« élancer », définition dans le dictionnaire Littré

élancer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

élancer

(é-lan-sé. Le c prend une cédille devant a et o : élançant, élançons)
  • 1 V. a. Lancer avec force. L'espérance et le désir nous élancent vers l'avenir. L'Afrique où le soleil plus chaud Élance ses flammes d'en haut, Garn. Porcie, III.

    Peu usité à l'actif.

  • 2 V. n. Causer des élancements. Le doigt m'élance.
  • 3S'élancer, v. réfl. Prendre son élan vers. En le voyant, il s'élança dans ses bras. Le monstre, furieux de se voir entendu… Du roc s'élance en bas, et s'écrase lui-même, Corneille, Œdipe, I, 4. Vendôme, que soutient l'orgueil de sa naissance, Au même instant dans l'onde impatient s'élance, Boileau, Épît. IV. Contre moi sur mon banc je le vois qui s'élance, Boileau, Lutrin, IV. Quand son roi lui dit : pars, il s'élance avec joie, Racine, Esth. Prol. Entrer, voler vers nous, s'élancer sur Gusman, L'attaquer, le frapper n'est pour lui qu'un moment, Voltaire, Alz. V, 2. Il court, c'était Égisthe, il s'élance aux autels, Voltaire, Mérope, V, 6. Comment avancer, comment s'élancer à travers les vagues de cette mer de feu [l'embrasement de Moscou] ? Ségur, Hist. de Napol. VIII, 7.

    Fig. L'étude de la nature force notre âme à s'élancer vers l'auteur des choses, Rousseau, Prom. III. Je m'élance après toi dans la nuit du tombeau, Chénier M. J. Gracques, II, 1. Sur celui qui s'élance Hors du rang où le ciel a placé sa naissance, Delavigne, Paria, IV, 1.

  • 4Devenir élancé. La taille de cette jeune fille s'élance.

    Terme de forestiers. S'élancer se dit des arbres qui prennent une grande élévation sans grossir proportionnellement.

HISTORIQUE

XIIIe s. Ki s'umelie, moult s'eslance, Ph. Mouskes, ms. dans LACURNE.

XVIe s. …Et des croppes hautaines Les fiers torrents s'eslancent par les plaines, Du Bellay, J. IV, 11, recto. Et de son cœur la playe trop voisine En eslançant luy pince la poctrine, Du Bellay, J. IV, 26, recto. La crainte, le desir, l'esperance nous eslancent vers l'advenir, Montaigne, I, 12. Le soleil nous eslance si dru ses rayons que…, Montaigne, I, 271. Aprez s'estre asseuré des deux [chemins] et n'y avoir trouvé la trace de ce qu'il cherche, il [le chien] s'eslance dans le troisieme sans marchander, Montaigne, II, 172. Les aultres s'estudient à eslancer et guinder leur esprit ; moi, à le baisser et coucher, Montaigne, III, 279. Si je confere avecques un roide jousteur, ses imaginations eslancent les miennes, Montaigne, IV, 35. Non que ce soit pour ce qu'en s'eslanceant plusieurs ensemble, les chevaulx fendent mieulx l'air, Amyot, Pélop. 35. La mandragore assopit les sens, elle rend les hommes lasches, tristes et eslancés [sans élan], mornes et sans aucune force, Paré, XXIII, 44.

ÉTYMOLOGIE

É- pour es- préfixe, et lancer ; picard, elanché, élancé ; provenç. eslansar.