« texte », définition dans le dictionnaire Littré

texte

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

texte

(tèk-st') s. m.
  • 1Les propres paroles d'un auteur, d'un livre, considérées par rapport aux commentaires, aux gloses, qu'on a faits dessus. L'étude des textes ne peut jamais être assez recommandée ; c'est le chemin le plus court, le plus sûr et le plus agréable pour tout genre d'érudition, La Bruyère, XIV. Il [Huet] avait lu vingt-quatre fois le texte hébreu [de la Bible], en le conférant avec les autres textes orientaux, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 400, dans POUGENS. Un texte précis de la loi, Montesquieu, Esp. XI, 6. Quand il [Malebranche] a voulu développer cette grande vérité, que tout est en Dieu, les lecteurs ont dit que le commentaire est plus obscur que le texte, Voltaire, Phil. Tout en Dieu.

    Fig. J'ai trop bien profité pour n'être pas instruit à quels discours malins le mariage expose ; Je sais que c'est un texte où chacun fait sa glose, Boileau, Sat. x. D'après l'athée, la nature est un livre où la vérité se trouve toujours dans la note, et jamais dans le texte, Chateaubriand, Génie, I, VI, 4.

    Restituer un texte, rétablir l'ordre, les mots, ou la ponctuation.

  • 2Dans la poésie espagnole, se dit de trois vers qui expliquent le sujet d'une certaine pièce de vers dont le reste s'appelle glose. Le texte se met en tête de la glose, et sert de refrain à chaque stance de celle-ci.
  • 3Passage de l'Écriture sainte, qui fait ordinairement le sujet du sermon, et par lequel le prédicateur commence. Je n'ai point parcouru les livres sacrés pour y trouver quelque texte que je pusse appliquer à cette princesse, Bossuet, Duch. d'Orl. Ce texte [vanité des vanités], qui convient à tous les états et à tous les événements de la vie, par une raison particulière devient propre à mon lamentable sujet, Bossuet, ib. Les textes viennent de ce que les pasteurs ne parlaient jamais autrefois au peuple de leur propre fonds ; ils ne faisaient qu'expliquer les paroles du texte de l'Écriture ; insensiblement, on a pris la coutume de ne plus suivre toutes les paroles de l'Évangile ; on n'en explique plus qu'un seul endroit, qu'on nomme le texte du sermon, Fénelon, Dialogue sur l'éloquence, III.

    Fig. Il prend mal son texte, il s'appuie sur une mauvaise raison.

  • 4 Fig. Sujet d'entretien, de discours. On eût dit que la nature étalait à nos yeux toute sa magnificence, pour en offrir le texte à nos entretiens, Rousseau, Ém. IV. Il [l'abbé de St-Pierre] voulait que les sujets de nos prix d'éloquence ne fussent plus, comme ils l'ont été durant près d'un siècle, des textes de sermons, mais qu'on les consacrât à l'éloge des hommes célèbres qui ont honoré la nation par leurs talents et par leurs vertus, D'Alembert, Élog L'abbé de St-P.

    Revenir à son texte, revenir au sujet de discussion, à ce qui fait l'objet principal dans ce dont il est question. Je reviens à mon texte : il faut que l'on jouisse, La Fontaine, Fabl. VIII, 27.

  • 5Se dit d'un livre d'Évangiles porté, aux grand'messes, par le diacre, qui le donne à baiser à l'officiant, avant que celui-ci baise l'autel.
  • 6 Terme d'imprimerie. Gros texte, caractère entre le gros romain et le saint-augustin.

    Petit texte, caractère entro la gaillarde et la mignonne.

    PROVERBE

    Glose d'Orléans, plus obscure que le texte (voy. GLOSE).

HISTORIQUE

XIIe s. À Roem fist mainte malice, N'i laissa tiexte [livre d'Évangile] ni galice, Du Cange, textus.

XIIIe s. N'encor ne fais-ge pas pechié, Se ge nome, sans metre gloses Par plain texte les nobles choses Que mes peres en paradis Fist de ses propres mains jadis, la Rose, 6990.

XIVe s. Avec ce je ne ose pas eslongier [éloigner] mon parler du texte de Aristote, qui est en plusieurs lieux obscur, Oresme, Prol. En plus grelle letre que n'est le tieuste, H. de Mondeville, f° 33. [Pierre Flotte] Qui dedans Paris commença à sermoner, ainçois tença ; Car son sermon tence sembl. Je ne sai où son tieste embla, Chron. de Geffroi de Paris, p. 34. Un autres livres ou tiextes tous couvers d'argent, Bibl. des ch. 4e série, t. v, p. 164.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. texte, test ; du lat. textus, tissu et texte, de texere, tisser.