« éducation », définition dans le dictionnaire Littré

éducation

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

éducation

(é-du-ka-sion ; en vers, de cinq syllabes) s. f.
  • 1Action d'élever, de former un enfant, un jeune homme ; ensemble des habiletés intellectuelles ou manuelles qui s'acquièrent, et ensemble des qualités morales qui se développent. C'est ainsi qu'on l'accoutumait dans son enfance à craindre Dieu et à l'aimer ; et l'on peut dire d'elle ce que l'Écriture a dit d'une autre reine, qu'elle ne changea pas son éducation, Fléchier, Marie-Thér. Ni la bonne éducation ne fait les grands caractères, ni la mauvaise ne les détruit, Fontenelle, Czar Pierre. L'éducation qu'il faisait donner aux enfants, Fénelon, Tél. v. Jeunes hommes qui n'avaient eu aucune éducation, Fénelon, ib. XVI. Rien n'est plus négligé que l'éducation des filles ; la coutume et le caprice des mères y décident souvent de tout ; on suppose qu'on doit donner à ce sexe peu d'instruction ; l'éducation des garçons passe pour une des principales affaires par rapport au bien public, et, quoiqu'on n'y fasse guère moins de fautes que dans celle des filles, du moins on est persuadé qu'il faut beaucoup de lumières pour y réussir, Fénelon, Éduc. des filles, 1. L'éducation est une maîtresse douce et insinuante, ennemie de la violence et de la contrainte, qui aime à n'agir que par voie de persuasion, qui s'applique à faire goûter ses instructions en parlant toujours raison et vérité, Rollin, Traité des Ét. liv. VI, art. 4. Mme de Maintenon avait un goût et un talent particulier pour l'éducation de la jeunesse, Mme de Caylus, Souvenirs, p. 194, dans POUGENS. Dans cette cour indigente et vagabonde, la nécessité, qui fait mille biens malgré qu'on en ait, leur tenait lieu d'éducation, et l'on ne voyait que de l'émulation parmi eux sur la gloire, sur la politesse et sur la vertu, Hamilton, Gramm. 6. L'éducation perfectionne l'instinct comme elle perfectionne la raison, Bonnet, Causes prem. 5e partie, ch. 6. Leur donner la vie [à des fils], est un présent cruel, Sans l'éducation, sans ce bien plus réel, Chénier M. J. Gracq. I, 5. Quand on a reçu une mauvaise éducation, on garde, en grandissant et même en vieillissant, tous les défauts de l'enfance, Genlis, Veillées du château, t. I, p. 21, dans POUGENS. Je ne confondrai plus les éducations qui ne sont que brillantes avec les bonnes éducations, c'est-à-dire avec celles qui rendent bon et vertueux, Genlis, ib. p. 442.

    Par extension. Donner de l'éducation à son esprit, Marivaux, dans DESFONTAINES.

    Maison d'éducation, maison où l'on prend des enfants pour les instruire.

    Éducation professionnelle, éducation qui a pour but d'enseigner un art, un métier, une profession.

    Première éducation, soins et enseignements qui se donnent dans la première enfance. [Louis XIV] Recommandant votre enfance [du jeune roi Louis XV] à la tendre et respectable dépositaire [Mme de Ventadour] de votre première éducation, laquelle, en formant vos premières inclinations et, pour ainsi dire, vos premières paroles, fut sur le point de recueillir vos derniers soupirs, Massillon, Pet. car. Ex. des grands. La première éducation est celle qui importe le plus, et cette première éducation appartient incontestablement aux femmes… parlez donc toujours aux femmes, par préférence, dans vos traités d'éducation, Rousseau, Ém. I, Note au commencement.

  • 2En parlant des animaux domestiques, l'ensemble des moyens auxquels on a recours pour les rendre de bonne heure dociles à la volonté de l'homme et pour développer en eux les facultés de l'instinct et celles du corps, de manière qu'ils soient le plus utiles qu'il est possible.

    Soin que l'on prend pour produire et entretenir certains animaux, certaines plantes. L'éducation des abeilles, des vers à soie. L'éducation de cette plante est difficile. Les indigènes [de Madagascar], qui font de deux à quatre éducations par année, surveillent l'accouplement des papillons, la ponte et l'éclosion des jeunes chenilles [vers à soie] qu'aussitôt la naissance ils transportent…, Blanchard, Acad. des sc. Comptes rendus t. LVI, p. 621.

  • 3La connaissance et la pratique des usages du monde. Ce jeune homme est sans éducation. Elle paraît avoir de l'éducation, Dancourt, Mme Artus, III, 7.

REMARQUE

Éducation est un mot récent ; autrefois on disait nourriture.

SYNONYME

ÉDUCATION, INSTRUCTION. L'instruction est relative à l'esprit et s'entend des connaissances que l'on acquiert et par lesquelles on devient habile et savant. L'éducation est relative à la fois au cœur et à l'esprit, et s'entend et des connaissances que l'on fait acquérir et des directions morales que l'on donne aux sentiments.

ÉTYMOLOGIE

Lat. educationem, de educare, éduquer.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ÉDUCATION. - SYN. ÉDUCATION, INSTRUCTION., Ajoutez : M. H. Martin rappelle que la substitution du terme « d'instruction publique » à celui « d'éducation nationale » est toute récente. Le second était seul employé en 89, et on le trouve dans tous les cahiers des États généraux. … M. Vacherot voudrait qu'on s'attachât à considérer l'instruction dans son vrai sens, en ne la séparant point de l'éducation ; car elle n'est, en réalité, autre chose que l'éducation de l'esprit, Arth. Mangin, Journ. offic. 24 fév. 1872, p. 1330, 3e col. Mais il faut remarquer que l'instruction s'enseigne, et que l'éducation s'apprend par un autre mode d'action du maître, quel qu'il soit.