« transférer », définition dans le dictionnaire Littré

transférer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

transférer

(tran-sfé-ré. La syllabe fé prend un accent grave quand suit une syllabe muette : je transfère ; excepté au futur et au conditionnel : je transférerai, je transférerais) v. a.
  • 1Faire passer d'un lieu à un autre. Transférer des reliques. Transférer un corps saint. Transférer un corps mort. Elle [Elisabeth] n'était point juge de la reine d'Écosse ; elle lui devait un asile, mais elle la fit transférer à Teutbury, qui fut pour elle une prison, Voltaire, Mœurs, 169. Vous savez qu'il y a actuellement quatre-vingt-trois jésuites à Rennes, pas davantage, et que ces marauds, comme vous croyez bien, ne s'endorment pas dans l'affaire de M. de la Chalotais ; il est transféré à Rennes, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 11 août 1766. Ce fut un beau jour pour Mme de Maintenon que celui où l'école de Noisy fut transférée à Saint-Cyr, Genlis, Mme de Maintenon, t. II, p. 144, dans POUGENS.
  • 2Faire passer d'une ville à une autre le siége d'une autorité, d'une juridiction. Transférer le siége d'un empire. On menace Rennes de transférer le parlement à Dinan ; ce serait la ruine entière de cette province, Sévigné, 223. Le saint-siége fut transféré d'Avignon à Rome, au bout de soixante-douze ans, Voltaire, Mœurs, 70.

    Il se dit aussi de la personne qu'on déplace de la sorte. Vingt ans après, il [Harlay] fut transféré à l'archevêché de Paris, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 350, dans POUGENS. De l'évêché de Lavaur, il [Fléchier] fut transféré à celui de Nîmes, D'Alembert, Élog. Fléch.

  • 3Transférer une fête, la remettre d'un jour à un autre.
  • 4 Fig. Céder, transporter une chose à quelqu'un, en observant les formalités requises. Il lui a transféré tous ses biens. Il [Jésus-Christ] a transféré le droit de sacrificateur à un autre ordre de prêtrise que celui d'Aaron, étant lui-même prêtre éternel selon l'ordre de Melchisedech, Fléchier, Sermons, Messe. Le royaume de France n'avait pas encore été transféré par une bulle ; Boniface enfin le mit dans le rang des autres États, et en fit un don à l'empereur Albert d'Autriche, Voltaire, Mœurs, 65. Les vœux de l'homme reconnaissant qui ne peut s'acquitter d'un bienfait, transfèrent sa dette aux dieux, Diderot, Cl. et Nér. II, 59.

    Molière a dit transférer quelqu'un dans des biens. Il m'ose menacer de mes propres bienfaits, Et veut… Me chasser de mes biens où je l'ai transféré, Molière, Tart. v, 3.

    Par extension, transférer un nom, le faire passer d'un être à un autre. Pour transférer un nom [d'un animal à un autre], il faut au moins que le genre soit le même ; et, pour l'appliquer juste, il faut encore que l'espèce soit identique, Buffon, Quadrup. t. VII, p. 17.

  • 5Se transférer, v. réfl. Être transféré. Le sceptre des arts se transfère d'une nation à une autre.

HISTORIQUE

XIVe s. Pluseurs y ot qui donnerent leur nons [noms] pour estre transferez à Crustumie, Bercheure, f° 10, verso.

XVIe s. Quand la prestrise a esté ainsi transferée, il y a eu translation d'alliance, Calvin, Instit. 343. Si quelqu'un avoit si parfaite foy que de pouvoir transferer les montagnes, Calvin, ib. 425. Scipion, transferant la guerre de l'Italie en Libye, Amyot, Fab. 50. Essaye toy en ta pensée de te transferer toy mesme et remettre à ce temps là, La Boétie, 337. Transferer la pensée des choses fascheuses aux plaisantes, Montaigne, III, 292.

ÉTYMOLOGIE

Lat. transferre, de trans, au delà, et ferre, porter.