« combat », définition dans le dictionnaire Littré

combat

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

combat

(kon-ba ; le t se lie ; au pluriel l's se lie : des combats opiniâtres, dites : des kon-ba-z opiniâtres ; combats rime avec appas, mâts, etc.) s. m.
  • 1Action dans laquelle on attaque et l'on se défend. Un ange contre qui il eut un combat, Bossuet, Hist. I, 3. Je dois aux yeux d'Alcmène un portrait militaire Du grand combat qui met nos ennemis à bas, Molière, Amph. I, 1. Si son esprit est haut, il le veut faire bas ; S'il est propre à l'étude, il parle des combats, Théophile, Sat. I. Qu'il lui suffise que l'Espagne, Réduite par tant de combats à ne l'oser voir en campagne, A mis l'ire et les armes bas, Malherbe, III, 1.

    Combat naval, combat sur mer.

    Combat singulier, duel.

    Combat judiciaire, dans le moyen âge, combat, autorisé par le juge, de deux champions ; le vaincu perdait sa cause.

    Terme de l'ancienne chevalerie. Combat à outrance, celui qui se faisait avec l'épée tranchante, à fer émoulu. Combat à plaisance, tournoi que l'on faisait pour divertir les dames et qui était suivi de danses.

    Être hors de combat, être par ses blessures hors d'état de combattre.

    Mettre hors de combat, blesser ou désarmer son adversaire, de manière qu'il ne puisse plus combattre. Et fig. L'affaire du syndic m'avait mise hors de combat, Sévigné, 192. Vous étiez hors de combat, Sévigné, 611.

    En parlant des animaux. Combat de taureaux, de coqs.

  • 2Au pluriel et dans le style soutenu, la guerre. Je chante les combats, Boileau, Art p. III. Le Dieu que nous servons est le Dieu des combats, Racine, Esth. I, 5. Nos défenseurs se pressaient sur vos pas ; Les fleurs pleuvaient, et des vierges pudiques Mêlaient leurs chants à l'hymne des combats, Béranger, Déesse.
  • 3On donne ce nom à certains exercices, à certains jeux dans lesquels deux ou plusieurs champions disputent un prix. Le combat du ceste. Les combats du cirque.

    Fig. Combat littéraire, dispute d'un prix littéraire, ou lutte des écrivains qui se disputent la faveur publique. Dans les combats d'esprit fameux maître d'escrime, Enseigne-moi, Molière, où tu trouves la rime, Boileau, Sat. II.

  • 4 Par extension, lutte de forces contraires, physiques ou morales. Le combat des éléments. La fortune en tous lieux à l'homme est dangereuse ; Quelque chemin qu'il tienne, il trouve des combats, Malherbe, V, 2. Cette vie est un combat perpétuel, et la philosophie est le seul emplâtre qu'on puisse mettre sur les blessures qu'on reçoit de tous côtés, Voltaire, Lettr. Mme du Deffant, 3 oct. 1764. … Sans rendre combat, tu veux qu'on te surmonte, Corneille, Cid, V, 3. Je n'avais contre Attale aucun combat à rendre, Corneille, Nicom. III, 4. Ce cœur si généreux rend si peu de combat, Corneille, Cinna, IV, 5. Les combats qu'il a fallu rendre, Bossuet, Anne. Quels assauts, quels combats j'ai tantôt soutenus ! Racine, Mithr. II, 1. Je n'ai pu soutenir tes larmes, tes combats, Racine, Phèd. I, 3. Où sont-ils ces combats que vous avez rendus ? Racine, Iphig. IV, 4. Sa douleur a si peu de combats [il se livre si facilement à sa douleur], Malherbe, I, 4. Ô rigoureux combat d'un cœur irrésolu ! Corneille, Cinna, IV, 2. Mais en ce dur combat de colère et de flamme Il déchire mon cœur sans partager mon âme, Corneille, Cid, III, 3. Votre amour en tous deux fait ce combat d'esprits, Corneille, Cinna, II, 1. Que je sens de rudes combats, Corneille, Cid, I, 9. Je n'ai plus de combat à faire contre moi, Corneille, D. Sanche, V, 1. Ce qu'on ne dit point qu'après de longs combats, Molière, Mis. IV, 3. La vie chrétienne est toujours une vie de combat, Massillon, Panég. mart. Quand le sort à ta mince étoffe Livrerait de nouveaux combats, Béranger, Habit. Napoléon ne se décide encore ni à rester ni à partir ; vaincu dans ce combat d'opiniâtreté, il remet de jour en jour à avouer sa défaite, Ségur, Hist. de Nap. VIII, II.
  • 5Louable émulation. Ce fut entre eux un combat de générosité. Qui de civilités avec tous font combat, Molière, Mis. I, 1.
  • 6 Terme de féodalité. Combat de fief, contestation entre deux seigneurs qui réclamaient la mouvance d'un même fief.

REMARQUE

L'Académie dit : donner un combat ; des grammairiens ont condamné cette expression, mais sans fondement.

HISTORIQUE

XVIe s. Assister au combat de taureaux, Montaigne, I, 92. La douceur d'iceux vents et leur plaisant combat, Rabelais, Pant. V, 18. Qu'il ne laisse de venir à ma court, l'asseurant, s'il demande la jouste, qu'elle ne luy sera refusée ; si le combat, encores moins, D. Flores de Grece, f° CL, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Voy. COMBATTRE.