« ancêtres », définition dans le dictionnaire Littré

ancêtres

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ancêtres

(an-sê-tr') s. m. plur.
  • 1Dans le style noble, les ascendants qui ont précédé le grand-père. Homme qui compte une longue suite d'ancêtres. Un grand seigneur est un homme qui voit le roi, qui parle aux ministres, qui a des ancêtres, des dettes et des pensions, Montesquieu, Lettr. pers. 88. Attale, était-ce ainsi que régnaient tes ancêtres ? Corneille, Nicom. IV, 6.
  • 2Les hommes qui ont vécu avant nous, sans être de notre famille. Suivant la coutume de nos ancêtres. Quitte un vain préjugé, l'ouvrage de nos prêtres, Qu'à nos peuples grossiers ont transmis nos ancêtres, Voltaire, Alz. I, 4.
  • 3 S. m. et f. Qu'importe qui puisse être Ni leur père, ni leur ancêtre ? Malherbe, VI, 8. Le Père, ancêtre majestueux des temps, serait-il donc une peinture inférieure à celles de la mythologie ? Chateaubriand, Génie. I, 3. Dieu créa une lumière qui, passant d'élu en élu, d'ancêtre en ancêtre de Mahomet, parvint enfin jusqu'à lui, Montesquieu, Lettres pers. 39. C'était justement un duc de Parme, ancêtre du duc régnant, Voltaire, dans LEGOARANT. Un ancêtre important de ce prince, le grand Henri IV, Voltaire, ib. Des corps constitués ont dit en parlant à Victoria, reine d'Angleterre, de la reine Élisabeth : La glorieuse ancêtre de Votre Majesté.

REMARQUE

Ce mot, dit Th. Corneille, n'a pas de singulier ; il ne faut pas dire : Un tel est mon ancêtre, mais un tel est un de mes ancêtres. Ménage, Trévoux, Féraud approuvent cette décision, et, dans les exemples donnés par l'Académie, ce mot n'est employé qu'au pluriel. Néanmoins, avec Malherbe, Voltaire, Montesquieu et Chateaubriand, on peut employer ancêtre au singulier.

SYNONYME

ANCÊTRES, AÏEUX, PÈRES. Ces expressions ne sont synonymes que quand on les applique aux hommes qui ont vécu avant nous, sans y attacher l'idée de liens de famille. Voici la gradation : nos pères sont les plus voisins de nous : nous y touchons ; nos aïeux sont plus éloignés : ils touchent à nos grands-pères ; enfin les ancêtres sont les plus éloignés de tous.

HISTORIQUE

XIe s. Granz [il] est et forz, trait à ces anceisurs, Ch. de Rol. CCXXVIII.

XIIe s. Prenez Sissons la grant cité de pris ; Moie doit estre, nos ancestres la tint, Garin le loherain, t. I, p. 143. Ce tesmoignent li ancissour, Audefroi le Bastard, Romanc. p. 10. Qui de l'histoire aux Saisnes veut ouïr par raison, Des ancessors ariere doit mouvoir la chanson, Sax. III. Ço que à saint iglise unt si ancesur duné, En parmenable almosne li unt tut graanté, Th. le Mart. 45. Si l'esracera de ceste bone terre qui à lur ancestres dunad, Rois, 293. Por remembrer des ancessours Li fez e li diz e li mours, Deit l'en li livres e li gestes E li estoires lire as festes, Wace, Rou, 60.

XIIIe s. Pour ce que si ancestre l'eurent tenu ainçois [auparavant], Berte, LXI. Se il n'achate l'iaue de Guerin Dubois à cui ancisseur li rois Phelippe le dona en eritage, Liv. des mét. 261. Il avoit eu la garde de Saint Remi de Rains de lonc tans, il et si ancissour, et les menoient trop malement, Chr. de Rains, 238. Pour accueillir moi et mes ancesseurs en leurs prieres, Du Cange, accolligere. Ainçois l'en doit on bon gré savoir quant il esclarchissent les cozes que lor anchisseur tinrent orbement, Beaumanoir, XXIV, 5.

XIVe s. Nous Jehans contes de Joigny considerans les courtoisies que li dit habitant et leur ancesseur ont fait ou tamps passé, Du Cange, ancessor.

XVe s. Vos ancesseurs [il] a servi largement Et tout son temps employé jusques cy, Deschamps, Supplicat. au roi. Et dit ainsi que la guerre a trop duré entre lui et ses ancesseurs au royaume de France et que trop de vaillants hommes en sont morts, Froissart, III, IV, 41.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. ancessor ; espagn. antecesor ; ital. antecessore ; de ante, avant (voy. AINS), et cedere, marcher (voy. CÉDER). Le vieux français a ancestre et ancessor : ancestre répond au nominatif antecéssor, avec l'accent sur ces ; ancessor répond au régime antecessórem, avec l'accent sur so. On trouve des exemples où l'emploi de ces deux formes est régulier, la première pour le sujet, la seconde pour le régime ; mais, de bonne heure, elles furent confondues, comme prestre et provoire. C'est pour cela que dans le français moderne, la forme sujet ancêtre a prévalu contre l'habitude qui a fait généralement prévaloir la forme régime. L'ancien français avait le substantif féminin ancesserie, qui désignait l'ensemble des ancêtres ; il est dommage que ce mot ait péri.