« adonner », définition dans le dictionnaire Littré

adonner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

adonner (s')

(a-do-né) v. réfl.
  • 1Se livrer, s'appliquer à quelque chose avec ardeur, habituellement. S'adonner à l'étude, aux plaisirs. S'adonner à boire. Il s'adonnera aux exercices de la religion sans en négliger aucun, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 97. Les exercices auxquels ils s'adonnent, Fénelon, Tél. X. La jeunesse ne s'adonne plus aux lettres, Fénelon, ib. XI.
  • 2Fréquenter habituellement. S'adonner à une société, à un lieu.
  • 3Ce chien s'est adonné à moi ; m'ayant rencontré par hasard, il s'est attaché à moi.
  • 4Se diriger, en parlant d'un chemin, d'une chasse, etc. Le seigneur de Thouars mandait à celui d'Oiron, qu'il chasserait un tel jour dans son voisinage, et qu'il eût à abattre une certaine quantité de murs de son parc, pour ne point trouver d'obstacles, au cas que la chasse s'adonnât à y entrer, Saint-Simon, 75, 223. Est-ce jamais par là que son chemin s'adonne ? La Chaussée, Préjugé à la mode, I, 6.
  • 5Adonner, v. n. Terme de marine. Devenir plus favorable, en parlant du vent qui était contraire.

REMARQUE

Quoique l'Académie n'indique que le verbe réfléchi s'adonner, il semble qu'on pourrait très bien dire, comme dans le XVIe siècle, adonner son cœur, son esprit, etc., à une chose.

SYNONYME

SE DONNER à, S'ADONNER à. Se mettre à un certain genre de travail. Se donner à l'étude, c'est s'y livrer sans réserve ; s'adonner à l'étude, c'est simplement s'y appliquer. Il y a donc une nuance entre ces deux expressions ; et la première est plus forte que l'autre.

HISTORIQUE

XVe s. Le jeune Edouard, qui fut depuis roi d'Angleterre, s'adonnoit plus et s'inclinoit de regard et d'amour sur Philippe [fille du comte Guillaume] que sur les autres, Froissart, I, I, 15. Adonné à tous les plaisirs, Commines, V, 18.

XVIe s. Mais Dieu ce bien ne m'a donné Que vostre chemin adonné Se soit icy…, Marot, II, 110. Fut l'humain genre asprement estonné, Et tout le monde à l'horreur adonné [en proie], Marot, IV, 22. Sçavoir voulut toutes sciences bonnes, Et qui est celle à quoy tu ne t'adonnes, Marot, IV, 199. Encore que mon feu pere eust adonné tout son estude à ce que je prouffictasse…, Rabelais, Pant. II, 8. Quant à la congnoissance des faictz de nature, je veulx que tu te y adonnes curieusement, Rabelais, Pant. II, 8. A raison de quoy il le fault tousjours addoner [l'entendement] à ce qui est le meilleur, Amyot, Péricl. I. Ils s'addonnent aux exercices que plus vous honorez, Amyot, Cat. 15. L'estude de la philosophie à laquelle il s'adonna, Amyot, Pélop. 4. On peut affermer, quand ils s'adonnent à bien, qu'ils sont excellents, Lanoue, 85. Pour sauver quelques maisons de gentils hommes et Gergeau, si le besoin s'y adonnoit, D'Aubigné, Hist. II, 191. Afin aussi d'adonner nos cœurs à l'amour d'icelle [justice] et à une haine d'iniquité…, Calvin, Inst. 273. Qu'on suive hardiment l'esprit, lequel ne demandera rien de mal, moyennant qu'on s'adonne à sa conduite, Calvin, ib. 470. Il ne laissoit pas de prier au milieu de la multitude, si l'opportunité s'y adonnoit, Calvin, ib. 709. Pour s'adonner du tout à la devotion, Montaigne, I, 113. J'ay veu nos princes s'y adonner depuis en personne [à l'exercice louable de la comédie], Montaigne, I, 198. Son chemin s'adonnant au travers d'une eglise, il ne passoit jamais qu'il…, Montaigne, I, 403. Si quelque serviteur s'y adonne [s'attache à lui]…, Montaigne, II, 79.

ÉTYMOLOGIE

À et donner ; provenç. et espagn. adonar ; ital. adonare.