« énerver », définition dans le dictionnaire Littré

énerver

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

énerver

(é-nèr-vé) v. a.
  • 1Faire subir le supplice de l'énervation.
  • 2 Terme de vétérinaire. Couper le tendon des muscles releveurs de la lèvre supérieure pour donner plus de finesse au nez.
  • 3Ôter le nerf, la force physique ou morale. Il y a des pays où la chaleur énerve le corps et affaiblit si fort le courage que les hommes ne sont portés à un devoir pénible que par la crainte du châtiment, Montesquieu, Esp. XV, 7. La cour et l'esclavage Amollissaient leurs cœurs, énervaient leur courage, Voltaire, Brut. I, 3. Ta secte obscure et basse avilit les mortels, Énerve le courage et rend l'homme stupide, Voltaire, Fanat. II, 5.

    Absolument. Les voluptés énervent. Une excessive chaleur énerve et accable.

  • 4 Fig. Énerver le langage, le style. On énerve la religion quand on la change, et on lui ôte un certain poids qui seul est capable de tenir les peuples, Bossuet, Reine d'Anglet. Il énerve l'autorité du conseil, Bossuet, Hist. II, 5. C'est nous qui, par nos artifices, trouvons le moyen d'énerver leur zèle et de corrompre même leur fidélité, Bourdaloue, Jugem. dern. 2e avent, p. 340, dans POUGENS. Il représenta au tyran de Sparte que les Romains avaient entièrement énervé son pouvoir en lui ôtant les villes maritimes, puisque c'était de là qu'il tirait ses galères, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. VIII, p. 330, dans POUGENS. Cette subtilité exaltée et fugitive, souvent plus propre à énerver le goût qu'à le raffiner, D'Alembert, Éloges, d'Olivet. Le plus terrible des abus, qui est d'énerver toutes les lois à force de les multiplier, Rousseau, Gouvern. de Pologne, ch. 7.
  • 5S'énerver, v. réfl. Être énervé. Le courage s'énerve au milieu des voluptés. L'empire s'énerve par le relâchement de la discipline, Bossuet, Hist. III, 7. Controverses assidues qui ne laissaient pas s'énerver la vigueur de la pensée, Villemain, Dict. de l'Acad. Préface.

HISTORIQUE

XIIIe s. Leur science en partie ton grant pooir enerve, Leur povreté est dame, et ta richece est serve, J. de Meung, Test. 677.

XVIe s. La confession genereuse et libre enerve le reproche et desarme l'injure, Montaigne, IV, 114. Eschauffer et alterer une ame refroidie et enervée par l'aage, Montaigne, III, 380. L'empereur s'est saezy des villes imperialles de Cambray, Utrecht et du Liege qu'il a enervées de l'empire, les ayant unies et incorporées à sa comté de Flandres, Carloix, IV, 8. Il n'avoit pas voulu lui accorder environ dix mille livres de rente à prandre et enerver sur le plus beau et clair domaine de l'abbaye de St-Denis, pour joindre et incorporer à sa ville de Beaumont-sur-Oise, Carloix, IX, 32. Enervez de delices, Amyot, Caton, 10.

ÉTYMOLOGIE

Latin enervare, de e, sans, et nervus, nerf ; génev. s'énierler, s'eniarler, se fatiguer à l'excès.