« vassal », définition dans le dictionnaire Littré

vassal

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

vassal, ale

(va-sal, sa-l') s. m. et f.
  • 1Celui, celle qui relève d'un seigneur à cause d'un fief. L'obligation de tout vassal envers son seigneur fut de porter les armes et de juger ses pairs dans sa cour, Montesquieu, Esp. XXX, 17. Dans un capitulaire de Louis le Débonnaire, le roi distingue trois sortes de vassaux, ceux du roi, ceux des évêques, ceux du comte, Montesquieu, ib. Les coutumes féodales de France, par lesquelles un vassal était obligé de servir son seigneur en guerre contre le roi, Voltaire, Ann. Emp. Frédéric I, 1158. Les vassaux trop puissants ont toujours été les plus dangereux ennemis de la monarchie, Duclos, Œuv. t. v, p. 55. Le roi d'Angleterre, qui, quoique vassal, fut toujours en guerre avec son suzerain, Brial, Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. IV, p. 406. Parmi ces vassaux ou leudes, les plus dévoués, les plus utiles, comme on s'exprimait alors, étaient ceux qui habitaient près du roi, Aug. Thierry, Récits des temps mérov. II.

    Vassal direct, celui qui tenait immédiatement son fief du seigneur de la terre. II était opposé à arrière-vassal ou vavasseur.

    Grands vassaux, ceux qui relevaient du roi. Les grands vassaux, de concert avec les seigneurs qui tenaient d'eux, donnèrent, dans les assises de leurs duchés ou comtés, de certaines chartes ou établissements, selon les circonstances, Montesquieu, Esp. XXVIII, 45.

    Fig. L'abbaye gothique où se rassemblaient ces grands vassaux de la mort [les rois], ne manquait pas de gloire, Chateaubriand, Génie, IV, II, 9.

  • 2On étend quelquefois, mais par abus, le nom de vassaux à tous ceux qui tenaient les terres de quelques seigneurs ou qui habitaient sur leurs domaines. Des vassaux tremblants qui n'osent délivrer leurs moissons du sanglier qui les dévore, Voltaire, Lett. de Bastide, 1758 (sans autre date). Tes vassaux languissants qui pleuraient d'être nés, Voltaire, Épît. 83.
  • 3 Fig. Il se dit pour sujet, subordonné. … Sur tant de vassaux je n'ai d'autorité Qu'autant que votre zèle a de fidélité, Corneille, Suréna, III, 2. [Il] ne les associe à des emplois si hauts Que pour voir des Césars au rang de ses vassaux, Rotrou, St. Gen. I, 1.

    Fig. L'Amazone, ce fleuve si renommé par l'étendue de son cours, ce grand vassal de la mer, à laquelle il va porter le tribut qu'il a reçu de tant d'autres vassaux, Raynal, Hist. phil. IX, 11.

    PROVERBE

    Tandis que le vassal dort, le seigneur veille, et au contraire quand le seigneur dort, le vassal veille, c'est-à-dire pendant que le vassal néglige de rendre foi et hommage, le seigneur saisit le fief et fait les fruits siens, et au contraire, le vassal fait les fruits siens pendant que le seigneur néglige de faire saisir le fief.

HISTORIQUE

XIe s. Dient Françeis : icist reis est vassals, Ch. de Rol. CCXLI.

XIIe s. Dist Olivers : moult sunt Franc bon vassal, Ronc. p. 61. Moult fust vasaus qui n'i fust esbaïs, ib. p. 72. Vasaus doit estre qui de vasaus est nez, ib. p. 143. Et dist à Pinabel : je vous desfi, vasal, ib. p. 193. Barun e chevalier e sergant e vassal, Qui n'unt rien de nului fors fié anceisural, Se conbatent sovent pur lur seignur mortal, Th. le mart. 71. Li quens Ernaus fu chevalier gentis, Et por ces armes vasals et de grant pris, Raoul de C. 111.

XIIIe s. Quant la dame s'oït si ramposner [malmener en paroles], Vergogne en ot, si dit par felonie : Par Dieu, vassal, jel di pour vous gaber, Quesnes, Romancero, p. 108.

XVe s. Par l'une entre, par l'autre oreille sault [sort] Ce qu'on lui dit ; n'est que riote et ples ; Depportez vous d'enseigner tel vassaut ; Chantez à l'asne, il vous fera des pes, Deschamps, Poésïes anc. f° 23.

XVIe s. Adonc veissiez chevalier et vassaulx Gaigner pays, traverser montz et vaulz, Marot, J. V, 145. J'ay leu un vieil fragment de livre, que le comte devoit avoir soubs soy dix marquis, le marquis dix barons, le baron dix vassaux, Fauchet, Orig. des dignitez de France, t. I, p. 49, dans LACURNE. Les ambassadeurs du roy de Mexico… après luy avoir dit [à Cortez] qu'il avoit trente vassaux, desquels chascun pouvoit assembler cent mille combattants…, Montaigne, I, 229. Un seigneur de paille, feurre ou beurre, vainc et mange un vassal d'acier, Loisel, instit. IV, 3, 102.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. vassal, vassau ; catal. vassal ; espagn. vasallo ; ital. vassallo ; du bas-latin vassus, domestique du prince, dans la loi des Allemands. Vassus vient du celtique : bas-bret. gwaz, homme serviteur ; Cornouailles, was, garçon, serviteur ; kimry, gwas, jeune, serviteur ; irland. uais et wasal, noble, de haute naissance. Vassal a eu le sens de serviteur, de vassal, de brave, de vaillant ; il a été aussi une injure, quand on a voulu surtout indiquer l'infériorité. Les deux sens essentiels dérivent du celtique.