« suppôt », définition dans le dictionnaire Littré

suppôt

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suppôt [1]

(su-pô ; le t ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des su-pô-z insolents) s. m.
  • 1Celui qui, membre d'un corps, remplit de certaines fonctions pour le service de ce corps. Les imprimeurs et les libraires étaient suppôts de l'université. Sans craindre archers, prévôt, ni suppôt de justice, Boileau, Sat. VIII. Le curé de Saint-Côme, suivi d'une troupe de prêtres et de suppôts de l'université, est allé prendre dans son lit le conseiller au Châtelet Tardif, dangereusement malade… il le présenta lui-même au bourreau, Voltaire, Hist. Parl. 32.
  • 2 Fig. Celui qui sert aux mauvais desseins d'un autre. Le diable est appelé le prince du monde et le dieu de ce siècle, parce qu'il a partout des suppôts et des esclaves, Pascal, Prov. XI. être le suppôt du péché et le péché même, Bourdaloue, Passion de J. C. t. I, p. 162. Cet amour du pouvoir que l'on prend dans les camps, Et qui fait des guerriers les suppôts des tyrans, Chénier M. J. Gracques, II, 3.

    Fig. et familièrement. Un suppôt de Satan, une méchante personne. Ah ! suppôt de Satan, exécrable damnée ! Molière, Éc. des femm. II, 6.

    Un suppôt de Bacchus, un ivrogne. Un suppôt de Bacchus Altérait sa santé, son esprit et sa bourse, La Fontaine, Fabl. III, 7.

    Un suppôt de l'empire amoureux, un homme galant. L'un des plus grands suppôts de l'empire amoureux Consumait en regrets la fleur de sa jeunesse, La Fontaine, Joc.

  • 3 Terme de philosophie. Ce qui sert de fondement, de soutien, de sujet. En termes de l'école, on dit que l'humanité est le suppôt de l'homme. Un homme est un suppôt : mais, si on l'anatomise, sera-ce la tête, le cœur, l'estomac… ? Pascal, Pens. XXV, 63, édit. HAVET. Comment connaîtrions-nous distinctement la matière, puisque notre suppôt, qui agit en cette circonstance, est en partie spirituel, Pascal, ib. I, 1. Au lieu de nous borner à ne considérer la matière que comme le suppôt imaginé des propriétés des corps…, Dumarsais, Œuv. t. v, p. 360.

HISTORIQUE

XIVe s. Il n'est nul, tant soit grant docteur, Qui peust, fors Dieu le createur, Sçavoir combien et justement Il faut de chascun element En ung chascun suppost physique, l'Alch. à nat. 625.

XVe s. Retournant à nostre matiere, nous avons le suppoz de nostre œuvre, c'est nostre dit prince né, nourry, parcreu et couronné, Christine de Pisan, Charles V, I, 14.

XVIe s. Quelque bon suppost vous le dira, Cotgrave La plus expresse marque de la sagesse, c'est une esjouissance constante… c'est baroco et baralipton qui rendent leurs suppots ainsi crottez et enfumez, Montaigne, I, 176.

ÉTYMOLOGIE

Lat. suppositus, suppostus, mis dessous, substitué, de sub, sous, et ponere, mettre.