Montaigne, I, 91. Ma veue s'y confond ; il fault que je la retire, et que je l'y remette à secousses [reprises], Montaigne, II, 100. J'en cuidai remourir [d'une chute]… et me sens encores de la secousse de ceste froissure, Montaigne, II, 58. Par cette legiere secousse que les avirons donnent, je me sens brouiller l'estomach, Montaigne, IV, 4. Les Ciliciens estoient devenus un peu forts en bride pour la secousse que les Romains avoient receue des Parthes, Amyot, Cicéron, 45.

ÉTYMOLOGIE

L'anc. participe secous (voy. SECOUER à l'historique).