« secours », définition dans le dictionnaire Littré

secours

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secours

(se-kour ; l's ne se lie pas ; cependant quelques-uns la lient : des se-kour-z habiles) s. m.
  • 1Ce qui sert dans un cas pressant pour en sortir. Il ne faut pas tant d'art pour conserver ses jours ; Et, grâce aux dons de la nature, La main est le plus sûr et le plus prompt secours, La Fontaine, Fabl. X, 16. Je fis ouvrir ma porte, j'envoyai mes gens au secours [dans un incendie], Sévigné, 20. Voyons ce qu'il faut attendre de ceux [les amis] qui semblent les plus assurés : faiblesse, méconnaissance, secours en parole, abandonnement en effet, Bossuet, 3e sermon, Passion, 2. Henriette, d'un si grand cœur, est contrainte de demander du secours ; Anne, d'un si grand cœur, n'en peut donner assez, Bossuet, Reine d'Anglet. L'armée victorieuse d'Annibal vint vainement au secours de Capoue, Bossuet, Hist. III, 6. Les dieux m'ont donné du courage, Et c'est un assez grand secours, Quinault, Cadm. IV, 4. …Que tous les Juifs dans Suse répandus …Me prêtent de leurs vœux le secours salutaire, Racine, Esth. I, 3. Le péril des Juifs presse et veut un prompt secours, Racine, ib. III, 8.

    Il se dit, au sens actif, du secours que l'on donne. Mon secours vous est inutile. Tel qu'un ruisseau docile Obéit à la main qui détourne son cours, Et, laissant de ses eaux partager le secours, Va rendre tout un champ fertile, Racine, Esth. II, 9. Je craignais que le ciel, par un cruel secours, Ne vous offrît la mort que vous cherchiez toujours, Racine, Andr. I, 1. J'entrevois vos mépris, et juge à vos discours Combien j'achèterais vos superbes secours, Racine, Iph. IV, 6.

    Il se dit, au sens passif, du secours que l'on reçoit. Venez à mon secours. J'assurerai tes jours, Et mourrai, s'il le faut, moi-même à ton secours, Corneille, Théod. IV, 6. Phalante, transporté de fureur, accourait au secours de son frère, Fénelon, Tél. XVI.

    Au secours ! à mon secours ! cri par lequel on demande du secours.

  • 2Soins, services qu'on donne à un malade. Il reste une certaine timidité après les grandes maladies, qui ne permet pas qu'on s'éloigne du secours, Sévigné, 379. Elle ne fit appeler des secours et avertir ma mère que le quatrième jour de sa maladie, Genlis, Mères riv. t. I, p. 188, dans POUGENS.
  • 3Il se dit simplement de ce qui sert, qui est utile. Appelez la mémoire ou l'esprit au secours, Corneille, Ment. V, 3. Vous me dites des merveilles de votre santé… la Saône vous aura été d'un grand secours avec sa tranquillité, Sévigné, à Mme de Grignan, 23 juin 1677. C'est [le mot vapeurs] un secours pour expliquer mille choses qui n'ont pas de nom, Sévigné, 6 juill. 1689. M. de Gèvres, qui a donné du secours à cette horrible action [un enlèvement], Sévigné, 28 mars 1689. La vanité des choses humaines, tant de fois étalée dans cette chaire, ne se montre que trop d'elle-même sans le secours de ma voix, Bossuet, Duch. d'Orl. Elle [Élisabeth d'Angleterre] croyait les images d'un grand secours pour exciter la dévotion, Bossuet, Var. 10. Le secours de l'absence Est un puissant secours ; C'est l'unique espérance Des cœurs qui veulent fuir les funestes amours, Quinault, Rol. I, 5. Mais bientôt la raison arrivant au secours, Boileau, Disc. au roi. Mais bientôt de son art employant le secours…, Rousseau J.-B. Cantate, Circé. Le secours de vos sages avis, Rousseau, Lett. à Mme de Warens, 29 juin 1735.
  • 4 Au plur. Choses qui servent à secourir, telles qu'argent donné, prêt, aumône, etc. Des familles pauvres ont reçu des secours. Figurez-vous… quelle joie ce peut être… que de donner adroitement quelques petits secours aux modestes nécessités d'une vertueuse famille, Molière, l'Avare, I, 2. Qu'admira-t-on davantage, ou du secours de la princesse Anne qui vint si à propos, ou de ce qu'il vint d'une main dont on ne l'attendait pas ? Bossuet, Anne de Gonz. Combien de familles, de communautés chancelantes ont été soutenues par les secours que Mme la Dauphine leur donnait ! Fléchier, Dauphine.
  • 5Troupes envoyées au secours d'une armée, d'un parti trop faible pour résister à ses adversaires. Un secours de trois mille hommes. Secours étranger. Le secours envoyé par la France aux États-Unis était commandé par Rochambeau. Elle vit périr ses vaisseaux et presque toute l'espérance d'un si grand secours, Bossuet, Reine d'Anglet.

    Par extension. Ah, tête ! ah, ventre ! que ne le trouvé-je à cette heure avec tout son secours ! que ne paraît-il à mes yeux au milieu de trente personnes ! Molière, Scapin, II, 9.

  • 6L'action de secourir une place assiégée. Si le comte d'Harcourt fût mort après la prise des îles Sainte-Marguerite ou le secours de Casal, Sévigné, à Bussy, 6 août 1675.

    Le corps d'armée qui vient secourir une place assiégée. Le secours est entré dans la place.

    Porte de secours, porte d'une citadelle donnant dans la campagne, et par laquelle on peut recevoir du secours ou se retirer.

  • 7Église auxiliaire d'une paroisse, dite plus ordinairement succursale. Cette église n'est pas une paroisse, ce n'est qu'un secours.
  • 8Se disait, parmi les convulsionnaires de Saint-Médard, des coups et des différents supplices que les convulsionnaires réclamaient comme des soulagements. Richelieu s'est mis à lui porter secours à grands coups de souliers ferrés, de telle sorte qu'elle en jurait entre ses dents, cette convulsionnaire, Decourchamps, Souv. de la marquise de Créquy, t. III, ch. 3.

HISTORIQUE

XIe s. [à] Nostre parent [nous] devum estre à sucurs, Ch. de Rol. CLXXXII.

XIIe s. Mais trop vient lent, dame, vostre secours, Couci, VII. Ne n'iert [sera] nus [nul] si hardiz qui lui fasse secors, Sax. XXVII.

XIIIe s. Cil poples est plus fiers que lupart ne lion ; Envers si faite gent nient ne dureron, Se del soudan de Perse prochain souscors n'avon, Ch. d'Ant. II, 915.

XVe s. Le suppliant advisa que l'une d'icelles femmes avoit de l'argent ou [au] secours [poche, doublure] de sa robe, Du Cange, succursus.

XVIe s. Ceux du secours d'Argos [les troupes fournies par Argos], Amyot, Alc. 33. Et ceulx là rompus et fuyans à val de roupte meirent en telle perplexité ceulx qui s'estoient ralliez ensemble pour aller au secours, qu'ilz ne sçavoient qu'ilz devoient faire, Amyot, Aratus, 39. Estant aussi tost arrivé en France si bien à point, et non en secours de Pise, comme l'on dit [secours de Pise, secours qui arrive trop tard], Brantôme, Cap. franç. t. III, p. 60, dans LACURNE. Il n'est secours que de vray ami, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 316.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. secor ; provenç. socors, secors ; espagn. socorro ; portug. soccorro ; ital. soccorso ; du supin succursum, de succurrere, secourir.