« teinte », définition dans le dictionnaire Littré

teinte

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

teinte

(tein-t') s. f.
  • 1 Terme de peinture. Il se dit des nuances qui résultent du mélange de deux ou de plusieurs couleurs. L'habile artiste doit confondre et mêler les teintes, Rousseau, Ém. v. Si la richesse de la langue s'y prêtait et qu'elle possédât huit cent dix-neuf mots correspondants aux huit cent dix-neuf teintes de la palette, il faudrait qu'il employât le seul qui rendrait précisément la teinte de l'objet, Diderot, Pensées sur la peint. Ainsi, par une teinte avec art assortie, Vernet de deux couleurs éteint l'antipathie, Delille, Jard. II. L'art d'écrire semble avoir suivi l'art de la peinture ; la palette du poëte moderne se couvre d'une variété infinie de teintes et de nuances, Chateaubriand, Génie, II, II, 2.

    Teinte vierge, se dit d'une couleur qui n'est point mélangée.

  • 2Degré de force que le peintre donne aux couleurs. Teinte forte. Teinte faible. La diminution, la dégradation des teintes. Le rayon, sans se détacher du corps du soleil, souffre diverses dégradations, ou, comme parlent les peintres, les teintes de la lumière ne sont pas également vives, Bossuet, 6e avert. I, 44. Teinte plate, teinte uniforme.

    Demi-teinte, ton de couleur moyenne entre la lumière et l'ombre. La tête des brunes s'embellit dans la demi-teinte, celle des blondes à la lumière, Diderot, Essai sur la peint. III. L'ombre du baldaquin les couvrait, et il se détachait en demi-teinte sur cette architecture grisâtre, Diderot, Salon de 1765, Œuv. t. XIII, p. 30. Dans l'ombre, comme disent les voyageurs ; dans la demi-teinte, comme disent les artistes, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 183.

    Fig. C'était un caractère singulier que le sien [Mme Geoffrin], et difficile à saisir et à peindre, parce qu'il était tout en demi-teintes et en nuances, Marmontel, Mém. VI.

    Terme de gravure. Demi-teinte, le passage des clairs aux ombres.

  • 3 Terme de peinture et dorure. Teinte dure, celle dont on fait usage pour les fonds.

    Couche de fond étendue sur un papier de tenture avant de l'imprimer.

  • 4Se dit en parlant des couleurs naturelles des objets. Presque tout son plumage est noirâtre avec une teinte obscure de bleu, mais sans aucun reflet, Buffon, Ois. t. VI, p. 54. Lorsque l'aurore venait joindre à leurs douces et éternelles clartés [des étoiles] ses teintes de rose, je me croyais aux portes du ciel, Bernardin de Saint-Pierre, Chaum. ind.

    Fig. Cet amour prit la teinte de son âme noire, Rousseau, Hél. VI, 3. Les pensées prennent a teinte des idiomes, Rousseau, Ém. II.

  • 5 Fig. Petite dose. Il y a dans cet écrit une teinte de malice. Il me semble que nous aurions tous besoin d'une teinte légère de stoïcisme, Diderot, Cl. et Nér. II, 86.

HISTORIQUE

XIIIe s. Tout maintenant que il [le caméléon] touche aucune chose, il pert sa color, et devient de autretel teinte, Latini, Trésor, p. 238.

ÉTYMOLOGIE

Teint 3 ; provenç. tencha.