« singularité », définition dans le dictionnaire Littré

singularité

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

singularité

(sin-gu-la-ri-té) s. f.
  • 1Qualité de ce qui appartient à un seul individu. Ils ne se rendent ni à la raison évidente, ni à la coutume établie, ni à l'usage reçu ; ils opposent la singularité de leur opinion au consentement des peuples et à la foule des exemples, Guez de Balzac, De la cour, 6e disc. Il ne leur restait [aux pélagiens] que la malheureuse consolation de se dire eux-mêmes ce petit nombre de sages qu'il fallait croire plutôt que la multitude… ce qui était, même en se vantant, un aveu formel de la singularité, et, par conséquent, de la nouveauté de leur doctrine, Bossuet, 1er avert. 34. Je ne crois pas qu'il y ait parmi eux [les protestants] aucun homme de bon sens qui se voyant tout seul d'un sentiment, pour évident qu'il lui semblât, n'eût horreur de sa singularité, Bossuet, Exposé de la doctr. cath. 19.
  • 2Ce qui rend une chose singulière. Ce monument frappe par sa singularité. En un mot, que vous périssiez, c'est le destin ordinaire des pécheurs qui vous ressemblent ; que vous vous convertissiez, c'est une singularité qui a peu d'exemples, Massillon, Carême, Fausse conf. Vous l'avez admiré comme un des premiers hommes de son siècle pour la guerre… comme un des plus éclairés par la singularité des connaissances et la supériorité des lumières, Massillon, Or. fun. Conti. La quantité des connaissances, la singularité des faits, la nouveauté même des découvertes, ne sont pas de sûrs garants de l'immortalité, Buffon, Disc. de réception.
  • 3Manière extraordinaire, bizarre, d'agir, de penser, de parler, etc. Vous savez que je n'ai guère d'inclination à la flatterie ; et une des plus remarquables singularités qui soient en Monseigneur est de ne la pouvoir souffrir, Voiture, Lett. 39. On voit qu'il [Wiclef] ressent une horreur secrète des blasphèmes qu'il profère ; mais il y est entraîné par l'esprit d'orgueil et de singularité auquel il s'est livré lui-même, Bossuet, Var. XI, 153. Nulle singularité ni naturelle ni affectée : il savait n'être, dès qu'il le fallait, qu'un homme du commun, Fontenelle, Newton. Dans la cinquième lettre sur la singularité, il [Sénèque] adresse à Lucilius des conseils dont quelques-uns d'entre nous pourraient profiter, Diderot, Claude et Nér. II, 51. La singularité n'est pas précisément un caractère ; c'est une simple manière d'être qui s'unit à tout autre caractère, Duclos, Consid. mœurs, 9.
  • 4 Au pl. Actes, paroles de singularité. Il y a un peuple, dit-il au roi [Aman à Assuérus], dispersé par tout votre empire, qui trouble la paix publique par ses singularités, Bossuet, Polit. X, III, 5. âmes pures, âmes innocentes, vous ne savez où conduisent de présomptueuses et spirituelles singularités, Bossuet, Ét. d'orais. X, 3. Vous vous informez… si, pour servir Dieu, il est nécessaire d'affecter des singularités qui vous donnent du ridicule aux yeux des autres hommes, Massillon, Carême, Évid. de la loi. Les singularités de la piété dégénèrent souvent en fanatisme, Massillon, Myst. Assomption.

HISTORIQUE

XIVe s. La quinte branche qui vient d'orgueil, si est singularité, c'est à dire quand la personne fait ou dit ce que nul autre ne saroit [saurait] dire ou faire, et veult surmonter et estre singulier en dis et en fais, Ménagier, I, 3. Et de la baselique qui vient dessoubz l'aisselle, sont departiz deux rains [rameaux], et chascun a sa singularité [son usage spécial], Lanfranc, f° 30, verso.

XVIe s. … ny visiter pas une des autres singularitez et merveilles tant renommées qui sont en Egypte, Amyot, Lucull. 5.

ÉTYMOLOGIE

Génev. singuliarité ; provenç. singularitat ; espagn. singularidad ; ital. singularità ; du lat. singularitatem, de singularis, singulier.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SINGULARITÉ. - HIST. Ajoutez : XIIe s. Par la vertu de l'orison assidueie, par la maürteit de vie, par la singulariteit d'abstinence, li Dialoge Gregoire lo pape, 1876, p. 216.