« buffet », définition dans le dictionnaire Littré

buffet

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

buffet

(bu-fè ; le t ne se lie pas dans le parler ordinaire ; au pluriel l's se lie : des bu-fè-z élégants ; buffets rime avec traits, jamais, paix, succès) s. m.
  • 1Armoire pour le linge de table, la vaisselle, l'argenterie.

    Toute la menuiserie où sont renfermées les orgues.

    Buffet d'orgues, petit orgue tout entier, c'est-à-dire le buffet et les tuyaux.

  • 2Table où l'on range la vaisselle et ce qui doit servir pour le repas. Horace buvait d'un certain vin du consulat de Tullus ; son buffet était couvert d'argenterie, Chateaubriand, Italie, 85.

    Assortiment de vaisselle.

    Le buffet, les officiers, les valets qui servent au buffet. Je suis las d'être bien battu et mal nourri… je suis las enfin d'avoir de la condescendance pour vos débauches et de m'enivrer au buffet pendant que vous vous enivrez à la table, Regnard, Attendez-moi sous l'orme, 1.

    Vins du buffet, vins d'une qualité supérieure à ceux qu'on sert d'ordinaire sur la table.

  • 3Table où sont dressés des mets, des glaces, des pâtisseries. À ce bal il y avait un très beau buffet.

    Lieu où un repas tout dressé attend les voyageurs. Sur la ligne de ce chemin de fer, les buffets sont bien servis.

    Fig. Danser devant le buffet, se dit d'un prodigue à qui il ne reste plus rien.

  • 4Pyramide d'eau qui, placée contre un mur, ou dans le fond d'une niche, est garnie de coupes ou bassins pour faire des nappes.
  • 5 Terme militaire. La partie du casque qui couvre les joues.

HISTORIQUE

XIIIe s. Li carette de œuvre tournée, de buffet [soufflet], de caieres [chaises] doit un denier, Tailliar, Recueil, p. 471.

XIVe s. Seront au buffet de la halle [greffe, bureau] deux clers, lesquelz soigneront des registres faire, Du Cange, buffetus. Brioul couru sus au dit Tassart, l'espée nue mauvaisement et en traïson sur le seuil ou buffet de son huis où il estoit paisiblement, Du Cange, ib. Et encore valt uns buffès cinq sols u six à mettre en le [la] maison d'un borgois, De Laborde, Émaux, p. 178.

XVe s. Et pourtant, lorsque je m'approche Du lieu où repaistre je veux, Je vai regardant curieux Plustost au buffet qu'à la broche, Basselin, III. Ce n'est pas viande à porchiers Et tinctes en vin de buffet [vin où le cabaretier a mis de l'eau] ; Pour manger de ces morceaulx chiers, On feroit bien un mauvais faict, Villon, G. Test. Legs à Jean Riou. La chambre estoit belle à bon escient, bien mise à point, et estoit le beau buffet garni d'espices, de confitures et de bon vin de plusieurs façons, De Laborde, Émaux, p. 178. Au milieu de la salle avoit ung buffet qui fut donné au roy, où y avoit linge non pareil de degré en degré, et y estoyent les richesses d'or et d'argent, qui appartiennent au buffet du roy, De Laborde, ib.

ÉTYMOLOGIE

Espagn. bufete ; ital. buffetto. Buffet signifiait dans l'ancien français un coup sur la joue, et aussi l'ustensile à souffler le feu, et venait d'un radical signifiant enfler les joues, et qui se trouve dans bouffer (voy. ce mot). Il est difficile de passer de là à l'acception qui nous occupe. Pourtant, en modifiant un peu l'opinion de Ménage, qui y voit le même mot, on peut croire que l'ustensile dit buffet a servi, par une assimilation quelconque, à signifier un bureau, un comptoir. Dans le sens de partie de casque couvrant la joue, il tient à buffe, buffet, bouffer, mots qui se rapportent en effet à la joue.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BUFFET. - HIST. Ajoutez : XIIe s. Deus vassialx ont appareilliez D'esmeraldes bien entailliez, Toz pleins de basme et d'aloès ; Sor un bufet de gargatès Les ont assis en tel endreit, Que ses deus piez [du corps d'Hector] dedanz teneit, Benoit de Sainte-Maure, Roman de Troie, V. 16723.