« bleu », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
bleu, bleue
- 1Qui est de la couleur du ciel sans nuage. Des rubans bleus. Une robe bleue. Des yeux bleus.
Une personne à la mode ressemble à une fleur bleue [bluet]
, La Bruyère, 13.Trois fioles d'eau bleue, autrement d'eau seconde
, Régnier, Sat. X.De quel éclat brillaient dans la bataille Ces habits bleus par la victoire usés !
Béranger, Le vieux sergent.La nature, la mer, le ciel bleu, les étoiles, Tous ces vents pour qui l'âme a toujours quelques voiles…
, Hugo, Crépuscule, 13.Cordon bleu, large ruban que portaient les chevaliers du St-Esprit, ordre fondé par Henri III. Un cordon bleu, un chevalier de l'ordre du Saint-Esprit.
Familièrement, et par une plaisanterie qui porte sur l'éminence du grade de cordon bleu et sur l'ancien tablier bleu des servantes, une très bonne cuisinière. Nous avons pris un cordon bleu.
Bas bleu, femme de lettres, avec une nuance de ridicule (voy. BAS).
Bibliothèque bleue, ensemble de petits livres, qui ont une couverture bleue et qui contiennent des romans de chevalerie, par exemple les Quatre Fils Aymon, avec une version ancienne et naïve, et aussi des contes de fées, comme le Petit Poucet, Cendrillon.
Conte bleu, récit fabuleux, incroyable, discours en l'air.
De vers, de contes bleus, de frivoles sornettes
, Boileau, Sat. XI.Voilà les contes bleus qu'il vous faut pour vous plaire
, Molière, Tart. I, 1.Parti bleu, parti de gens de guerre, sans commission et sans aveu, qui font des courses pour piller amis et ennemis. Locution vieillie.
Filles bleues, filles de l'Annonciade.
Terme d'ancienne marine. Officier bleu, celui qu'un capitaine de vaisseau créait sur son bord.
Terme de médecine. Maladie bleue (voy. CYANOSE).
- 2Livide, en parlant de la teinte que prend la peau à la suite d'une forte contusion. Il a l'œil tout bleu.
- 3Bleu, s. m. La couleur bleue. Bleu de roi. Bleu turquin. Bleu de Prusse. Elle a les yeux d'un beau bleu.
La pluie a versé ses ondées ; Le ciel reprend son bleu changeant
, Hugo, Odes, V, 24.Bleu clair, bleu foncé, locution invariable. Une robe bleu clair. Des draps bleu foncé.
Un bleu, une marque livide à la peau, suite de contusion. Il lui fit des bleus en le pinçant fortement.
Terme de blanchisseur. Passer du linge au bleu, tremper du linge blanchi dans une eau imprégnée de bleu.
Terme de cuisine. Mettre une carpe, un brochet au bleu, les faire cuire au court-bouillon, où il entre du vin, ce qui leur donne une couleur bleuâtre.
- 4Un bleu, les bleus, nom donné, dans les guerres de la Vendée, aux soldats républicains à cause de leur uniforme bleu ; et, par extension, partisan de la Révolution.
Messire Jean Chouart n'a pas peur, tout prêt à faire feu sur les bleus, au premier signe de son évêque
, Courier, I, 192.Dans l'histoire ancienne, faction des bleus ou des Vénètes, l'une des principales factions du cirque à Rome ou à Constantinople.
Les bleus et les rouges, nom qu'on donnait aux différents corps de la maison du roi.
- 5Différentes sortes de substances qui donnent une coloration bleue. Bleu anglais, nom donné à la matière obtenue en précipitant par la potasse, l'indigo du bleu en liqueur.
Bleu d'azur, verre coloré en bleu par l'oxyde de cobalt ; réduit en poudre très fine, il s'emploie, dans les manufactures de porcelaine ou de faïence, sous les noms d'azur d'émail ou bleu d'émail.
Bleu d'azur, un des noms sous lesquels on désigne l'outre-mer (lapis lazuli ou lazulite) en poudre fine.
Bleu de cobalt, résultat de la calcination d'un mélange de phosphate de cobalt et d'alumine, dit aussi bleu de Thénard.
Bleu en liqueur, solution d'une partie d'indigo dans huit parties d'acide sulfurique ; les repasseuses s'en servaient pour passer le linge au bleu.
Bleu de nerprun, matière colorante d'un bleu violet qui se trouve dans les baies du nerprun.
Bleu de Prusse ou de Berlin, nom donné au cyanure de fer avant qu'on en connût la composition, tant à cause de sa couleur que parce qu'il fut découvert à Berlin.
Bleu de montagne, carbonate de cuivre naturel.
- 6Nom d'un poisson du genre des chiens de mer.
HISTORIQUE
XIe s. Sur un perron de marbre bloi se couche
, Ch. de Rol. II. Et Gonfanons blancs et blois et vermeilz
, ib. LXXVII. Au cors [il] lui met toute l'enseigne bloie
, ib. CXXI.
XIIe s. D'or et d'azur, d'inde et de blef I out mainte bele ovre painte
, Benoit de Sainte-Maure, Chron. de Norm. 26077.
XIIIe s. Si angoisseusement que la char en fut bloe
, Berte, XXXIII. Li trés [la tente] au duc estoit d'un paile grant et haus ; Là ot maint paveillons inde, vermeil et blaus
, Ch. d'Ant. IV, 90.
XVe s. Le temps n'estoit mie nueux ; De bleu estoient vestuz les cieux, Et le beau soleil cler luisoit
, Chartier, Le livre des quatre dames. Pour la suspecion qu'il avoit de la deloyauté d'elle, il craignoit très fort estre du rang des bleus-vestus qu'on appelle communement noz amis [maris trompés]
, Louis XI, Nouv. LXXIII.
XVIe s. Et lui devint la couleur bleme, et les levres bleues, et les extremités froides
, Marguerite de Navarre, Nouv. LXX. Un bleu turquoise, bleud mourant, bleud de la febve
, D'Aubigné, Faen. I, 2.
ÉTYMOLOGIE
Wallon, bleûf, bleus ; au féminin, bleuse, bleusse ; bourguig. bleuve, au féminin ; Berry, blu ; picard, bleusse, au féminin ; provenç. blau ; ancien espagn. blavo ; patois ital. biavo ; de l'ancien haut-allem. blâo, blaw ; angl. blue.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
BLEU.Les prix probables [des soies de Chine], pour le bleu éléphant, Journ. offic. 31 mai 1875, p. 3869, 3e col.