« suspens », définition dans le dictionnaire Littré

suspens

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

suspens

(su-span) adj. m.
  • 1Suspendu, en parlant d'un ecclésiastique. Et déclaraient suspens et interdits ipso facto tous les ecclésiastiques qui, dans quinze jours, n'auraient pas signé leur ordonnance, Racine, Hist. Port-Royal, 2e part.
  • 2En suspens, loc. adv. Dans l'incertitude, sans savoir à quoi se déterminer. Et, pour ne tenir plus en suspens vos esprits, Si vous voulez régner, le trône est à ce prix, Corneille, Rodog. III, 2. Je suis en suspens si… Aux extrêmes moyens je ne dois point courir, Molière, l'Ét. III, 2. Ils attendaient en suspens le jugement du sénat, Bossuet, Hist. III, 6. Il demeure en suspens entre la confusion et la confiance, Fléchier, Dauphine. Lassé de vivre toujours en suspens et dans l'incertitude, je me résolus…, Fénelon, Tél. I. Si Corneille a manqué à son art dans les détails, il a rempli le grand projet de tenir les esprits en suspens, et d'arranger tellement les événements, que personne ne peut deviner le dénoûment de cette tragédie [Rodogune], Voltaire, Comm. Corn. Rem. Rodog. IV, 5.

    En suspens, momentanément arrêté. Elle [Minerve] a tenu tous vos défauts en suspens, comme Neptune, quand il apaise les tempêtes, suspend les flots irrités, Fénelon, Tél. XXII.

    En suspens, qui n'a pas reçu une décision. Et qu'on ne nous dise pas que ces promesses demeurent encore en suspens, Bossuet, Hist. II, 13. On ne pouvait assez louer l'incroyable dextérité de Madame à traiter les affaires les plus délicates, et à guérir ces défiances cachées qui souvent les tiennent en suspens, Bossuet, Duch. d'Orl.

HISTORIQUE

XVIe s. Les autres disciples de Socrates en parlent bien ; mais c'est en suspens, pource que nul n'a osé prononcer d'une chose dont il n'estoit pas bien persuadé, Calvin, Instit. 127. Ils laissent tout enveloppé, suspens et confus par diversité d'opinions, Calvin, ib. 1173. La plus penible assictte pour moy, c'est estre suspens ez choses qui pressent, Montaigne, III, 47. Vault il pas mieux demeurer en suspens, que de s'infrasquer en tant d'erreurs que l'humaine fantasie a produites ? Montaigne, II, 232. Combien y a il de choses peu vraysemblables… desquelles si nous ne pouvons estre persuadez, au moins les fault il laisser en suspens ! Montaigne, I, 202. J'ay peur de tenir trop long-temps le lecteur suspens touchant la provision curieuse de notre langage, H. Estienne, Précell. édit. FEUGÉRE, p. 116.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, suspein, en suspens ; du latin suspensus, de suspendere, suspendre.